INDÉPENDANCE DE LA JUSTICE, CMS : LES VÉRITÉS DE TELIKO

12 - Juillet - 2020

Devant le Jury du dimanche, le président de l’Union des magistrats du Sénégal, s’est prononcé, sans langue de bois, sur le fonctionnement de la Justice. Souleymane Téliko révèle à qui veut l’entendre que toutes les conditions ne sont pas réunies pour que la Justice puisse exercer son indépendance. Cela, poursuit-il, c’est un problème d’équilibre des pouvoirs.

Selon lui, dans l’articulation des rapports entre la Justice et l’exécutif, il y a deux impératifs qu’il faut tenir en compte. Le premier, c’est de reconnaitre à l’exécutif tous les pouvoirs, toutes les prérogatives nécessaires à l’organisation du secteur de la Justice. Le second impératif, c’est de faire en sorte que l’exercice de ce premier pouvoir dévolu à l’exécutif ne conduise pas à remettre en cause l’indépendance de la Justice. « Et c’est là où il y a un problème au Sénégal. Le premier, c’est le parquet. Tel que s’est fait, le ministre a la possibilité de s’immiscer dans les affaires judiciaires. Le parquet est une autorité judiciaire qui a des attributions juridictionnelles, qui peut ordonner des arrestations, requérir le mandat de dépôt, exercer des voies de recours qui maintiennent la personne en détention. Quand vous mettez une telle autorité sous la subordination de l’exécutif, indirectement vous donnez à l’exécutif la possibilité d’avoir une influence sur le traitement des affaires judiciaires. Donc , aujourd’hui le ministre peut, par instruction écrite, demander au parquet de requérir dans tel ou tel sens. Cela est une entorse aux principes de la séparation des pouvoirs », a expliqué le président de Chambre à la Cour d’appel de Thiès.

A son avis, cette situation de subordination du parquet a deux conséquences dommageables. D’abord, elle permet l’immixtion de l’exécutif dans le traitement des affaires judiciaires. Et ensuite, il nuit à l’image de la Justice toute entière. Cette subordination, renchérit-il, fait peser sur le parquet et par ricochet sur toute la justice un soupçon permanent et de collision avec l’exécutif. « Nous avons sollicité une réforme dans ce sens qui consiste à modifier le Code de procédure pénale et à enlever toutes les dispositions qui permettent à un ministre de la Justice de donner des instructions dans telle ou telle affaire. Le ministre de la Justice devrait se contenter de donner des circulaires pour tracer les grandes lignes de la politique pénale et laisser à chaque procureur le soin de décider librement du traitement des affaires judiciaires »

S’agissant du Conseil supérieur de la magistrature ,Souleymane Téliko plaide pour la modification de sa composition. « Ce que nous avons proposé c’est que ce conseil soit dirigé par des magistrats. Que l’exécutif ne puisse plus siéger au sein Conseil supérieur de la magistrature. Rien ne justifie la présence du ministre de la Justice au sein du Conseil supérieur de la magistrature », explique-t-il. Et d’ajouter : « Pour la composition aussi, nous avons sollicité une proportion plus importante de membres élus. Nous estimons simplement que pour les attributions, le pouvoir de proposition devrait revenir aux membres du Conseil. Aujourd’hui, c’est le ministre qui propose aux postes de nomination ».
emedia

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

16 - Décembre - 2022

Plainte de Mame Mbaye Niang : Sonko maintient ses accusations et attend une convocation du Tribunal

Le président de Pastef, Ousmane Sonko est retourné hier jeudi à la Division des investigations criminelles (Dic), dans l’affaire l’opposant à l’actuel...

16 - Décembre - 2022

Rebondissement dans l’affaire du vol de tickets-restaurant à l’IPRES

Du nouveau dans le scandale qui éclabousse l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES). Il s’agit d’une mafia organisée autour des...

15 - Décembre - 2022

FIN DE L’AUDITION DES DÉPUTÉS DU PUR : MASSATA SAMB ET MAMADOU NIANG SE SONT DÉSISTÉS DE LEUR PLAINTE PROVISOIREMENT ET SERONT PRÉSENTÉS AU PROCUREUR CE JEUDI

L’audition des députés Massata Samb et Mamadou Niang à la Brigade des affaires générales a été bouclée. D’après les...

15 - Décembre - 2022

RAPPORT COUR DES COMPTES : BIRAHIME SECK ÉVOQUE UN « MASSACRE FINANCIER » ET INTERPELLE MACKY SALL

"Il est inadmissible de constater qu’au moment où les populations sont torturées dans les rues, d’autres confinées avec le stress, des agents de...

15 - Décembre - 2022

Fonds Covid : 19 milliards égarés, l’agence et les trois ministères épinglés identifiés

Dans son rapport sur la gestion des fonds destinés à la riposte de Covid-19, la Cour des comptes a constaté plusieurs anomalie parmi lesquelles, la prise en charge de...