DPG: LES SEPT RUPTURES ANNONCEES PAR LE PM

27 - Décembre - 2024

Extrait de la DPG du Premier ministre, Ousmane Sonko.

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Honorables Députés, L’état des lieux dressé ci-dessus est particulièrement grave. Notre ambition de mettre le Sénégal sur une nouvelle trajectoire n’est pas compatible avec ces méthodes du passé. Là-dessus, nous avons reçu du peuple sénégalais un mandat clair : la RUPTURE. Un changement profond de paradigme dans les politiques publiques s’impose, aussi bien dans le contenu que dans la méthode. Dans ce cadre, notre gouvernement a opté pour sept (7) ruptures majeures, dont les premières applications se sont traduites, depuis le mois d’avril 2024, par des avancées concrètes et des réalisations tangibles.
- La première, c’est le retour de l’ambition : nous sommes capables de nous développer, et nous ne le ferons que par nous-mêmes. L’histoire sur les 2 derniers siècles fleurit d’exemples de Nations qui ont su en une à deux générations passer de la pauvreté absolue au développement, où du « tiers au premier monde » pour citer 25 l’ancien Premier Ministre de Singapour Lee Kwan Yew. Voilà l’ambition que nous avons pour notre pays. Pour cela, nous devons commencer par nous regarder autrement, pour croire en nous-mêmes : 3 siècles de traite, d’asservissement et de dépendance ont sournoisement diffusé un « complexe du colonisé ». Nous devons en sortir et inculquer à nos enfants une culture de fierté et d’ambition. Nous devons en outre sortir de la défiance mutuelle et voir l’avenir en confiance. Nous devons avoir une confiance paisible mais inébranlable en nous-mêmes et au génie de notre Peuple : confiance en nos compétences locales pour penser notre développement, confiance en notre secteur privé national, dans le cadre d’un patriotisme économique réfléchi, stratégique et assumé, pour valoriser pleinement nos ressources locales et développer des moteurs de croissance endogènes et compétitifs.
- La seconde rupture est celle du passage d’une logique d’urgences et de saupoudrage à court terme à une logique de vision et de planification à long terme : Si nous voulons être développés dans une (1) à deux (2) générations, c’est maintenant qu’il faut définir ce que nous voulons devenir, et commencer pas-à-pas, mandat après mandat, à poser les briques successives vers ce Sénégal de 26 demain. Nos classes politiques ont pris l’habitude de faire miroiter des miracles d’ici la prochaine élection. Comme nous avons des élections, tous les deux (2) à cinq (5) ans, la vision et l’action sont focalisées sur le court terme. Les trésors de ressources financières, humaines et de temps mobilisés de façon non-coordonnée dans la recherche d’effets spectaculaires du jour au lendemain, nous font fatalement retomber, tel Sisyphe, au pied de la montagne, avec notre fardeau toujours plus lourd, et nos forces toujours moins vives, de la vanité de nos efforts. Dès lors, en lieu et place d’une vision ambitieuse, construite progressivement et méthodiquement, nous voyons une ribambelle de projets, d’urgence parfois douteuse, qui poussent comme des champignons et évoluent au fil de l’actualité et des inaugurations sur catalogue. Au final, l’action publique se résume essentiellement à du saupoudrage : elle mobilise le temps et l’énergie de nombreux acteurs, coûte cher, mais a peu d’impact. Les citoyens n’en sont pas dupes, au demeurant, même si les leviers d’actions contre cette gabegie leur manquent. Ne nous y trompons pas, en votant massivement pour le PROJET, c’est bien cette culture politicienne du saupoudrage de courte vue que les Sénégalais ont rejeté avec fracas. Ils savent que rien de solide, pour leur avenir et l’avenir de leurs enfants, ne se fera sans une vision ambitieuse, une planification sérieuse et une exécution rigoureuse. Ainsi, en rupture avec cette culture, notre gouvernement définira de façon précise le Sénégal que nous voulons pour demain, non pas en nous confinant à deux (2) ans, cinq (5) ans, ou la prochaine élection, mais armés d’une vision à vingt-cinq (25) ans, qui nous permette de nous attaquer de façon résolue aux batailles prioritaires pour sa mise en œuvre. Par ce moyen seulement, nous pourrons apporter des réponses sérieuses et durables aux aspirations des Sénégalais, en en finalisant certaines, en en initiant d’autres, et passant le témoin de génération en génération, en nous étant assurés que des fondements solides sont en place et les jalons posés. Pour chacune de ces batailles, notre gouvernement communiquera de façon honnête, transparente et responsable avec les citoyens. L’obsession de la prochaine élection, les pressions politiques du moment ne doivent pas dévier les actions sur le court terme et produire des effets détournés dans la conduite de politiques et de décisions qui exigent une vision à long terme. C’est maintenant qu’il faut redonner au PLAN son rôle et sa dimension « Diaïste ». Ainsi, l’Agenda national de Transformation, désormais unique référentiel de nos 28 politiques publiques, élaboré en seulement six mois, entièrement par des compétences nationales, sera opérationnalisé à travers un Master Plan de dix (10) ans, qui déterminera les choix de politiques sectorielles, et un Plan d’Actions Quinquennal, qui encadrera rigoureusement la programmation et l’exécution budgétaire.
- La troisième rupture est celle d’une logique de dépenses à une logique de résultats. Le sentiment largement diffusé aujourd’hui, c’est que l’impact d’une activité se mesure aux montants dépensés. Il y a toujours des inondations ? Pourtant nous avons dépensé des milliards ! L’agriculture sénégalaise va mal ? Mais non, regardez tout ce qu’on a dépensé en subventions et en machines ! Cette culture apparaît dans toute l’ironie de sa splendeur lorsqu’on présente un budget de 7 000 milliards de FCFA comme une prouesse. Ce qui compte, ce n’est pas de dépenser des milliards, c’est de bien dépenser, pour changer dans les faits, et pour le mieux, la vie de chaque Sénégalais. Ainsi, notre gouvernement travaillera à réorienter notre administration vers une culture de résultat. Notre priorité, ce ne sera plus combien de milliards ont été dépensés, mais bien l’impact relatif de chaque franc dépensé. Nous allons bâtir un État sénégalais capable, avec 29 moins de faire mieux. Du reste, cette logique du résultat et de l’impact ne sera pas seulement valable pour les dépenses issues de nos ressources publiques, elle le sera tout autant pour les ressources issues de nos partenaires au développement. A cet effet, nous avons commencé à mettre en place un nouveau dispositif d’identification et de sélection des investissements publics, en évitant d’engager des opérations d’investissements que le secteur privé pourrait et devrait réaliser. Dans cette perspective, la politique de partenariats de type public-privé (PPP) sera repensée, pour corriger les déséquilibres et imperfections constatés au cours de la dernière décennie. Une attention particulière sera apportée au coût unitaire, en redéfinissant la politique de commande publique et en retenant partout des prix de référence. La qualité des ouvrages et les délais de livraisons de la commande publique deviendront des normes que tout contractant devra respecter. Par-dessus tout, la transparence devra être de rigueur dans le choix des entreprises contractantes, qui devront remplir toutes les exigences de qualifications et d’expériences requises.
- La quatrième rupture : d’une logique de gestion partisane à une logique de participation citoyenne. Notre ambition pour le Sénégal ne peut réussir sans une adhésion durable des populations, sans la participation de tous à la construction commune d’un « Sénégal nouveau ». En votant pour le PROJET, les Sénégalais ont également rejeté cette façon de faire de la politique, où l’on proclame la main sur le cœur que la PATRIE viendra avant le PARTI, et où chaque acte posé démontre le contraire. Nous ne voulons plus d’une gestion du pays qui se résume à la gestion partisane d’une clientèle politique. Nous ne voulons plus d’un pays où les richesses sont accaparées par un clan. Nous voulons au contraire un Sénégal où les ressources du pays sont gérées au profit de tous, et où le mérite est plus important que l’appartenance familiale, ethnique ou politique.
- La cinquième rupture consacre le passage d’une gestion centralisée à outrance à une logique de gestion déconcentrée, disons territorialisée. En effet, notre ambition pour le Sénégal ne pourra être réalisée sans une gestion plus proche des territoires. Faire reculer le centralisme au profit de la gestion de proximité. Notre action sera, dès lors, de procéder à de profondes réformes en matière de décentralisation, de 31 fiscalité et de gestion budgétaire entre autres, afin de libérer le potentiel de nos terroirs. Au sein de ces pôles, les villes-épicentres seront au cœur de la nouvelle stratégie ; elles bénéficieront d'investissements conséquents en matière d’eau et d’assainissement, d’électrification, de gestion des déchets, d’infrastructures de transport et numérique et j’en passe. Dans la même foulée, la décentralisation sera approfondie, en renforçant les compétences, les capacités et les moyens financiers des collectivités territoriales. La charte de la déconcentration sera intégralement mise en œuvre, afin de rapprocher l’Administration des usagers du service public.
La sixième rupture consiste à bannir la logique d’accaparement au bénéfice d’une minorité au profit d’une logique d’équité et de justice. La reddition des comptes, puisque c’est de cela qu’il s’agit, ne doit plus être perçue comme une exception aux règles de gestion de la chose publique, mais plutôt un principe de transparence et une exigence de gouvernance. Nous nous inscrirons dans ce cadre, aussi bien pour l’audit de l’utilisation des fonds publics, antérieurement à notre arrivée au pouvoir, que pour la gestion des affaires publiques durant les années de notre gouvernance. L’Etat veillera à ce que les structures de contrôle et les juridictions compétentes puissent exercer leurs missions respectives, conformément aux lois et règlements, mais également en application des principes de la séparation des pouvoirs et de la présomption d’innocence. Nous mettrons ainsi en œuvre les conclusions des Assises de la Justice ayant fait l’objet de consensus, et poursuivrons les consultations et le dialogue pour bâtir un pacte social durable. Nul ne pourra désormais se prévaloir d’une proximité partisane pour accéder à des faveurs indues ou se protéger de sanctions méritées. Chaque talent national sera promu, en ne tenant compte, ni de son origine, ni de sa religion, ni de son appartenance partisane.
Enfin, la septième rupture implique le passage d’une Administration bureaucratique à une Administration moderne et performante. L’Administration doit être le fer de lance de la conduite du changement auquel nous invite le Chef de l’Etat. Elle sera plus attentive et orientée vers la satisfaction de l’usager. Le clientélisme y sera aboli. Conformément à l’invite du Chef de l’Etat aux agents de l’Administration, chaque agent de l’Etat, à quelque niveau qu’il soit, devra faire sien ce nouveau paradigme d’une Administration performante et moderne. A cet effet, le 33 Gouvernement engagera les réformes idoines pour doter les services administratifs de capacités humaines qualifiées et motivées, ainsi que des moyens de fonctionnement liés, tout en amplifiant la lutte contre les gaspillages dans les dépenses courantes. La corruption et la concussion seront combattues sans faiblesse, en commençant par accélérer l’automatisation des procédures administratives. Nous avons déjà entrepris de bâtir une Administration publique autour des principes de probité et d’intégrité autour du « JUB, JUBAL, JUBANTI ».

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