La position du chef de l'Etat sur l'âge de la retraite à 65 ans est «un discours populiste pour faire plaisir à la jeunesse», selon Sidiya Ndiaye

04 - Mai - 2021

​Le débat suscité par le refus du chef de l’Etat de porter l’âge de la retraite à 65 ans est loin de connaitre son épilogue. Le président de la Fédération générale des Travailleurs du Sénégal (Fgts), Sidiya Ndiaye, pense que c’est un « discours populiste » pour faire plaisir à une jeunesse en furie ces derniers jours, car frappée par un chômage endémique. Ce mandataire des travailleurs exige donc que cette demande soit prise en compte comme les autres revendications pour la bonne et simple raison que le président Sall aurait violé les principes d’équité.

Le chef de l’Etat Macky Sall a profité de la fête du 1er Mai pour essayer de « rayer » de la liste des revendications des centrales syndicales celle portant sur la prolongation de l’âge de la retraite de cinq ans. « Sur l’alignement de l’âge de la retraite à 65 ans, je ne suis pas favorable. Pour une simple et bonne raison que 77 % de la population a moins de 35 ans. L’Etat ne peut pas continuer à permettre aux séniors de prolonger leur âge de retraite et retarder ainsi l’arrivée sur le marché du travail des jeunes. Les jeunes attendent d’être recrutés. On ne peut donc toujours pas garder les avantages de la fonction publique et vouloir les perpétuer à vie. Ça pose problème », a-t-il vertement répondu à Sidiya Ndiaye de la Fédération générale des Travailleurs du Sénégal (Fgts) dans l’optique de clore le débat sur ce sujet.

Mais le chef de l’Etat, plutôt que de clore le débat, l’a au contraire relancé ! « Je n’ai rien contre les jeunes. D’ailleurs, je félicite le président d’avoir organisé le Conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes. Mais ce discours tenu le 1er mai à l’occasion de la fête du travail n’est qu’un discours populiste pour faire plaisir à la jeunesse. C’est un clin d’œil à la jeunesse frappée par le chômage et complètement en furie. Mais s’il pense que c’est avec ce refus d’aligner l’âge de la retraite à 65 ans qu’il va permettre aux jeunes d’avoir du travail, il se trompe. Car l’Etat ne peut pas recruter tous ces jeunes. Sa mission, c’est de créer les conditions qui pourraient permettre d’avoir assez d’entreprises », a rétorqué Sidiya Ndiaye qui dit maintenir sa position sur sa revendication.

« Je n’avais pas les moyens de répliquer dans la salle, mais je profite de votre journal pour dire au président de la République que je n’ai pas été satisfait de sa réponse et que, donc, je maintiens ma position sur cette revendication qui est une forte demande sociale. Déjà, combien de gens occupent aujourd’hui des postes et qui ont dépassé l’âge de la retraite ? Je ne veux pas citer de noms. Mais tout ce que j’ai à dire c’est que je n’étais pas au palais de la République pour tenir un discours aérien. Je porte les doléances des travailleurs qui m’ont mandaté pour cela. Donc, le débat n’est pas clos. On va d’ailleurs se battre pour avoir gain de cause », a dit M. Ndiaye.

Et de poursuivre : « ce que le président Sall devrait plutôt dire en contre- proposition, c’est qu’on ne peut pas accorder cet alignement à tout le monde à cause de la pénibilité. Là, ce serait une discrimination positive. Mais rejeter la doléance comme ça en bloc… Nous, nous continuons à nous opposer à ce rejet ».

Selon le leader de « Ang Gueusseum », le Président, au lieu de réparer une injustice, a choisi de « rompre » l’équilibre qui lie les travailleurs pour avoir déjà satisfait cette revendication à certaines catégories de travailleurs à savoir les magistrats, les médecins, les pharmaciens et les chirurgiens-dentistes sous prétexte qu’ils font de longues études.

Or, soutient le bouillant syndicaliste, la question de la durée des études est un ‘’faux débat’’. « Il faut dire qu’il y a une rupture d’équilibre et que le président a violé les principes de l’équité. Donc nous exigeons que cette demande soit prise en compte et étudiée », dit Sidiya Ndiaye tout en indiquant que le FNR (Fonds national de retraite) a des difficultés à cause du rétrécissement de son bassin de cotisants.

« Il y a moins de gens qui cotisent pour plus de retraités. Les juniors qui doivent cotiser pour les séniors se raréfient. Donc, si l’Etat ne prend pas certaines mesures dès maintenant, en résorbant ce gap énorme, le FNR va aller en faillite dans quelques années comme cela se passe actuellement en France », confié-t-il dans les colonnes du journal Le Témoin.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

18 - Juillet - 2024

Audition d’Ismaïla Madior Fall : Le juge d’instruction saisi par les deux familles de Fulbert et Didier Badji

Mauvaise nouvelle pour Ismaïla Madior Fall ! Les familles de Fulbert Sambou et Didier Badji qui ne prennent pas à la légère les propos graves qu'il avait tenus sur le...

18 - Juillet - 2024

Horreur au Mali : Une vidéo montre un militaire malien éventrant un cadavre pour manger son foie

Au Mali, une vidéo circule depuis le mardi 16 juillet 2024 sur les réseaux sociaux. On y voit un homme en uniforme militaire malien éventrer un cadavre pour manger son foie....

18 - Juillet - 2024

Tivaouane : Remise des clés de la plus grande mosquée d’Afrique au sud du Sahara au Khalife en septembre

Le mardi 16 juillet 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko a rencontré une délégation de JAMA-ATOUN NOUR ASSOUNIYA, l’association en charge de l’achèvement...

16 - Juillet - 2024

Contrôle et vérification des titres et occupations sur le DPM : le pré-rapport remis au premier ministre

La commission ad hoc chargée du contrôle et de la vérification des titres et occupations sur les anciennes et nouvelles dépendances du Domaine Public Maritime (DPM) dans...

16 - Juillet - 2024

Nombre de ressortissants, emplois… Les chiffres importants de la relation entre la France et le Sénégal

Interrogé lors de son face-à-face avec la presse, Bassirou Diomaye Faye s’est montré prudent sur la question concernant les troupes françaises. Certainement parce...