IN MEMORIAM DU GRAND MAWDO : 2009 – 2025 (PAR BEN YAHYA SY)

25 - Janvier - 2025

« Le Sénégal ne m’appartient pas, mais moi j’appartiens au Sénégal, d’un mouvement aussi naturel que l’air que je respire, ici ou hors d’ici, que je le veuille ou non. »

Le 25 janvier 2009 est une date qui reste gravée dans les annales de notre histoire récente avec le décès du Président Mamadou Dia, premier Président du Conseil de Gouvernement de la république du Sénégal, le poste qu’il a été le premier et le dernier a avoir occupé dans l’Histoire politique du Sénégal.
Le Grand Maodo est intimement lié à la naissance de la République du Sénégal pour en être le père de son indépendance et le concepteur de nos Institutions.
Le grand patriote, conscient des enjeux de l’heure annonçait la couleur, le 25 novembre 1958 après le vote par la Constituante, qui avait pouvoirs d’Assemblée législative d’établir la constitution de l’État du Sénégal, qui sera de caractère républicain à Saint Louis. Du haut de la tribune, il déclarait : « Nous voulons désormais que l’on nous traite comme des citoyens majeurs. Il faut que tous comprennent la portée de ce choix qui engage notre avenir, celui de nos enfants ; dans la voie prometteuse de notre émancipation nationale, sur le chemin de l’indépendance, qui sera une indépendance réelle, acquise par notre travail, notre sueur, notre volonté de construire. »
Sa philosophie politique est de plus en plus revendiquée sous un angle purement populiste avec des slogans creux. Toutes ces thématiques soulevées par les actuels tenants du pouvoir au Sénégal, ne sont ni nouveauté ni une ingénieuse idée, mais juste une rhétorique pour masquer l’absence d’un cap clairement établi. Mamadou Dia est avant tout une théorie adossée à une action qui place le Sénégal au-dessus de l’intérêt personnel. La fameuse circulaire 32 adressée aux Ministres, Commissaire général au plan et Gouverneurs de l’époque en est une parfaite illustration.
Autre fait marquant, le 6 décembre 1958, par un discours radiodiffusé, il intervint en des termes forts, suite à des grèves répétées et des rapports heurtés avec les syndicats : « Nous voulons sans faiblesse, conduire le Sénégal dans la voie du développement intégral et harmonisé. C’est là le salut ! (…) J’irai plus loin, je voudrais demander à chacun, à quelque poste qu’il se trouve, de se faire un devoir impérieux de travailler davantage et de travailler mieux. Sans cette mystique du travail, nous ne réussirons pas. Dans un pays sous-développé comme le nôtre, le capital résultant du travail de la nation entière est le gage indispensable du développement. »
Il avait le Sénégal chevillé au corps, hautement conscient de sa responsabilité historique de conduire les destinées d’un pays qui faisait ses premiers pas sur la scène internationale et encore fragile de l’intérieur d’où cet « amour obsessionnel » pour cette terre, sa population et surtout sa souveraineté non négociable. C’est ainsi qu’il se retrouvait dans la ligne du congrès de Bandoeng qui donnait naissance au non-alignement contrairement à Léopold Sédar Senghor son alter ego et compagnon qui lui a mis les pieds à l’étrier en politique à la fin de la seconde guerre mondiale avant que les événements du 17 décembre 1962 ne marquent la rupture définitive en les deux. La souveraineté économique, monétaire, alimentaire, politique et en termes de défense était la charpente de son action gouvernementale. Il a été le premier a avoir posé la question de la présence militaire française au Sénégal avec le Gouverneur Pierre Lami et entre 1961 et 1962, des mesures hardies seront prises avec la révision des accords monétaires, l’allègement par étapes de l’assistance technique aussi bien civile que militaire avec « une liquidation progressive » et une diversification des relations internationales par une diplomatie sans « fracas » entre autres.
Un poète écrivait « Se rappeler, c’est fleurir sa mémoire d’un bien doux souvenir. Le temps passe mais n’effacera jamais dans nos cœurs ce que tu as été pour nous. »
En cette date anniversaire, nous tenions à rappeler son amour pour le Sénégal, son sens élevé des responsabilités, sa posture d’Homme, sa droiture et surtout son intransigeance quand les situations l’exigeaient.
Nous pensons à lui aujourd’hui et à ce grand monument qui a joué un rôle prépondérant à l'aube de notre accession à la souveraineté internationale et qui n’a surtout pas sculpté sa propre voie pour sortir du ravin au nom de sa propre gloire.

Ben Yahya SY
Discipline et petit-fils du Maodo

 

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