FRANCE : DECES D’HERVE BOURGES, GRANDE FIGURE DES MEDIAS ET DE LA FRANCOPHONIE

24 - Février - 2020

Hervé Bourges, grande figure de l’audiovisuel français et fervent défenseur de la francophonie, est décédé dimanche à l’âge de 86 ans, a-t-on appris auprès de proches.
Il est décédé dans un hôpital parisien, entouré de son épouse et de proches, a notamment indiqué à l’AFP Olivier Zegna-Rata, qui fut son directeur de cabinet au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).
Personnage inclassable aux multiples facettes, journaliste, patron successif des chaînes de télévision TF1, France 2 et France 3, et de radio (RFI), Hervé Bourges avait été à la tête du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de 1995 à 2001.
Né le 2 mai 1933 à Rennes (Ille-et-Vilaine), il sort diplômé de l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ) en 1955 et commence sa carrière au journal Témoignage Chrétien qui milite contre la guerre d’Algérie.
Deux ans plus tard, il est appelé sous les drapeaux pour son service militaire en Algérie où on lui confie l’organisation du théâtre aux armées. À son retour en France en 1960, il entre au cabinet d’Edmond Michelet, garde des Sceaux du général de Gaulle et, à ce titre, rend régulièrement visite aux chefs du Front de libération nationale (FLN) algérien emprisonnés au château de Turquant, parmi lesquels Ahmed Ben Bella.
Lorsque celui-ci, après l’indépendance, devient en 1963 le premier président de l’Algérie, il demande à Hervé Bourges de devenir son conseiller.
« Ni l’un ni l’autre »

Après sa chute, en 1965, Hervé Bourges choisit de rester en Algérie comme conseiller du ministre de l’Information Bachir Boumaza. Un temps arrêté et même emprisonné dans les geôles algériennes, il ne devra sa libération qu’à l’intervention conjuguée du cardinal Duval à Alger et, à Paris, du jeune Jacques Chirac, alors conseiller du Premier ministre Georges Pompidou.
Accusé tour à tour de traîtrise par les nostalgiques de l’Algérie française ou, au contraire, d’être une barbouze infiltrée par les Français, Hervé Bourges répondra bien plus tard : « Je n’étais ni l’un ni l’autre. J’étais simplement quelqu’un qui essayait de rendre service à l’Algérie et de donner une image de la France qui soit convenable ».
Après son départ mouvementé d’Algérie, il rebondit en créant l’École de journalisme de Yaoundé, au Cameroun.
En 1976, il devient directeur puis président de l’ESJ de Lille et prend successivement la direction de trois grands médias français : RFI (Radio France Internationale), TF1 (jusqu’à sa privatisation en avril 1987) puis Antenne 2 et FR3 jusqu’en septembre 1992 où les deux chaînes publiques deviennent le groupe France Télévisions.
Il ne se présentera pas à sa propre succession, faute d’un appui de la nouvelle majorité de droite en 1993. Après deux années passées comme ambassadeur de France auprès de l’Unesco, il est désigné en janvier 1995 président du Conseil supérieur de l’audiovisuel par le président François Mitterrand.
Hervé Bourges, certes marqué « à gauche », entretient cependant d’excellentes relations « à droite » notamment avec Édouard Balladur qui lui propose un poste d’ambassadeur à Dakar ou Jacques Chirac qui veut faire de lui son ministre de la Coopération. Il décline et s’occupe de la francophonie : il devient président de l’Union internationale de la presse francophone en 2001.
Ce fin observateur du monde politico-médiatique est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés au Tiers-Monde (« Les 50 Afriques », en collaboration avec le journaliste Claude Wauthier, 1979) ou à son expérience audiovisuelle (« Une chaîne sur les bras » 1987, « La Télévision du public » 1993), mais également autobiographiques : « De mémoire d’éléphant » sur l’Algérie et en 2016 : « J’ai trop peu de temps à vivre pour perdre de peu ; Abécédaire intime ».
Il avait signé en 2012 un dernier documentaire « l’Algérie à l’épreuve du pouvoir », avec le réalisateur Jérôme Sesquin.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

09 - Avril - 2018

Refus d’attribution de la licence télévision à Baba MAAL: Quand Macky Sall fait chanter le Dandé Lénol

Le lead-vocal de «Dandé Lénol», Baba Maal, veut avoir sa télévision. Et il aurait même déjà acquis le matériel. Mais, les...

06 - Avril - 2018

Décès de Véronique Colucci : le monde de la culture salue l'ambassadrice des Restos du cœur

L'épouse de Coluche de 1975 à 1981 s'est éteinte ce vendredi 6 avril des suites d'une longue maladie. La militante a été décorée de la...

02 - Avril - 2018

Le poing levé, Winnie Mandela est aux côtés de son mari, qui sort de 27 ans de prison. Winnie et Nelson n'ont vécu ensemble que quatre ans. Quatre ans après leur...

28 - Mars - 2018

DECES DE MAMADOU DIOP: MESSAGE DE CONDOLEANCES DE TANOR

Absent du Sénégal, j’ai appris, avec une profonde douleur, la triste nouvelle du décès de Monsieur Mamadou DIOP, ancien ministre, ancien Maire de Dakar, et...

26 - Mars - 2018

DÉCÈS DE MAMADOU DIOP, ANCIEN MAIRE DE DAKAR

L’homme politique Mamadou Diop, maire de Dakar de 1984 à 2002, et ancien ministre de la Santé publique, est décédé lundi à l’âge de 81...