Le 12 septembre 1974, l’empereur d’Éthiopie Haïlé Sélassié Ier est déposé en douceur par le Comité de coordination des forces armées, le Derg, après plusieurs mois de manifestations et de grèves.

12 - Septembre - 2024

Le 12 septembre 1974, l’empereur d’Éthiopie Haïlé Sélassié Ier est déposé en douceur par le Comité de coordination des forces armées, le Derg, après plusieurs mois de manifestations et de grèves.

À l’hiver 1973, une famine terrible, consécutive à une importante sécheresse, dévaste le Wollo et le Tigré, deux régions au nord de l’Éthiopie. Les images dramatiques des victimes s’ajoutent aux difficultés économiques et aux blocages d’une société encore féodale pour alimenter le mécontentement contre l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié, au pouvoir en son nom propre depuis 44 ans.

D’abord prince héritier et régent, dès 1916, aux côtés de sa tante l’impératrice Zaouditou, le ras Tafari monte sur le trône d’Abyssinie en 1930, sous le nom d’Haïlé Sélassié Ier ; 225e descendant de la dynastie du roi Salomon et de la reine de Saba, Négus d’Éthiopie, Hailé Sélassié bénéficie longtemps d’un grand prestige.

Face à Mussolini

Il incarne en effet l’indépendance de son pays, qu’il défend face à l’invasion par l’Italie de Mussolini en 1935. Parti en exil en Europe, il prononce le 28 juin 1936, devant la Société des Nations, un discours qui marque les esprits. Le 5 mai 1941, après être revenu par le Soudan, il rentre triomphalement dans sa capitale, Addis-Abeba, libérée par les brigades anglo-indiennes avec l’appui des Forces françaises libres.

Empereur d’un pays qui n’a jamais été colonisé, Haïlé Sélassié symbolise alors la volonté d’indépendance de toute l’Afrique. Il milite pour la création, en 1963, de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et obtient qu’elle installe son siège dans la capitale éthiopienne.

Respecté internationalement, celui qui, plus jeune, a aboli l’esclavage, souhaite continuer à réformer son pays. Mais il se heurte aux propriétaires fonciers et au clergé, dans un pays largement féodal où le christianisme est religion d’État. L’absence de presse libre et de partis politiques complique l’expression des opinions. De plus, à partir de 1961, le Front de libération de l’Érythrée réclame l’indépendance de cette unique province maritime où, sous l’état d’urgence proclamé en 1970, les populations subissent la répression.

Révolte des jeunes intellectuels

Le monarque, qui vit dans le faste, a amassé une fortune colossale. De plus en plus coupé de son peuple, le vieil homme et son entourage ne peuvent faire face à la révolte des jeunes intellectuels, catalysée par la famine et ses milliers de morts. De gigantesques manifestations populaires débutent en février 1974, suivies de grèves. Portée par les idées marxistes-léninistes diffusées dans les universités, la révolution se veut démocratique, moderne et favorable aux droits des femmes.

C’est cependant un Comité de coordination des Forces armées, le Derg qui, le 12 septembre 1974, destitue l’empereur ; cherchant à éviter le chaos, les militaires font proclamer roi le prince héritier Asfa Wossen ; celui-ci n’exercera aucun pouvoir.

La monarchie abolie et la mort

Dans l’hebdomadaire français L’Express (16-22 septembre 1974), Christian d’Épenoux résume ainsi la chute d’Haïlé Sélassié : « Champion des non-alignés, il était parvenu tant bien que mal à préserver l’unité de son royaume. Contre les convoitises de ses voisins du sud et du nord, le Soudan et la Somalie, qui soufflaient sur ses dissidences. Mais sa prudence, jadis louée, était devenue une tare. La vieillesse et l’usure avaient vaincu l’esprit de réforme. Isolé, mal conseillé, fermant les yeux sur les privilèges et l’injustice, ayant amassé pour sa part une incroyable fortune, le vieux Négus ne voyait plus son pays craquer. La sécheresse, la famine, la mort atroce de 100 000 de ses sujets, tandis qu’il nourrissait ses molosses, ont déclenché la révolte qui devait l’emporter. » La monarchie éthiopienne est finalement abolie en mars 1975, alors qu’Haïlé Sélassié est emprisonné dans les sous-sols du palais impérial. Le monde apprend son décès le 27 août de la même année. Le dernier empereur d’Éthiopie a probablement été assassiné sur ordre du nouvel homme fort du pays, Mengistu Haïlé Mariam.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

16 - Novembre - 2023

Financement des départs à la migration irrégulière par une partie de l’opposition : L’ADHA exige les preuves

Suite aux propos tenus par le journaliste Pape Ndiaye du groupe Walfadjri lors de l’émission [JUSTICE] BALANCE du mardi 14 novembre 2023 sur Walf Tv, l’Action pour les droits...

16 - Novembre - 2023

Baye Fall tué à Touba : Dix personnes inculpées et envoyées en prison

Après les cinq premières personnes placées sous mandat de dépôt mardi, dans le cadre de l’enquête sur la mort par balle du Baye Fall à Touba,...

15 - Novembre - 2023

Le Transfert de Sonko à la prison du Cap Manuel en catimini irrité Me. Ciré Clédor Ly

Ousmane Sonko a été transféré hier dans la soirée à la prison du Cap Manuel. Ses avocats n’ont pas été informés, selon Me...

14 - Novembre - 2023

Lettre fuitée sur l'état de santé de Sonko; Deux cadres de l'administration pénitentiaires envoyés en prison

Les deux cadres de l’administration pénitentiaire arrêtés dans le cadre de l’enquête liée à la fuite de la lettre sur l’état de...

14 - Novembre - 2023

Le Chroniqueur de Wal Fadjri, Pape SANE, placé en garde à vue pour diffusion de fausses nouvelles

Le célèbre chroniqueur de Wal Fadjri, Pape SANE, est actuellement sous le coup d’une enquête de la Section de recherches de la Gendarmerie. Selon les informations...