IMMIGRATION CLANDESTINE : COMME CEUX DU SENEGAL, LES MIGRANTS ALGERIENS AFFLUENT SUR LES COTES ESPAGNOLES
L’immigration clandestine fait la une de l’actualité au Sénégal. Plusieurs jeunes désespérés s’agglutinent dans des pirogues, au prix de leur vie, à la recherche d’un meilleur avenir, en Espagne. Le phénomène ne touche pas que le Sénégal. « Depuis le début de l’été, près de 2 500 Algériens ont rejoint les côtes de la région de Murcie. C’est déjà plus que les 1 900 migrants arrivés durant tout 2019, alors que les principaux mois d’activité de la+route algérienne+ vers l’Espagne s’étalent d’ordinaire d’octobre à décembre. Aux Baléares, plus de soixante embarcations avec près de 900 personnes à bord ont aussi accosté dans l’archipel. Un autre record. Et à Almeria, en Andalousie, des mafias proposent la traversée en moins de cinq heures pour 3 000 euros dans des embarcations ultrarapides. Au total, l’exode algérien représente, selon le dernier bulletin de l’Agence européenne de garde-frontières Frontex, les deux tiers des traversées de migrants en Méditerranée occidentale », lit-on dans un reportage que Le Monde a consacré à la recrudescence de l’immigration clandestine.
Nabil Damane, 37 ans, est un migrant algérien rencontré dans un centre de la Croix-Rouge, en Espagne, par mon confrère. Nabil attendait l’arrivée de son cousin, qui descend de Nîmes pour le chercher et le ramener à Amiens, en France. « Ma femme et mes enfants m’y attendent, raconte l’homme... J’ai été expulsé en décembre 2019 car je n’ai pas de papiers. A Alger, j’ai entendu que quelqu’un préparait un voyage en bateau depuis Chlef [à 200 km à l’ouest de la capitale]. Ça m’a coûté 500 euros. On était dix-sept dans un Zodiac de 6 mètres, avec trois femmes et un enfant de 3 ans. On a mis quinze heures », détaille-t-il dans le journal français.
Fuir l’Algérie, pour lui, est une évidence. « Là-bas, il n’y a pas de boulot, pas de vie. L’Etat contrôle tout. Il faut être pistonné, faire partie d’une bonne famille. Si tu es pauvre, tu es condamné à attendre la mort. Et pourtant, notre pays est riche en pétrole, en gaz, en diamant, mais l’Etat et ses généraux accaparent tout », résume-t-il, amer.
Djilali lui, a embarqué avec douze compatriotes à bord d’un canot pneumatique de 4,80 mètres, équipé d’un moteur de 30 chevaux, acheté en commun pour 1 500 euros. Le flash leur a bien servi pour avancer dans la nuit durant les vingt heures d’une traversée de 150 kilomètres jusqu’aux criques de la ville portuaire de Carthagène. Désormais, Djilali n’en a plus besoin. « Je vais à Bordeaux rejoindre mon frère, explique-t-il en souriant. J’aurai un avenir. En Algérie, on ne peut pas sortir de la pauvreté, le système est pourri et moi, au mieux, je gagnais 5 euros par jour pour conduire des camions de poissons. »
Comme on peut le constater, la mal gouvernance est l’une des principales causes profondes de l’immigration clandestine des jeunes Algériens...comme les jeunes Sénégalais.
Cheikh Sidou SYLLA