L’ELECTION PRESIDENTIELLE DE 2024 AVAIT LES ALLURES REFERENDAIRES (UNIVERSITAIRE)
L’élection présidentielle du 24 mars 2024 avait pris des allures d’un référendum, les électeurs étant appelés à choisir entre la continuité incarnée par le candidat du camp présidentiel, Amadou Ba et la rupture symbolisée par la candidature de Bassirou Diomaye Faye du parti PASTEF, a souligné Maurice Soudieck Dione, professeur agrégé de science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB).
‘’Il s’agissait d’un référendum dont la question était d’être pour ou contre la continuité du régime du président Macky Sall. Les Sénégalais ont voté massivement contre en élisant Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour’’, a-t-il déclaré lors d’un entretien avec l’APS.
Pour l’universitaire, le pouvoir défait en mars 2024, avait beaucoup failli sur les questions de gouvernance, de défense des droits et libertés, poussant les Sénégalais, ‘’foncièrement jaloux de leurs libertés et de leurs acquis démocratiques à le congédier’’.
Un an après l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, Maurice Soudieck Dione soutient que ‘’le président Macky Sall avait fait en sorte qu’on avait touché le fond en matière de prévarications’’.
D’où la volonté, selon lui, d’une grande partie de la population sénégalaise à en tirer les conséquences en portant au pouvoir le candidat de la Coalition Diomaye Président, ‘’plébiscité’’ dès le premier tour, avec un score de plus de 54% des suffrages.
A en croire le politologue, après la présidentielle de mars 2024, les élections législatives du 17 novembre de la même année, ont montré ‘’une maturité certaine du peuple sénégalais, qui a voulu être cohérent avec lui-même dans ses choix politiques en conférant au PASTEF tous les moyens qu’il lui faut pour dérouler son agenda politique et pouvoir réaliser son programme’’.
Interrogé par l’APS, son collègue Moussa Diaw, professeur émérite en Science politique à l’UGB, soutient la même analyse.
‘’A chaque fois qu’il y a une alternance politique au Sénégal, le parti ou la coalition qui dominait perd beaucoup de places dans l’espace politique’’, a-t-il rappelé en laissant attendre que c’est ce qui est arrivé à l’ancienne coalition défaite le 24 mars 2024, puis finalement dissoute après 12 ans de gestion du pouvoir.
Un espace politique dominé par le parti PASTEF
Cette perte de vitesse de l’ancien régime a favorisé la montée en puissance de la coalition Diomaye Président avec comme tête de pont le parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF-Les patriotes), dirigé par le Ousmane Sonko, qui en est le président et par Bassirou Diomaye Faye, son secrétaire général jusqu’à son arrivée au pouvoir.
Cela s’est traduit, en plus de l’arrivée au pouvoir de ce dernier, mais également par la majorité écrasante de 130 députés sur les 165 obtenue par la liste PASTEF lors des législatives du 17 novembre 2024, et ‘’un espace politique dominé par PASTEF’’, a fait observer le professeur Moussa Diaw.
Constatant une fragmentation de l’opposition, le chercheur soutient que ‘’cela accentue les faiblesses de la nouvelle opposition, qui peine à fédérer les leaders autour d’un projet’’.
Face à un pouvoir en roue libre, les deux professeurs en Science politique soutiennent qu’il ‘’y aura naturellement une recomposition de l’espace politique, si l’opposition montre son aptitude à se réorganiser’’.