IMMIGRATION CLANDESTINE : COMME CEUX DU SENEGAL, LES MIGRANTS ALGERIENS AFFLUENT SUR LES COTES ESPAGNOLES

31 - Octobre - 2020

L’immigration clandestine fait la une de l’actualité au Sénégal. Plusieurs jeunes désespérés s’agglutinent dans des pirogues, au prix de leur vie, à la recherche d’un meilleur avenir, en Espagne. Le phénomène ne touche pas que le Sénégal. « Depuis le début de l’été, près de 2 500 Algériens ont rejoint les côtes de la région de Murcie. C’est déjà plus que les 1 900 migrants arrivés durant tout 2019, alors que les principaux mois d’activité de la+route algérienne+ vers l’Espagne s’étalent d’ordinaire d’octobre à décembre. Aux Baléares, plus de soixante embarcations avec près de 900 personnes à bord ont aussi accosté dans l’archipel. Un autre record. Et à Almeria, en Andalousie, des mafias proposent la traversée en moins de cinq heures pour 3 000 euros dans des embarcations ultrarapides. Au total, l’exode algérien représente, selon le dernier bulletin de l’Agence européenne de garde-frontières Frontex, les deux tiers des traversées de migrants en Méditerranée occidentale », lit-on dans un reportage que Le Monde a consacré à la recrudescence de l’immigration clandestine.
Nabil Damane, 37 ans, est un migrant algérien rencontré dans un centre de la Croix-Rouge, en Espagne, par mon confrère. Nabil attendait l’arrivée de son cousin, qui descend de Nîmes pour le chercher et le ramener à Amiens, en France. « Ma femme et mes enfants m’y attendent, raconte l’homme... J’ai été expulsé en décembre 2019 car je n’ai pas de papiers. A Alger, j’ai entendu que quelqu’un préparait un voyage en bateau depuis Chlef [à 200 km à l’ouest de la capitale]. Ça m’a coûté 500 euros. On était dix-sept dans un Zodiac de 6 mètres, avec trois femmes et un enfant de 3 ans. On a mis quinze heures », détaille-t-il dans le journal français.
Fuir l’Algérie, pour lui, est une évidence. « Là-bas, il n’y a pas de boulot, pas de vie. L’Etat contrôle tout. Il faut être pistonné, faire partie d’une bonne famille. Si tu es pauvre, tu es condamné à attendre la mort. Et pourtant, notre pays est riche en pétrole, en gaz, en diamant, mais l’Etat et ses généraux accaparent tout », résume-t-il, amer.
Djilali lui, a embarqué avec douze compatriotes à bord d’un canot pneumatique de 4,80 mètres, équipé d’un moteur de 30 chevaux, acheté en commun pour 1 500 euros. Le flash leur a bien servi pour avancer dans la nuit durant les vingt heures d’une traversée de 150 kilomètres jusqu’aux criques de la ville portuaire de Carthagène. Désormais, Djilali n’en a plus besoin. « Je vais à Bordeaux rejoindre mon frère, explique-t-il en souriant. J’aurai un avenir. En Algérie, on ne peut pas sortir de la pauvreté, le système est pourri et moi, au mieux, je gagnais 5 euros par jour pour conduire des camions de poissons. »
Comme on peut le constater, la mal gouvernance est l’une des principales causes profondes de l’immigration clandestine des jeunes Algériens...comme les jeunes Sénégalais.
Cheikh Sidou SYLLA

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