L’avocat de François Mancabou indexe le Commissaire Bara Sangharé et ses hommes et annonce une plainte

15 - Juillet - 2022

Ousseynou Gaye a indexé le Commissaire Bara Sangharé de la Sureté urbaine et ses hommes comme responsables de la mort de son client. Dans une interview accordée à L’Observateur, la robe noire a annoncé une plainte à la CPI.

« Nous indexons le Commissaire de la Sûreté Urbaine et ses hommes. La plainte sera dirigée nommément contre le Commissaire Bara Sangharé et ses hommes. Nous connaissons les gens qui ont torturé notre client. Aujourd'hui, ils font l'actualité, ils continueront à la faire parce que leurs noms iront jusqu'à la Cour pénale internationale (Cpi), à la Cour de Justice de la Cedeao et dans toutes les notes d’informations. L’histoire retiendra dans ce pays que le Commissaire Bara Sangharé et ses hommes ont torturé un homme jusqu’à sa mort », a dit Me Gaye.

L’acte de décès émis par l’hôpital Principal qui évoque une mort naturelle ne convainc pas Me Ousseynou Gaye. « D'abord, est-ce que vous pouvez voir un médecin d'un hôpital délivrer un avis de décès à la place d'un certificat médical? Personne n'est fou. Vous avez bien vu qu'il s'agit d'un avis de décès. Cet avis de décès, est-ce que c'est pour informer les gens que François Mancabou est décédé ? Est- ce que nous ses avocats et sa famille avons besoin d'être informés par ce moyen-là par l'hôpital ? Non. Nous pensons que tous ceux qui décèdent dans les hôpitaux, on n'avise pas les gens, surtout leurs parents ou avocats, de cette manière ».

L’avocat attende de l'Hôpital (Principal) de délivrer un certificat de genre de mort sans une autopsie, à la limite, pour au moins leur donner la nature et la cause efficiente de la mort de François Mancabou. Mais, selon lui, si l'hôpital ne donne pas ça, c'est parce que tout simplement c'est fait en droite ligne de ce qui s'est fait depuis le début de son arrestation le 17 juin dernier à son domicile. 

« N'oubliez pas que celui qui est actuellement le Directeur de l'Hôpital Principal (le Médecin-Général Mame Thierno Dieng, Ndlr) a été un ministre (de l'Environnement) dans le Gouvernement du régime en place. Je crois savoir quand même que ces obstructions qui ont été notées depuis le début en disent long sur ce qui se fait actuellement. La famille avait déjà demandé à un médecin de faire une contre-expertise et ça a été refusé par le Directeur de l'Hôpital Principal », a-t-il rappelé.

Des actions vont être menées

Me Ousseynou Gaye est prêt à tout pour que lumière soit faite sur les circonstances du décès de son client. Bien que le procureur ait déclaré que Mancabou a violemment cogné le mur et les grilles de la cellule de détention, ces raisons ne sont pas suffisantes pour lui. Il compte mener des actions.

« La première, c'est de saisir la Cour pénale internationale (Cpi) en raison des tortures qui ont été l'objet du décès de Mancabou. Nous allons saisir également le Tribunal judiciaire de Paris pour que toutes les personnes qui ont été à l'origine de ces tortures, si elles entrent dans l'espace Schengen, puissent être arrêtées et auditionnées. Nous allons aussi saisir nos juridictions pour tortures et homicide volontaire sur François Mancabou. Nous ne manquerons pas non plus de saisir la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, les Nations Unies, la Cour de Justice de la Cedcao pour des tortures sur M. Mancabou », a-t-il soutenu. 

Me Gaye ne va pas se limiter là. « Des notes d'informations seront faites à l'égard de toutes les chancelleries, mais également de l'Union européenne (Ue) et de l'Union africaine (Ua). Le Comité des Nations Unies, c'est tout à fait normal, car c'est le Sénégal qui doit faire un rapport chaque année. Donc, le Comité des Nations Unies viendra pour faire son rapport. Et le décès de François Mancabou fera partie quand même des points sur lesquels l'Etat du Sénégal va expliquer ». 

Ce sont là les actions que l’avocat va mener dans le cadre de cette affaire. François Mancabou a été, selon lui, « torturé jusqu'à la mort », parce que simplement il a « refusé » d'apposer sa signature sur un Procès-verbal (Pv) d'audition de police qu'ils ont concocté.

« Quand il est venu à la Sûreté urbaine (Su) du Commissariat Central de Dakar, ils ont arraché son téléphone et l'ont éteint au moment où il tentait d'appeler un avocat pour qu'il vienne l'assister. Jusqu'à ce jour, il n'a pas reçu son téléphone. Ils ont refusé qu'il ait un avocat pour l'assister, alors que le règlement de l'Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine) évite ces tortures-là. S'il avait eu un avocat, il n'allait pas subir ces tortures mortelles. Mais Mancabou a eu un moment de lucidité pour le dire à ses proches avant de sombrer à nouveau dans le coma. Voilà ce qui est arrivé ».

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