LACHE PAR L’ETAT : LAMINE DIACK, SEUL FACE A SON DESTIN !

De l’ingratitude ! Ancien président de l’IAAF, ancien maire de Dakar, socialiste dans l’âme, homme généreux (dit-on), ancien inspecteur des impôts… Au vu de ce que représente Lamine Diack pour le Sénégal et pour les Sénégalais, je peine à comprendre l’absence manifeste de soutien de l’Etat et de nos compatriotes de France dans l’épreuve judiciaire qu’il traverse depuis cinq ans maintenant. En effet, depuis l’ouverture de son procès, lundi 8 juin, outre ses proches, peu de Sénégalais viennent l’accompagner ou le galvaniser dans son marathon judiciaire. Les rares compatriotes qui ont assisté au procès sont, entre autres, Sidy Fall, coordinateur du FPDR ; M. Diané, membre de Pastef ; Hameth Sarr et d’Abdoulaye Mbodj, membres de la famille politique de Macky Sall en France ; l’ancien ministre sous Wade, Me Mamadou Makalou (voir les vidéos). L’ambassade du Sénégal en France et le consulat du Sénégal à Paris, eux, ont manifestement d’autres chats à fouetter.
Pourtant si, à 87 ans, l’ancien président de l’IAAF est à la barre de la 32ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris, c’est que la justice le soupçonne d’avoir fermé les yeux sur le dopage d’athlètes russes en échange de pots-de-vin qui auraient, en partie, servi au financement de la campagne électorale de Macky Sall, lors de la présidentielle de 2012. (Lamine Diack a formellement dit, à la barre, qu’il n’avait reçu aucun sou pour le financement de la campagne électorale de Macky Sall.)
« Je n’ai vu ni consul ni ambassadeur »
Lors de l’émission « Jury du dimanche », le ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré que le Sénégal avait apporté son soutien à l’ancien président de l’IAAF : « Lamine Diack a été arrêté en France donc la procédure a été faite en France. Tout ce que l’Etat du Sénégal peut faire c’est par le canal de son consulat, c’est-à-dire apporté une assistance morale », a-t-il dit. Interpellé par Infos15 sur le propos du ministre, l’entourage de Lamine Diack dément diplomatiquement. « Depuis cinq ans, je n’ai vu ni consul ni ambassadeur », explique un de nos interlocuteurs avant d’enchaîner avec cette question qui constitue un indicateur pertinent pour comprendre sa position sur le propos de Malick Sall: « Est-ce normal que Lamine Diack, qui est détenteur d’un passeport diplomatique sénégalais, soit arrêté en France sans que l’Etat ne lève le plus petit doigt ? » Un autre proche de Diack père nous confie qu’il ne veut pas « personnaliser le débat ». Mais à voir sa mine, on comprend aisément que le propos du ministre de la Justice l’a littéralement heurté.
Pour l’heure, Lamine Diack est seul face à son destin, lâché par l’Etat et les Sénégalais, notamment ceux qui ont profité de sa légendaire générosité. La semaine dernière, j’ai eu l’opportunité de discuter avec lui, en aparté, pour me faire une idée sur son état d’esprit. Sa réponse a été expéditive mais forte : « KOU YALLA DINQUE GËM DESSATOULA DARA ». Autrement dit, c’est au plus profond de sa foi qu’il tire les ressources qui lui permettent, à 87, ans de tenir.
Cheikh Sidou SYLLA