Des familles de la banlieue au bord du gouffre: les quartiers de Yeumbeul et Keur Massar en salle d’urgence

29 - Avril - 2020

La pandémie du Coronavirus aura servi de révélateur en ce sens qu’elle a confirmé le niveau de vie très misérable de la plupart de nos compatriotes. Pour ne parler que de la banlieue de Dakar et aussi de Pikine, mais aussi à l’intérieur même de ces deux villes, des milliers de familles végètent dans la pauvreté crasse. C’est ainsi que dans la commune de Keur Massar, qui compte 133 quartiers, plus de 8645 ménages sont "sous perfusion" en attendant l’aide alimentaire de l’Etat qui n’était pas au rendez-vous au premier jour du Ramadan samedi dernier.
« À l’unité 12 de Keur massar, nous avons ciblé 65 ménages vulnérables. Il faut signaler que le choix n’était pas facile. Parce qu’ici, tout le monde est dans le besoin. Les belles maisons ne font que cacher le niveau de pauvreté », explique Fatou Bintou Ndiaye, la fille d’un défunt chef du quartier.

A l’en croire, les gens ne cessent de venir s’enquérir de la disponibilité de l’aide alimentaire promise par le gouvernement. Ce qui prouve que les gens sont dans le besoin. Au marché de Keur Massar, la vendeuse Ndèye Diagne, qui se lève chaque matin vers 06 h pour se rendre au marché central, explique que les activités sont au ralenti. « Nous nous en sortons à peine. Parce que les horaires de travail sont désormais réduits. Les poissons se font rares. Par conséquent, les prix en gros sont chers », se désole la vieille dame.

L’autre problème auquel beaucoup de foyers sont confrontés, c’est le paiement de la location. « Si les activités sont au ralenti, il va sans dire qu’il y aura de sérieux problèmes entre les locataires et les bailleurs », fait savoir notre interlocutrice. A Yeumbeul, l’un des quartiers les plus touchés par le fléau de la pauvreté, les gens scrutent l’horizon, espérant chaque jour l’arrivée du secours promis par le gouvernement. « Je vends des pièces détachées à Petersen. Mais franchement, rien ne marche. Chaque jour, je rentre de mon commerce sans rien ramener à la maison » dit dépité le jeune Iba Ndiaye qui cache mal sa désolation et regrette l’inaction de leur maire devenu invisible. « Nous sommes vraiment dans le besoin. Les jeunes sont sans emploi. Nous attendons de l’aide. Mais franchement, le plus tôt serait le mieux », souhaite une ménagère qui tirait ses revenus du commerce de la bouillie. Une activité qu’elle ne peut plus faire à cause du couvre- feu.

Trouvée devant la porte de sa maison, mère Awa Bèye explique : «Je me débrouillais dans la maison des femmes du quartier. Nous vendions du couscous pour subvenir aux différents besoins de nos familles. A cause de la pandémie, je suis confinée à la maison » explique la vieille dame qui soutient n’avoir rien reçu de l’Etat depuis le début de la crise sanitaire. « Nous n’avons rien vu, pas d’eau de javel, ni savons encore moins de masques. Et pourtant, la semaine passée, des jeunes de la localité ont distribué des dons », dit la vieille maman. Ce qui lui fait dire qu’elle craint beaucoup plus sa situation précaire que la pandémie.

Le Témoin

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