L'ANCIEN PROCUREUR DE LA CRI ALIOUNE NDAO DÉBALLE TOUT SUR LES RAISONS DE SON LIMOGEAGE

24 - Octobre - 2022

On commence à en savoir un peu plus sur les raisons du limogeage de l'ancien Procureur spécial de la CREI Alioune Ndao. Ce dernier qui est sorti de sa réserve ce week-end a donné des détails sur sa défenestration. On se rappelle que c’est lui qui avait arrêté Karim Wade, dans l’affaire de la traque aux biens mal acquis et que son limogeage est survenu en pleine audience sans qu'il ne soit préalablement donc informé.
''J’étais à couteaux tirés avec le ministre de la Justice Sidiki Kaba et avec le Président Macky Sall même, confie Alioune Ndao dans un entretien qu'il a accordé au journal Les Echos.
Et de poursuivre :''En fait, l’affaire remonte à plus loin que cela. Parce que j’ai eu un contentieux avec le ministre de la Justice d’alors Sidiki Kaba et le Président Macky Sall ! L’impression que nous avons eue avec la nomination de Sidiki Kaba, c’est qu’il a été nommé afin de mettre fin à la traque. C’est la perception que nous avions, pas de manière officielle, mais officieuse. Et d’ailleurs, j’ai interpellé Monsieur le Président de la République un jour, lors d’une audience. Je lui ai dit Monsieur le Président, pourquoi vous avez nommé monsieur Sidiki Kaba, alors qu’il était dans le dossier Karim Wade ? Il m’a répondu qu’il ne le savait pas. Je ne l’ai pas cru. Et ça s’est arrêté là. Et donc, à la fin, j’ai eu des difficultés avec le ministre Kaba; on était à couteaux tirés et même avec le Président de la République lui-même.
Le magistrat révèle : ''Le Président m’a appelé un soir, lorsque l’affaire Karim Wade a été pliée, et c’est là où il y a eu une grave injustice à l’encontre de Karim Wade. Lorsque cette affaire a été pliée, j’ai senti des réticences de la part du pouvoir exécutif pour la poursuite des autres dossiers. On a commencé par l’affaire Tahibou Ndiaye. Le Président m’a appelé jusqu’au palais, heureusement que j’ai eu l’intelligence d’emmener Antoine Diome avec moi, donc il est témoin de ce que je dis, en ce moment, il m’a dit : Il paraît que Tahibou ne jouit pas de ses facultés mentales; je lui dis: mais non Monsieur le Président, il est plus sain d’esprit que vous. Il m’a dit : est ce qu’il n’y a pas possibilité...''
Sa réponse au président : ''Force doit rester à la loi''. La seconde fois que le président l'a appelé c'était à propos du dossier de Abdoulaye Baldé, indique t-il.
''Ensuite la seconde fois, c’était l’affaire Abdoulaye Baldé. Là également, il m’a appelé au palais pour me dire laisse Abdoulaye Baldé. Je dis non, je ne vais pas le laisser, Monsieur le Président! J’ai déjà fait l’enquête et je vais terminer ma procédure'', déballe t-il avant d'évoquer le cas Aïda Diongue qui aurait envoyé par deux fois quatre milliards de francs du pays, ce qui fait en tout 8 milliards.
''J’avais vu que la dame avait fait sortir du territoire national deux fois quatre milliards, qui avaient été versés dans deux emprunts obligataires, en Côte d’Ivoire, donc cela faisait huit milliards. Je voulais savoir si les autres n’avaient pas fait la même chose. Et j’avais demandé à l’équipe d’enquêteurs de la police, dirigée par l’ancien patron Bocar Yague de mener des investigations dans les quatre plus grandes banques de ce pays: la BICIS, CBAO, SGBS, j’ai publié le quatrième. Et lorsque le Président a été informé de cela, il m’a appelé pour me dire: Monsieur le Procureur spécial, on me dit que vous êtes en train de créer la zizanie; je lui dis non Monsieur le Président, ce n’est pas la zizanie. Lorsque je lui ai expliqué, il a dit ah bon, c’est comme ça ? Je lui dis oui. Pour toute réponse, il m’a dit non, après les enquêtes, vous me donnez les résultats comme ça je vais les tenir sur le plan politique. Je me suis dit, mais pour qui il me prend ce monsieur ? Il oublie déjà que j'ai fait l’enquête et je vais terminer ma procédure''.

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