Emmanuel, Patrick et Frédéric : trois policiers « humanitaires » s’envolent pour le Sénégal
Emmanuel Bak, Frédéric Lejeune et Patrick Legay partent mercredi. Destination : le Sénégal. Dans leurs bagages : près de 140 kg d’affaires collectées qu’ils vont distribuer pendant leur périple de onze jours. Un élan de solidarité qui, d’années en années, prend de l’ampleur.
« Ça fait plus de dix ans que je baigne dans ces séjours humanitaires. » Et pour cause. Il s’agit du 24e voyage au Sénégal d’Emmanuel Bak, commandant de police de 46 ans, en dix ans. « Ça m’a coûté un mariage, sourit-il. En 2006, mon ex-femme a choisi la destination par hasard. L’Afrique, on l’aime ou on la déteste. Je l’ai immédiatement aimé. Elle, non. »
Pas d’association
Sa passion ? Contagieuse. Demain, il prend le départ avec, dans ses bagages pour la deuxième fois, Frédéric Lejeune, moniteur de tir au commissariat de Béthune, et Patrick Legay, policier à la retraite. Le premier, un infatigable coureur de fond de 44 ans, et le second, actif président de l’Amicale laïque de l’école de l’Allœu de La Gorgue, 60 ans, se retrouvent dans le projet. Qui, coquetterie de bénévole, n’est pas organisé sous forme d’association loi 1901. « Je n’ai pas le temps d’organiser ça, balaie le commandant de police. Cela fait dix ans que je fais ça comme ça et ça fonctionne. Je n’ai jamais voulu être récupéré. »
Les affaires s’entassent. Chacun fait jouer ses relations, pour recueillir des jeux de maillots, des vêtements, des chaussures. « On y va avec 140 kg d’affaires à distribuer, explique Emmanuel Bak. On ne peut pas faire plus : la compagnie aérienne avec laquelle nous partons n’autorise que deux fois 23 kg de bagages par personne. On part avec le minimum d’affaires personnelles. » « La dernière fois, on les avait quasiment toutes laissées là-bas », enchaîne Patrick Legay. Ce même homme qui avoue avoir fondu en larmes lors de son premier voyage.
Arbitre de football, Emmanuel Bak récupère des maillots. Il a également négocié un sponsoring avec Quick® Béthune, qui fournit ballons de baudruche et autres petits jouets. Frédéric Lejeune ramène des chaussures de running. Patrick Legay mobilise toute une école.
Voyage de groupe ?
« Avec l’école, on a recueilli 900 kg d’affaires, relève-t-il. On essaie de monter un voyage pour montrer aux enfants comment est la vie là-bas. » Depuis deux ans, une classe gorguillonne correspond avec une classe sénégalaise. Le projet en cours : expédier le gros container d’effets récoltés.
« À notre retour, on montre les photos des Sénégalais avec les affaires récoltées, glisse le commandant de police. On est totalement transparent. »
Leur précédent voyage ne les a donc pas vaccinés. « On devait rentrer le lendemain de l’attentat qui a eu lieu à l’aéroport de Zaventem. On a été bloqué trois jours. Nous sommes revenus en passant par la Gambie. » Quand l’aventure solidaire et humaine est plus forte que les menaces terroristes…
LA VOIX DU NORD