Des utilisateurs du Net, entre déception et colère, contre le 92e rang mondial occupé par le Sénégal

16 - Octobre - 2021

L’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) du Sénégal, vient de subir un camouflet, avec les résultats de l’enquête publiée par Digital Quality of Life Index (DQL), sur la connectivité à l’Internet à travers le monde. La position du Sénégal classé à la 92e place mondiale sur 110 pays étudiés et 9e sur 19 en Afrique, n’est pas bien appréciée par les utilisateurs. Agents de multiservices, propriétaires d’agences de voyage ou diplômés en réseau et télécom, etc., ils sont nombreux à exprimer leur déception et leur mécontentement «de cette place occupée par le Sénégal en matière d’accès à Internet et de connectivité».

La nouvelle est tombée le 12 octobre dernier. Et les utilisateurs d’Internet au Sénégal ne s’en réjouissent pas. Notre pays est classé 92e mondial (sur 110 pays étudiés) et 9e africain (sur 19 pays d’Afrique), en matière de connectivité à l’Internet, selon l’étude annuelle de Digital Quality of Life Index (DQL) publiée le mercredi 12 octobre 2021. Selon l’étude de l’agence de cyber sécurité de la Grande Bretagne (DQL), malgré que notre pays soit réputé avoir l’une des connections les moins chères au monde, son inacessibilité fait que le Sénégalais doit travailler près de 10 heures pour s’offrir le forfait internet le moins cher et à haut débit ; soit 4 heures de plus que la moyenne mondiale. Non sans relever que le Sénégal a par contre, une qualité d’Internet relativement faible.

Les usagers du net notamment des personnes s’y activant régulièrement, ceux pour qui la connexion est un gagne-pain, des entrepreneurs, des gérants de multi services, des diplômés en réseau et télécom et même de simples utilisateurs, entre autres, se disent indignés par ce classement. Ils interpellent tous le gouvernement, travers à l’Agence chargé de réguler l’accès à l’Internet et son accessibilité (ARTP), à s’engager résolument à offrir un réseau de connexion beaucoup plus fiable, moins cher et de qualité aux Sénégalais.

L’ARTP ENGAGE A ASSURER UN RESEAU DE CONNEXION PLUS FIABLE, MOINS CHER ET DE QUALITE AUX SENEGALAIS

«Le gouvernement sénégalais n’est pas, peut-être, conscient de ce qu’on peut faire ou avoir avec une bonne connexion», s’exclame un propriétaire d’une agence immobilière. Teint clair et taille moyenne, la cinquantaine, Moussa Diaby, originaire de Kolda, incite l’Etat à résoudre les problèmes de défaillance du réseau Internet au Sénégal. Car, toujours selon ses dires, «ce classement n’est pas satisfaisant et explique en réalité notre souffrance en termes de connectivité».

Pourtant, pas moins de trois grands opérateurs de télécommunication partagent le marché de l’Internet et du réseau, déployant des moyens et technologies, dont l’ADSL et la fibre optique, et fournissant Internet de haut débit fixe et mobile. Aussi, avec l’avènement du «Tout Numérique», dont seule le Rwanda a réussi le basculement à date, engagé depuis juin 2015, l’Etat a mis en chantier un vaste programme de maillage du territoire national en fibre optique. Mais, cela n’y fait rien ; à l’exception des villes et leurs agglomérations, le réseau n’est pas des meilleurs dans les villages et les zones reculées et aux frontières du pays. Pis, ces derniers ont souvent recours au réseau de l’Etat voisin.

CONTRAIREMENT AU SENEGAL… UN PAYS DOIT ETRE CONNECTE SUR TROIS CABLES SOUS-MARINS DE FIBRE OPTIQUE

Cependant, interpelé, un assistant virtuel (c’est un travail qui se fait par le biais d’Internet) qui travaille pour une entreprise, explique que le problème ne vient pas des opérateurs, mais des coupures manifestes des câbles sous-marins de fibre optique. Son nom, Mamadou Ndiaye, diplômé en Réseau et Télécommunications, le jeune informaticien très cultivé et même ambitieux en matière de réseau et internet, se justifie : «Pour qu’un pays ait suffisamment de vitesse de connexion internet de haut débit, la valeur de la vitesse doit correspondre en moyenne entre 3 et 8 Mb/s ou être d’au moins 30Mb/s».

Il ajoute, en d’autres termes, qu’un pays doit être connecté sur trois câbles sous-marins de fibre optique, afin de «berner» les grands opérateurs de télécommunication. Mais, situant le problème, M. Ndiaye déclare que «le Sénégal, un pays côtier très bien placé, devrait avoir accès à des réseaux de fibre optique moins défaillants. Mais, malheureusement, il est connecté sur un seul câble. En attendant, la nouvelle fibre optique de la société Huawei Networks (HMN) le liant avec le Cap-Vert et qui tarde à s’installer, depuis sa mise en scène en mai 2020, doit être pressée».

Pourtant, le Sénégal est l’un des pays qui a les connexions les moins chères au monde, selon toujours Digital Quality of life Index (DQL). En revanche, cet avantage est plombé par une bonne qualité du réseau d’Internet qui fait défaut dans nombre de zones au Sénégal, est loin d’être aimé par les jeunes entrepreneurs s’y activant, corps et âme, pour gagner de l’argent.

LA CHERTE DU WIFI, UN CASSE-TETE POUR LES PETITES ENTREPRISES

Trouvé en train d’effectuer un transfert d’argent, Astou Diagne, une gérante d’un multi services, demande aux opérateurs de réduire considérablement les tarifs. «C’est très cher pour une débutante», déclare-t-elle. Avant d’ajouter : «Je paye 29.900 par mois, avec l’offre Home+ d’Orange, pour un débit de 4 mégas».

Directeur de CPS, une petite entreprise spécialisée dans les métiers de la sérigraphie et de l’infographie, Sadio Kâ est le patron de deux employés. S’activant dans l’auto emploi depuis 2015, cet ancien étudiant en Histoire à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, trouve que la position du Sénégal (92e sur 110 pays dans le monde et 9e sur 19 en Afrique), est décevante et la qualité de la connexion n’est pas des meilleures. Seulement sa préoccupation, c’est surtout le wifi.

Pour avoir une bonne connexion, «il faut avoir la fibre et ce n’est pas tout le monde qui peut l’avoir, car tout est cher en matière de réseau, surtout un internet fiable et rapide», fait-t-il savoir. Al'vant de soutenir que «Internet est un facteur très important, surtout dans notre métier».

Dans un autre registre, fulmine toujours M. Kâ, récemment, la panne mondiale du 4 octobre 2021 sur les réseaux sociaux Facebook, Whatsapp et Instagram, qui a causé une importante perte financière, ne les a pas épargnés. Sadio Kâ estime avoir perdu des clients durant cette panne de 10 heures. Car, dit-il, «je ne me sers pas des réseaux sociaux pour faire des amis ; mais par contre, avec ces applications, je transfers et reçois des photos ou documents à imprimer ou ‘’photoshoper’’». Ce qui fait que pendant les 10 tours d’horloge qu’a duré la panne, il ne pouvait pas travailler.

SudQuotidien

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