HENRI LOPES : « SENGHOR A DES LIMITES, MAIS IL AURA EU LE MERITE DE… »
Henri Lopès est sans doute l’un des plus grands écrivains africains. Originaire du Congo, il y avait été Premier ministre, ministre des Affaires étrangères avant d’être nommé ambassadeur à l'Unesco. Dans un entretien avec Lepoint, est revenu sur la place de Léopold Sédar Senghor dans son panthéon littéraire et politique.
« Sans Senghor, Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Langston Hughes, Nicolas Guillen, je n'aurais jamais écrit. Modelé dans le moule de l'Université française, je pensais, pour paraphraser La Bruyère, que tout avait été dit et que je venais trop tard. Or, la lecture de La nouvelle anthologie de la poésie noire et malgache de Senghor a ébranlé mes certitudes et a constitué mon chemin de Damas. Elle m'a révélé des individus, des paysages. Le monde des deux saisons, celui de la Croix du Sud, des odeurs, des rythmes et des sons étaient absents du monde des livres et qu'il fallait leur y ménager leur place. En ce qui concerne le personnage politique, Senghor, comme tous les politiques, a des limites, mais il aura eu, avec Nyerere et quelques autres, le mérite de donner l'exemple de savoir se retirer de la scène politique, d'en partir à temps avec tous les honneurs, sans attendre d'être défenestré. »
Lansana SYLLA