LA MORT DE MADJIGUENE CISSE, PASIONARIA DU MOUVEMENT DES SANS-PAPIERS

20 - Mai - 2023

Militante d’extrême gauche devenue professeure d’allemand, la figure de proue de l’occupation de l’église Saint-Bernard, en 1996, est morte à Dakar le 15 mai. Elle avait 71 ans.
Si l’expression « sans-papiers » se trouve dans Le Petit Robert, si les immigrés en question ne sont plus invisibles, si l’église parisienne de Saint-Bernard de La Chapelle (18e arrondissement) est, en 1996, entrée dans l’histoire des luttes pour les droits des étrangers en France, c’est en large partie grâce à Madjiguène Cissé, morte à Dakar, le 15 mai, à l’âge de 71 ans. Issue d’une famille populaire sénégalaise, militante d’extrême gauche devenue professeure d’allemand, cette féministe battante au rire éclatant, mère de trois enfants, fut une actrice majeure d’un moment-clé qui, treize ans après la Marche pour l’égalité de 1983 animée par les jeunes issus de l’immigration maghrébine, a inscrit les familles d’origine africaine dans le paysage politique français.
Ni l’occupation de Saint-Bernard par quelque 300 Africains en situation irrégulière, ni l’émotion consécutive à l’irruption dans cette église du quartier de la Goutte-d’Or des forces de l’ordre, à coups de hache merlin, le 23 août 1996, n’auraient sans doute existé sans les convictions de Madjiguène Cissé sur le droit de circulation des anciens colonisés, sans sa volonté farouche d’assurer l’organisation autonome des immigrés à l’égard de leurs soutiens, sans son charisme et son éloquence face aux médias.
En participant consciemment à la popularisation d’un mot – « sans-papiers » –, cette femme de conviction a inversé l’image des immigrés sans carte de séjour : avec cette expression, les « clandestins » sont entrés dans la lumière, les illégaux sont devenus des personnes privées d’un droit. Elle-même reconnaîtra que si le mot a fait mouche, il « assigne [les intéressés] à une position de victime, ce qui est à la fois juste et problématique ». Les « sans-papiers de Saint-Bernard », en suscitant une vague de solidarité et une mobilisation de la gauche, ont probablement compté dans le succès de cette dernière aux législatives de 1997.
AVEC LEMONDE

 

Commentaires
1 commentaires
Auteur : Posté le : 21/05/2023 à 17h23

Repose en paix dans la miséricorde et la grâce d'Allah.
Tu as bien accompli tes missions terrestres pour les droits et libertés de toutes et de tous .
Je me rappellerai toujours de ta détermination à terrasser les forces xénophobes en progression dans cette France oublieuse de l'apport des états nouvellement indépendants de l'Afrique.
A jamais ton nom est retenu par les fidèles de Saint Bernard.

Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

13 - Mars - 2019

IL Y A 20 ANS, LE MONDE DÉCOUVRAIT OUSMANE SOW SUR LE PONT DES ARTS, À PARIS

Il y a 20 ans, le sculpteur sénégalais Ousmane Sow tenait sa rétrospective à Paris, sur le pont des Arts, en mars 1999, une exposition qui a eu une contribution...

13 - Mars - 2019

ABDOULAYE BA, PARRAIN DE LA JOURNEE DES FEMMES DE BAKEL ORIGINAIRES DU MALI

Abdoulaye BA sera au cœur de l’actualité à Bakel, la semaine prochaine. Car les femmes sénégalaises de cette ville, originaires du Mali, l’ont choisi...

12 - Mars - 2019

LES LAURÉATES SÉNÉGALAISES DU FESPACO 2019 FÊTÉES MERCREDI

Le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, va présider mercredi une cérémonie dite "Sargal", au cours de laquelle les cinéastes Angèle Diabang et...

12 - Mars - 2019

LA CÔTE D’IVOIRE VA RENDRE UN "HOMMAGE NATIONAL" À BERNARD DADIÉ

Un hommage national sera rendu à l’écrivain et homme politique ivoirien, Bernard Dadié, décédé samedi à Abidjan à l’âge de...

10 - Mars - 2019

MESSAGE DE CONDOLÉANCES DE L’ADMINISTRATEUR DE LA DSE APR FRANCE À MME ADAMA DIAGNE, ATTACHE D’AMBSSADE A OTTAVA. (SON EXCELLENCE CHEICKH SADIBOU DIALLO)

« Perdre un père, c’est tout un pan de notre vie qui soudain s’effondre et disparaît avec lui. Un père est un père, rien ne peut effacer cette...