Je condamne avec la dernière énergie l’esclavage en Libye (Par Ibrahima Thiam)

22 - Novembre - 2017

La diffusion, il y a quelques jours, par la chaîne américaine CNN d’un documentaire sur une vente aux enchères de migrants africains en Libye à scandalisé le monde. En voyant ces images épouvantables on avait le sentiment de revenir plusieurs siècles en arrière, au temps de la traite négrière. Bien sûr le reportage a suscité une multitude de réactions révoltées un peu partout mais on était en droit d’espérer davantage de la part de certains dirigeants africains. On peut cependant se féliciter de l’indignation exprimée par le président en exercice de l’Union Africaine, le guinéen Alpha Condé et le gouvernement sénégalais. C’est à leur honneur. Il est d’ailleurs question que ce sujet soit à l’ordre du jour du prochain sommet Union Africaine-Union Européenne des 29 et 30 novembre prochains à Abidjan.
Assister impuissant à la présentation de « garçons grands et forts pour le travail de ferme pour un prix de 1 200 dinars libyens » l’équivalent d’environ 400 dollars était en effet proprement insoutenable. De telles scènes ont fait l’effet d’un épouvantable cauchemar dans l’inconscient collectif africain qui ne s’est jamais remis des siècles de déportation et d’exploitation du peuple noir.
L’histoire de l’esclavage remonte à loin si l’on songe à la Rome antique puis plus récemment à la période coloniale et à la traite des anglais et des français au XVIIe et XVIIIe siècles. Mais nous ne devons pas oublier qu’à partir du VIIe siècle et jusqu’à la fin du XIXe siècle s’est aussi mis en place un système de traite des Noirs d’Afrique par caravanes à travers le Sahara et par mer à partir des comptoirs d’Afrique orientale. Les esclaves noirs représentaient alors un enjeu commercial dans les sociétés arabes, que ce soit à l’armée, dans les mines ou aux champs.
Avec ce qui se passe en Libye on a l’impression de voir le passé ressurgir de plus belle avec ces passeurs, sans foi ni loi, qui après avoir dépouillé les migrants de leurs maigres moyens contre la promesse d’une traversée de la Méditerranée afin accéder aux côtes européennes, les vendent comme une vulgaire marchandise sur des marchés. On peut ainsi y acheter là des soudanais, des guinéens, des maliens, des érythréens, des ivoiriens, des somaliens, etc. On avance des chiffres effrayants.
Cette situation doit interpeler certains dirigeants africains dont la gestion calamiteuse est à l’origine de l’exil souvent mortel de leurs compatriotes et de l’enfer vécu par les populations noires. Pour ma part en qualité de président d’UN AUTRE AVENIR, en même temps que je condamne avec la dernière énergie cette pratique d’un autre âge (et pourtant plus actuelle que jamais) j’en appelle à des changements profonds dans la politique conduite aujourd’hui au Sénégal. Il est en effet essentiel de réaliser les réformes indispensables au pays qui permettront à chaque sénégalais de vivre au pays décemment, dans la dignité. C’est seulement dans ces conditions que nos compatriotes renonceront à prendre le chemin de l’exil avec ses terribles souffrances.

Ibrahima Thiam
Président UN AUTRE AVENIR

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

03 - Juillet - 2022

Vandalisme en milieu scolaire : « Les parents doivent être punis et les élèves définitivement exclus … », Moustapha Diakhaté

L’ancien ministre-conseiller, Moustapha Diakhaté estime que la responsabilité des parents sur le saccage du Lycée de Yoff ne doit pas être écartée....

03 - Juillet - 2022

REPORT DE LA MANIF DE YAW : LES RÉVÉLATIONS DE ALIOU TINE

Invité de l’émission Jury du Dimanche sur Iradio dimanche 03 juin, Alioune Tine explique les raisons du report de la manif du 29 juin de l’opposition mais...

03 - Juillet - 2022

61e sommet de la CEDEAO : Macky Sall a quitté Dakar ce dimanche pour Accra

Le Président Macky Sall a quitté Dakar ce dimanche 3 juillet pour prendre part au 61e sommet de la CEDEAO à Accra, au Ghana. Le sommet examinera, entre autres, des...

02 - Juillet - 2022

20 personnes mortes de soif en plein désert

ingt corps sans vie ont été retrouvés, ce Mercredi, en plein désert libyen près de la frontière avec le Tchad par les services de secours. La branche...

02 - Juillet - 2022

Nioro : un homme d’une cinquantaine d’années retrouvé pendu à Darou Salam

Un homme d’une cinquantaine d’années ne jouissant pas de toutes ses facultés mentales a été retrouvé mort pendu à Darou Salam, une commune de...