Europe-Afrique : une alliance nécessaire pour un avenir radieux (Par Martin Lozniewski)

29 - Juin - 2017

L'Afrique change, évolue, se modernise. Pour certains, ce continent est une caricature de la corruption au pouvoir, pour d'autres, il est le berceau de l'humanité et le continent du futur. Peu importe ce que l'on dit ou ce que l'on pense, l'Europe a besoin de son voisin du Sud pour continuer à se développer.

À quoi ressembleront les relations Europe-Afrique dans les années à venir ? Pourquoi est-il important et urgent que les Européens se tournent davantage vers le continent africain et vice-versa ? En 2050, à l'heure où plus de 25 % de la population mondiale sera africaine et moins de 5 %, européenne, comment le Vieux Continent pourra-t-il envisager de développer son économie sans compter sur l'aide de ses voisins du Sud ? Dans cette même dynamique, quelles solutions concrètes devront mettre en oeuvre les États africains pour limiter l'émigration massive vers les pays du Nord ?

Entre l'Europe, la Méditerranée et l'Afrique, un projet d'alliance géopolitique s'impose. Une zone de prospérité nord-sud doit être créée et largement développée autour de trois piliers fondamentaux : la proximité géographique, la complémentarité démographique et les multiples enjeux socio-politico-économiques communs qui feraient de cette région du monde l'une des plus peuplées, fortes, hétérogènes, stables et dynamiques.

Partant de ce constat réel, un grand nombre d'hommes d'affaires visionnaires et hommes politiques européens se sont rendus en Afrique durant ces dernières années afin de nouer ou de renforcer des liens dits stratégiques qui unissent les deux continents. Malgré le fait que leurs propres intérêts soient différents, tous ont une vision commune quant au rôle majeur qu'occupera l'Afrique dans le monde durant les prochaines décennies.

L'Afrique, le continent du futur, de l'espoir, du fort potentiel non exploité, celui qui selon Emmanuel Macron "enregistra les taux de croissance les plus importants et présentera les opportunités les plus fortes", a su attirer l'attention de nombreuses entreprises privées, institutions et associations étrangères en mettant en avant un atout majeur : sa population, la plus jeune du monde puisqu'aujourd'hui plus de 60 % de ses habitants auraient moins de 30 ans. Autre donnée de taille : selon une récente étude publiée par les Nations Unies, dans une trentaine d'années, l'Europe tendrait à se dépeupler, surtout à l'Est, tandis que la population africaine devrait doubler et représenter plus de 2,5 milliards d'habitants.

Et ce n'est pas tout. Le continent du Sud présente d'autres avantages conséquents : ses ressources naturelles intactes indispensables au développement du secteur technologique mondial, son implication dans la lutte contre le réchauffement climatique planétaire, sa croissance économique continue, l'émergence d'une nouvelle classe moyenne, son début de révolution numérique et la création de nombreuses start-ups qui gagnent chaque jour un peu plus de visibilité à l'international.

Seulement voilà, comme tout système, celui-ci aussi a ses limites. Pour s'en rendre compte, il faut aller au coeur du mal africain, à savoir la corruption politique et l'important déficit démocratique qui persistent sur le continent. Les élites africaines doivent prendre la mesure de leurs responsabilités et saisir l'espoir de renouveau. Si elles n'acceptent pas d'engager le changement, d'assumer leurs actes et de refonder leur légitimité, il leur sera presque impossible d'instaurer une gouvernance stable capable d'atténuer la brutalité des alternances.

Autre problématique-clé qui handicape et freine le développement de l'Afrique : son réel besoin de recevoir des capitaux, expertises techniques et savoir-faire européens.

Dans ce contexte complexe, c'est donc un partenariat win-win bâti sur la confiance et non sur les vieilles pratiques du passé qui s'établit naturellement entre l'Afrique et l'Europe. Le défi commun des deux parties consiste désormais à construire une nouvelle relation plus transparente, égale et interdépendante entre les deux continents.

À ce sujet, en octobre 2016, Manuel Valls, ex Premier ministre de la République française, confirmait cette thèse et ajoutait : "l'Afrique se transforme et je n'ai cessé de le dire (...) c'est le continent de l'avenir. Et je crois pour la France et l'Europe, nous devons être capables de bâtir une alliance avec l'Afrique pour ce 21e siècle parce que les principaux enjeux pour l'Europe et pour le monde - que sont la menace terroriste, le défi migratoire, le défi climatique avec le réchauffement de la planète, la démographie, la jeunesse, sa formation, en grande partie pour l'Europe et donc pour la France -, ça se joue en Afrique".

Pour y parvenir, l'Europe, de son côté, devra accompagner l'Afrique dans la construction de son avenir tout en favorisant son unité réelle. Elle devra la conseiller et l'épauler sur des problématiques financières et techniques dans cette phase de transition. L'Afrique, elle, aura pour objectif principal de parachever sa décolonisation, de réactualiser ses valeurs identitaires, de développer un projet de civilisation basé sur le concept de "ses potentialités heureuses" et de vaincre la corruption au pouvoir.

lesechos.fr

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