Festival de Cannes 2024 : Palme d'or de la 77e édition, "Anora" de Sean Baker voit la consécration d’une escort-girl chez les oligarques
Toute la Croisette disait le jury présidé par Greta Gerwig imprévisible. C’est bien ce qui s’est vérifié samedi 25 mai quand l’actrice, scénariste et réalisatrice américaine a annoncé que la Palme d’or était décernée au film Anora de Sean Baker.
Le réalisateur de 53 ans était le premier surpris à cette annonce. Venu en 2017 à Cannes pour Florida project présenté à la Quinzaine des Réalisateurs et revenu en 2021 pour Red Rocket en compétition, c’est pour lui aujourd’hui la consécration.
Anora (Mikey Madison) est escort-girl dans un club de troisième zone. Un soir de beuverie, Vanya (Mark Eydelshteyn), le fils d'un riche oligarque russe, pousse la porte de l'établissement. Ayant des notions de russe dues à ses origines, on lui confie le client. Ils se revoient, et Anora découvre l’argent facile et un univers de luxe. Mais Vanya est surveillé par le prêtre orthodoxe à la demande de ses parents qui ne voient pas d’un bon œil cette relation qui devient sérieuse : les choses vont bientôt dérailler.
Le scénario et l’œil de Sean Baker prennent des chemins de traverse inattendus qui, en prenant le parti de l’héroïne, brocardent une Amérique corrompue par l’argent, des religieux opportunistes et des ultrariches suffisants et méprisants. C’est tout un monde idéalisé qui en prend pour son grade.
Situé dans la communauté russophone de Coney Island, Anora dépeint un univers mafieux, avec virées et courses nocturnes dans un New York peuplé d’hommes de main patibulaires. Sean Baker revisite ainsi au second degré des figures classiques du cinéma américain qu’il aime. Le film recoupe par ailleurs la thématique sexuelle, particulièrement présente cette année à Cannes.
Cette Palme d’or un rien provocante est aux antipodes du glamour et des paillettes cannoises. Dans l’absolu, le film est, à nos yeux, secondaire par rapport à de belles œuvres que plus d’un festivalier espérait voir au palmarès. Une Palme d’or qui confirme le désaccord persistant à chaque Festival entre le jury et la critique. L’important demeure que le public s'y retrouve quand le film se retrouvera sur les écrans.