Elections en RDC: un mort en marge de la campagne de Tshisekedi à Mbuji-Mayi

13 - Décembre - 2018

En République démocratique du Congo, à dix jours du scrutin, les violences se multiplient. La campagne électorale a déjà été plusieurs fois endeuillée. Et ce jeudi, une personne a perdu la vie à Mbuji-Mayi où était attendu le candidat d'opposition, Félix Tshisekedi.
Déjà un mort confirmé à Mbuji-Mayi, alors que le candidat Félix Tshisekedi n'était pas encore arrivé dans la capitale du Kasaï-oriental, l'un des fiefs de son parti l'UDPS. Depuis le matin, la ligue des jeunes de l'UDPS dénonçait des entraves dans l'arrivée de ses militants à l'aéroport pour accueillir Félix Tshisekedi, des barricades érigées par les forces de sécurité. Ces partisans du parti de l’opposition historique assurent que le jeune « combattant » a été tué par les forces de sécurité. Selon les premières informations recueillies par le gouvernorat du Kasaï-oriental, ce jeune homme aurait jeté des pierres sur un camion de l'armée.

Mais le gouverneur lui-même dit ne pas être en mesure de donner plus de précisions sur les circonstances de ce décès. Alphonse Kasanji Ngoyi appelle tous les partis au calme et à éviter toute provocation : « En attendant le dernier rapport des forces de l’ordre et de sécurité, nous déplorons ce décès et nous le condamnons fermement parce que nous avons adressé un message à la population d’observer les règles de la démocratie, la tolérance. Et ceux qui vont accueillir leur leader, ils ont droit d’aller l’accueillir, mais pas de s’attaquer aux biens d’autrui, de piller, de jeter des pierres. Ce qu’on a aussi regretté, c’est qu’il y a les petits enfants dans les rangs des militants de l’UDPS qui sont recrutés en train d’aller à l’aéroport. Et donc, ce décès, nous regrettons. Paix à l’âme de notre compatriote qui est décédé. Les enquêtes sont déjà déclenchées pour déterminer les responsabilités, qui a fait quoi, et qu’il soit puni, qu’il réponde de ses actes. On a pris le corps, on l’a amené à la morgue. J’ai demandé des détails auprès des forces de l’ordre pour qu’ils me disent dans quelle circonstance il est décédé. J’attends ce rapport. Comme on a dit, les instructions sont claires : pas de mort, pas de blessé. S’il y a un acte isolé, le responsable répondra devant la justice sans tergiverser ».

Six morts en trois jours

Il vient s'ajouter à cinq autres partisans de l'opposition qui ont trouvé la mort lors des déplacements de l'autre poids lourd de l'opposition, Martin Fayulu. Au moins trois morts confirmés à Lubumbashi et deux à Kalemie. Cela fait donc au moins six morts en l'espace de trois jours. Et plusieurs dizaines de dizaines d'interpellés et de blessés, parfois graves, comme à l'hôpital de Sendwe dans la province du Haut-Katanga. Un médecin à Lubumbashi dit manquer de matériel pour les soigner. Les autorités provinciales de leur côté démentent l'usage de balles réelles et ce bilan.

Ces derniers jours, les accusations entre les différents acteurs ont atteint un niveau rarement atteint. L'opposition a - tour à tour - mis en cause des déclarations des représentants du FCC. Le dauphin Emmanuel Ramazani Shadary, le président de l'Assemblée nationale et secrétaire général de la majorité et le gouverneur du Haut-Katanga ont tous été accusés, enregistrements audios et vidéos à l'appui, d'avoir tenu des propos incendiaires depuis le début de la campagne. Mais du côté du gouverneur Kapopo, on dit que cette conversation a été sortie de son contexte, qu'il n'y a pas d'appel à la violence.

Accusations des différents camps

Dans cette conversation, enregistrée mercredi au plus fort des troubles, à Lubumbashi, le gouverneur appelait les jeunes de la coalition au pouvoir à cesser de faire honte au chef de l'Etat et à changer de stratégie vis-à-vis de de la coalition Lamuka. Le FCC accuse pour sa part la coalition Lamuka, principale cible de ses attaques, d'être l'instigateur des violences, y compris de l'incendie d’un dépôt de la Commission électorale qui a eu lieu cette nuit à Kinshasa. « Un projet bien planifié tendant à entraver le processus électoral », « une politique de la terre brulée qui a conduit à ses premières victimes », ajoute le communiqué.

Une situation qui commence à inquiéter à dix jours des scrutins. La Monusco et la Belgique ont condamné ces violences et appelé à la retenue. Human Rights Watch appelle l'ONU à protéger les candidats et les civils pendant la campagne.

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