LE NOUVEAU VISAGE DE L’AVENUE BLAISE DIAGNE, 24 HEURES APRÈS LE DÉGUERPISSEMENT DES TABLIERS

21 - Juin - 2019

L’avenue Blaise Diagne, à Dakar, s’offre vendredi des poches de respiration inespérées, du rond-point Sahm à la poste de la Médina voire bien au-delà, au lendemain d’une opération de désencombrement qui semble avoir surpris la plupart des tabliers.

A la découverte de la plupart des rues en cette fin de matinée, le décor semble avoir changé du tout au tout, en l’espace de 24 heures.

Les trottoirs de Blaise Diagne offrent plus de fluidité, plus d’espaces aux piétons qui se déplacent bien plus facilement en l’absence des tabliers, principaux acteurs de l’encombrement caractéristique de cette avenue traversant de part en part la Médina, un quartier connu pour la grande densité de sa population et sa suractivité.

Le marché Tilène, se veut un des lieux marchands les plus célèbres de Dakar, contribue autant à la renommée de la Médina qu’à ses problèmes d’encombrement notamment, les commerçants s’installant partout et n’importe comment autour de cet espace.

Mais malgré l’opération de désencombrement conduite la veille par les services du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, quelques personnes reviennent sur les lieux au compte-gouttes, en particulier le long du mur longeant le stade Iba Mar Diop.

Ici, des ressortissants nigériens principalement étaient installés et avaient acquis quelque réputation dans le commerce de médicaments traditionnels. M. Aidara - il refuse de donner son prénom -, fait partie de ces personnes-là.

Il dit ignorer tout des raisons de leur déguerpissement, et pourtant, depuis quelques semaines, le ministère de l’Urbanisme, par voie de presse, a assuré de sa détermination à venir à bout de l’encombrement de la capitale sénégalaise, qui renverrait une mauvaise image du Sénégal, selon Abdou Karim Fofana, le nouveau ministre en charge de ce secteur.

"On avait dit que nous allions être délogés mais sans préciser la date", reconnaît finalement Aïdara, non sans rappeler qu’il est installé sur ces lieux "depuis presque 30 ans, et d’autres encore plus. Donc on ne mérite pas ce qu’ils ont fait", ajoute le ressortissant nigérien.

"On a tous notre carte de paiement, à la fin de chaque mois, on paye à la mairie des impôts, et ces gens sont venus tout dégager sans nous prévenir, ce qui fait que des dégâts matériels ont été notés", indique ce vendeur de médicament traditionnel.

Sur le même alignement, non loin de l’étal de Aïdara, un diplômé sénégalais en ingénierie et organisation urbaine reconverti dans la vente d’ustensiles, assure comprendre cette opération de désencombrement, en raison notamment de son profil.

Il précise que les agents en charge de déguerpir tabliers et autres occupants irréguliers de la voie publique étaient bel et bien identifiables car ils portaient des t-shirts du ministère de l’Urbanisme, une manière de balayer l’argument de ceux affirmant ne rien savoir de cette opération.

"C’est une bonne chose, car la décongestion permet aux piétons de passer librement sur la voie publique", soutient-il, avant de s’étonner de retrouver encore ce matin certains commerçants occupant la rue.

Or, se désole-t-il, la consigne laissée par les agents de désencombrement était que personne ne devait s’installer à nouveau sur la voie publique afin de laisser les trottoirs libres pour les passants.

Les piétons interrogés restent pour leur part partagés sur cette opération, "une bonne chose" pour certains, d’autres faisant valoir que les espaces occupés par les tabliers sont surtout assimilables à des lieux de travail.

Birahim Thiam, un habitant de la Médina trouvé à un arrêt-bus, pense que la présence des personnes déguerpies dissuadait les agresseurs d’opérer dans les quartiers environnants, sans compter que les tabliers "payaient régulièrement leurs impôts, donc ils sont en règle".

L’avis de Mamadou Dieng est que "personne n’a le droit d’installer des tables et marchandises sur les trottoirs pour vendre. Il faut aller au marché. Si on laisse chacun s’installer là où il veut, il y aurait du désordre".

"Tu me trouves juste ici à attendre le bus ce que je ne pouvais pas faire auparavent", ajoute M. Dieng.

Interrogé sur la question, Pape Djiby Coulibaly, secrétaire élu de la mairie de la Médina, explique que le déguerpissement, c’est surtout l’affaire de l’Etat du Sénégal, sous la conduite du ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.

Il rappelle que cette opération s’inscrit dans le cadre des nouvelles résolutions du gouvernement, suite à la réélection du président Macky Sall pour un nouveau mandat, à l’issue de la dernière présidentielle de février dernier.

Elle avait déjà commencé avec le port de Dakar et le centre-ville, au Plateau, signale-t-il, ajoutant qu’il avait été indiqué à la mairie que le ministère va procéder au déguerpissement des tabliers et occupants irréguliers de l’avenue Blaise Diagne, mais aucune date n’avait été avancée.

Selon l’élu, "il devait y avoir une réunion de concertation entre le ministère et les communes, pour qu’on puisse prendre les-devants afin que les tabliers soient installés ailleurs".

Sur la question des impôts payés par les tabliers délogés, il précise que l’occupation des places publiques est assujettie au paiement de taxes municipales journalières ou mensuelles, donnant droit à "une occupation provisoire et éphémère".

"La mairie a convoqué les déguerpis pour discuter avec eux de la question et trouver ensemble des solutions, afin de les réinstaller ailleurs", a conclu M. Coulibaly.

APS

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