Guinéé: Le projet de 3e mandat de Alpha Condé conduit le pays vers la catastrophe

15 - Octobre - 2019


La Guinée a vécu une journée mémorable hier lundi. Les manifestations appelées par le Front national de la défense de la Constitution (FNDC) pour s’opposer au tripatouillage de la Constitution pour permettre à Alpha Condé de briguer un troisième mandat ont paralysé toutes les activités du pays, tout s’est arrêté brusquement dans le pays. Surtout au niveau de la capitale Conakry et les grandes agglomérations comme Kindia, Boké, Labé, Mamou ou Nzérékoré. Kaloum, le quartier des affaires à Conakry qui grouillait d’habitude de monde à longueur de journée est devenu brusquement fantôme hier. Tous les commerçants du marché Niger sont restés chez eux et l’administration bloquée. La même situation prévalait à Madina, le plus grand marché de la capitale. Il était impossible de voir un véhicule dans la circulation. Les manifestants qui ont envahi la ville avant l’aube ont occupé tous les points stratégiques de la capitale et notamment les carrefours, brûlant des pneus et affrontant les forces de l’ordre. Le confinement chez eux des leaders de l’opposition comme Cellou Dalein Diallo de l’UFDG ou Sidya Touré de l’UFR par le pouvoir qui a envoyé la police et la gendarmerie encercler leurs domiciles pour leur empêcher de prendre part aux manifestations n’a pas eu d’effet. Cela a même semblé galvaniser la population.
Acculés par les manifestants qui étaient déterminés à en découdre avec eux, les agents de la police ont tiré, parfois, à balles réelles pour faire face à la furie populaire. A l’arrivée, il y a eu quatre morts au niveau de Conakry, et comme d’habitude ils sont tous des peuls. On signalera un autre mort à Mamou, un gendarme en l’occurrence. Mais, cela n’a pas découragé les manifestants qui ont poursuivi la lutte. Vers 16 heures, il n’y avait pratiquement aucun barrage policier dans la ville de Conakry, ils avaient tous levé leurs camps pour replier dans leurs casernes.
Constatant le chaos dans le pays, Alpha Condé a lancé, à travers la télévision nationale, un appel au dialogue. Mieux, il a appelé tard dans la nuit le leader de l’UFDG, chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo pour ouvrir immédiatement ce dialogue qui, selon lui, permettra d’achever le processus des élections locales, bloqué depuis plus d’un an par la mauvaise volonté de Alpha Condé qui ne veut pas que les conseils de quartier et régionaux soient installés parce que les ayant perdus, d’assainir le fichier électoral, l’une des principales revendications de l’opposition et organisé les législatives pour renouveler l’Assemblée nationale dont le mandat des députés est terminé depuis janvier dernier. Réponse du leader de l’UFDG : ‘’On avait voulu éviter ce chaos au pays, tu n’as pas voulu. Maintenant, il sera très difficile de négocier quelque chose à l’état actuel des choses. Et en plus, ce n’est pas mon parti l’UFDG qui a appelé les Guinéens à manifester, c’est le FNDC. Et actuellement, tous les leaders du FNDC sont arbitrairement en prison. Donc il est impossible d’ouvrir des négociations quelconques tant que ces leaders croupissent en prison. Mieux, il faut faire une déclaration pour annoncer ta décision de renoncer au changement de la Constitution et de ton projet de troisième mandat. En attendant tout cela, les manifestations vont continuer’’.
En clair donc, la Guinée file vers la catastrophe. En fait les manifestants envisagent désormais de s’attaquer aux compagnies minières, présentes dans le pays pour mettre en péril l’économie. Cette catastrophe est d’autant inévitable parce que la communauté internationale reste indifférente à la situation : ni la CEDEAO, ni l’Union africaine moins encore l’Union européenne ou l’ONU n’ont réagi pour tenter de juguler la crise.
A signaler que le chef d’Etat major de l’Armée avait sorti, à la veille, un communiqué pour demander aux militaires de ne pas intervenir lors des manifestations et de rester dans les casernes, demandant aussi la police et la gendarmerie de faire preuve de patriotisme lors de leurs interventions. Cette sortie en dit long sur le danger qui pèse aujourd’hui sur la Guinée.

Mamadou Alpha Diallo (infos15.com)

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