Dossier Ressources naturelles : Que se passe-t-il dans la pêche avec les Chinois ? (Par MLD)
Il est bien connu que les prêts de la Chine en Afrique le plus souvent pour construire des infrastructures sont remboursés selon deux canaux, en devises ou en ressources naturelles.
Dans cette affaire de licences de pêche aux bateaux chinois, la polémique est relancée par Greenpeace, après une première alerte de certains acteurs locaux de la pêche, le GAIPES notamment. Le ministre a beau nié, les faits sont têtus. Les Chinois, pour qui le poisson est une denrée stratégique, sont bien là quels que soient les artifices.
L’hypothèse la plus probable est qu’il s’agit d’une affaire politique. La Chine se fait payer en nature, en poissons, pour des prêts inavouables dans des finances publiques transparentes, un financement de campagne électorale par exemple. C’est une affaire qui dépasse donc le pauvre ministre Ndoye, orphelin depuis la disparition de son mentor Tanor Dieng.
Le coronavirus nous a avertis. L’alimentation des Sénégalais ne peut plus dépendre de l’extérieur. Il est temps que les forces vives fassent leur mue et acceptent de rompre avec le pacte colonial qui nous impose d’importer ce que nous devons manger. Le poisson se fait de plus en plus rare dans les bols des sénégalais. Il faut arrêter cette spirale descendante et engager une politique qui assure notre souveraineté alimentaire. Il n’y a plus de raison d’accorder des licences de pêche aux bateaux chinois ou européens ou coréens, même battant pavillon sénégalais, alors que nous manquons de poisson. Patriotisme économique oblige.
Dossier nouveau : Comment sécuriser la production de graines pour les huileries de la Sonacos face à l’offensive des Chinois ?
Une fois n’est pas coutume. Il semble que le Président Sall soit décidé à promouvoir les industries de trituration et de raffinage des graines d’arachide au Sénégal. C’est une bonne nouvelle pour Kaolack, Ziguinchor, Petersen et peut-être Diourbel.
Cela fait des années que nous proposons cette orientation contre les défenseurs devenus sophistiqués du pacte colonial. Pour eux, sous prétexte d’augmenter les revenus des paysans, le Sénégal doit exporter des graines d’arachide et importer de l’huile raffinée, hier de la France et aujourd’hui de la Chine. Ce point de vue, xalaat, des libéraux de BBY s’oppose à l’industrialisation du Sénégal, seule voie de salut pour résoudre l’emploi des jeunes, mais fondamentalement, tel est le sens du développement économique.
Le DG de la Sonacos veut développer l’industrie de l’huilerie au Sénégal. Il faut l’encourager et l’aider à résoudre l’épineuse question de la sécurisation de la matière première, les graines d’arachide. Mon point de vue est constant. Il faut ramener la Sonagraines et mettre fin au terrorisme rentier des Opérateurs Privés de Stockeurs, OPS.
Il paraît que les OPS sont puissants. Qu’ils prennent des parts alors dans l’industrie de l’huilerie. Les paysans producteurs peuvent trouver leur intérêt dans des contrats d’approvisionnement de la Sonacos en graines d’arachide, c’est une partie du travail du ministre en charge de l’agriculture, organiser la filière. Le débat est à la fois sur le prix et la quantité.
Mamadou Lamine Diallo, Président du mouvement Tekki