Diary Sow au "Forum exclusivement féminin": « Il reste beaucoup de combat à mener comme la polygamie abusive»

26 - Mars - 2021

La lauréate du Concours général en 2018 et 2019 donne de ses nouvelles, deux mois après son retour au Sénégal. Diary Sow a participé jeudi, au « Forum exclusivement féminin » qui s’est tenu à Saint-Louis, dans l’est du pays. Lors de la cérémonie, la jeune romancière a revendiqué sa « féminité » et a déclaré qu’ « il n’y a aucune peur, aucune honte à avoir à revendiquer la femme qu’on veut être ».

Selon Les Echos, Diary Sow, qui n’a pas évoqué clairement les raisons de sa disparition qui avait suscité l’émotion et une très forte mobilisation au Sénégal et dans la diaspora, a juste révélé ce qui l’a motivé à devenir écrivaine.

D’emblée, elle a déploré le regard de la société envers celles qui revendiquent leur féminité. « Quand il y a certaines qui veulent se lancer, vivre leur vérité, et non celle qu’on leur impose, on minimise leur légitimité. C’est à peine si on nous accepte encore dans notre société, devenant ainsi les ’’occidentales’’, les ’’genn xeet’’ (marginalisées). Mais c’est un risque à prendre. Il n’y a aucune peur, aucune honte à avoir à revendiquer la femme qu’on veut être. Ce culot, ce sursaut, n’annule pas la féminité. Au contraire, il la sublime. Il ne diminue pas la valeur non plus, ne rend pas moins vertueuse », a-t-elle pesté.

Et de poursuivre : « La revendication féminine, arrivée tard au Sénégal, a encore du chemin à parcourir. On est loin du monde où les femmes pourraient jouir librement de leur sort, de leurs biens, prendre une place dans les instances de décision, sans pour autant rendre compte de leur habillement, leur idée, leur vie sexuelle ».

Diary Sow a précisé qu’elle n’avait jamais rêvé d’être écrivaine. « Je n’ai jamais songé à m’engager pour une quelconque cause ou à sauver l’humanité. J’ai écrit pour la première fois pour une satisfaction personnelle. Parce que je pensais tout d’abord à ma propre consolation, à mon propre plaisir », a-t-elle fait savoir.

Mais, a-t-elle expliqué, les observations qu’elle a faites sur la société sénégalaise et les romans qu’elle a lus et « qui peignaient la femme comme objet sexuel, caritatif, objet de commerce, pour mieux nous émouvoir », lui ont poussé à s’engager à écrire pour « améliorer les conditions de la femme ».

« Il fallait apporter sa pierre à l’édifice de la société qui repose, qu’on le veuille ou non, sur l’oppression et l’exploitation des femmes. Et c’est pour cette raison que j’ai décidé d’écrire et de publier. Je n’ai pas vécu longtemps mais du haut de mes vingt ans, je sais que la société sénégalaise, telle qu’elle était hier, au lendemain de la colonisation, vers les années 60-70, a incontestablement progressé en matière de droits des femmes, en raison d’un univers politique et social et d’un changement de mentalité. Le Sénégal est passé d’une société matriarcale à une société patriarcale moderne. Dans la société sénégalaise traditionnelle, la femme était vénérée. Il y avait des reines, des Lingueres, des guerrières. On peut se féliciter des progrès qui ont été faits mais il reste peu suffisant si on considère le nombre de combats qu’il reste à mener, comme la polygamie abusive, les violences, les viols… », a-t-elle conclu.

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