Dr ABDOULAYE BOUSSO : «LA QUESTION DU DEPISTAGE MASSIF N’EST PAS ENCORE A L’ORDRE DU JOUR»

28 - Avril - 2020

Au cœur de la lutte contre les transmissions communautaires et une rapide prise en charge des malades de Covid-19, le dépistage massif reste une option écartée par le directeur du Centre des œuvres d’urgence sanitaire (Cous), Dr Abdoulaye Bousso. Selon lui, cette politique qui prône en substance le dépistage massif n’est pas en adéquation avec la situation épidémique actuelle. Dr Bousso a par ailleurs révélé que 11032 tests ont été réalisés et que la majorité des patients est jeune. Non sans manquer d’affirmer que la seule manière de limiter la propagation de la maladie reste la discipline, le respect des règles de prévention individuelle et collective, tout en insistant sur le déplacement des personnes d’une région à l’autre.

La courbe des cas communautaires est dans une croissance vertigineuse et plusieurs réflexions évoquent des stratégies pour maîtriser la pandémie du nouveau coronavirus. « Nous sommes dans une phase ascendante de notre épidémie. Ce qui est prévisible pour nous. Dans ces types de maladies à transmission respiratoire, la contamination est très rapide. Donc à l’instar des autres pays du monde, nous sommes dans cette phase et nous sommes en train de mener des stratégies pour essayer de limiter un peu cette contamination », a déclaré le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous), Docteur Abdoulaye Bousso.

Pour lui, le dépistage de masse n’est pas en adéquation avec l’actuelle situation, même si elle est prônée par plusieurs autres spécialistes. Et pour s’expliquer, la blouse blanche a donné des arguments sur la stratégie mise en œuvre pour lutter contre Covid-19. « On parle beaucoup de dépistage de masse et aujourd’hui la stratégie du ministère de la Santé continue à faire un dépistage des personnes contacts autour des personnes qui sont positives », a-t-il déclaré lors de la situation épidémiologique de ce lundi 27 avril au Sénégal.

Et de poursuivre : « la question du dépistage de masse n’est pas encore à l’ordre du jour parce que tout simplement, il faut toute une stratégie, c’est-à-dire des moyens spécifiques pour pouvoir faire un dépistage de masse ». Pour argumenter cette position, le spécialiste des situations de catastrophe a indiqué le temps d’incubation comme un facteur prouvant qu’un Sénégalais testé négatif aujourd’hui peut être positif dans les jours à venir. « En sachant aussi qu’on ne peut pas parler de statut sérologique quand on connaît l’épidémiologie de cette maladie, vous pouvez être malade pendant les 14 jours d’incubation et même si aujourd’hui, on testait les 14 millions de Sénégalais, deux jours après, on peut avoir la moitié qui peut être positive », a expliqué le Dr Abdoulaye Bousso.

ELARGISSEMENT DES TESTS ET RESPECT DES REGLES

Par ailleurs, Dr Abdoulaye Bousso a affirmé que si l’Organisation mondiale de la santé (Oms) valide les tests de dépistage rapide, ils pourront être utilisés. « Parce que ce sont des tests qui nous permettraient d’avoir un diagnostic très rapide et si un malade est positif de pouvoir le prendre en charge immédiatement », a-t-il ajouté. Et de laisser entendre : « aujourd’hui, il y a des réflexions qui sont en train d’être menées dans le sens d’avoir ces tests de diagnostic rapide. Il y a actuellement beaucoup de tests qui sont en cours d’analyse même au niveau de nos laboratoires. Si ces tests sont validés, ils pourront être utilisés et ils nous serviront pour faire une stratégie avancée autour des cas contacts et autour des zones qui sont touchées ». Étant donné que cette guerre contre Covid-19 est préventive et non curative, le patron de la Cous, a une fois encore insisté sur le respect des règles édictées, notamment le déplacement des personnes d’une région à l’autre, vu le nombre de régions touchés par le virus. « Cela nous amène à poser la problématique toujours de la circulation des personnes parce que sur le cas de Sédhiou, c’est une personne qui a eu à circuler après l’interdiction de circulation entre les régions. Donc, c’est une question fondamentale. Si on veut arriver à préserver certaines régions et à limiter les cas communautaires, je pense qu’il y a encore des efforts à faire sur le déplacement des personnes d’une région à l’autre », a indiqué Dr Bousso. Et de poursuivre : « nous avons aussi 30 Districts sur 79 qui sont touchés actuellement».

11032 TESTS, UNE MAJORITE DE PATIENTS JEUNES

Aussi, il a révélé le nombre de tests réalisés depuis le premier cas de Covid-19 au Sénégal, lundi 02 mars 2020, avant d’indiquer l’âge moyen des malades comme un facteur qui justifie le nombre élevé de cas simples obtenus. « Et pour les dépistages à ce jour, nous sommes à 11032 tests de laboratoire faits et dans cette proportion, l’Institut Pasteur a 10354 tests et l’Iressef 678 tests. De plus, nous avons un âge moyen de patients de 34,87 %. Nous avons une majorité de patients jeunes et ceci peut expliquer la majorité de cas simples », a renseigné Dr. Abdoulaye Bousso.

DR BOUSSO, SUR LA PSYCHOSE AUTOUR DU SERVICE DE REANIMATION « Tous les malades qui y sont admis ne décèdent pas »

L’admission en service de réanimation qui est considéré comme le couloir de la mort n’est pas, selon le patron du Cous, une situation sans espoir. « C’est vrai que beaucoup pensent que tous les malades de la réanimation décèdent, mais je peux dire aujourd’hui que 9 patients sont passés au service de réanimation de Fann à Cuemo et parmi ces derniers, 4 sont décédés et 3 sont sortis guéris », a-t-il dévoilé. La preuve, Dr Bousso a indiqué que depuis le départ, ils ont eu 14 cas graves. Et les 9 qui sont décédés ont une moyenne d’âge de 69 ans. « Donc, c’est une tranche d’âge qui est vraiment à risque, les personnes de plus de 60 ans présentant des comorbidités », a-t-il rappelé. Avant de poursuivre : « Nous avons un patient qui a été évacué et qui est décédé à l’extérieur et nous avons actuellement un patient qui est sous traitement. Les autres malades sont décédés à Ziguinchor, Touba, Louga, Thiès ». Le cas de Thiès, a avancé le directeur du Cous, est assez particulier parce que c’est un décès communautaire. « Parce que la personne est décédée dans la communauté en dehors des structures de santé et a été testée positive », a-t-il renseigné. Non sans ajouter qu’il y a un malade qui est décédé au service des maladies infectieuses de Fann.

Sud quotidien

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