Le Premier ministre-candidat Amadou Ba rate sa première sortie dans le Fouta

26 - Septembre - 2023

Le Premier ministre, Amadou Ba, a présidé samedi dernier le lancement de la campagne nationale de vaccination du bé- tail. La localité ayant abrité cette cérémo- nie n’a pas été choisie par hasard puisqu’il s’agit de Ranérou, un chef-lieu de dépar- tement situé dans le Ferlo, en pleine zone sylvo-pastorale. Un haut-lieu de l’élevage donc. Le département de Ranérou se trou- vant dans la région de Matam, le Premier ministre effectuait donc une incursion dans le Fouta considéré comme le « titre foncier du président de la République ». Eh bien, le moins que l’on puisse dire c’est que cette première de M. Amadou Ba, par ailleurs ministre en charge de l’Elevage, n’a pas connu un grand succès du point de vue de la mobilisation populaire.
De l’avis des observateurs qui ont assisté à l’événement, la foule était plutôt maigre ce qui n’est sans doute pas de bon augure pour un candidat à l’élection présidentielle. Car samedi dernier, Amadou Ba s’est rendu à Ranérou en sa triple qualité de Hal Pulaar retrouvant le terroir de ses ancêtres, de Pre- mier ministre et, cumulativement avec ses fonctions, ministre de la Justice et, last but not least, de candidat désigné de la majorité présidentielle pour le scrutin du 25 février prochain ! Autant de choses qui auraient dû provoquer une mobilisation de grande en- vergure pour l’enfant prodigue revenu dans la terre de ses ancêtres. Au lieu de quoi, il y a eu une foule de meeting de quartier pour accueillir et acclamer l’illustre hôte.
Une des raisons qui expliquent cette faible affluence, c’est le boycott de la cérémonie par un poids lourd du département, le député Aliou Dembourou Sow en l’occurrence. Membre fondateur de l’APR et ex-président du conseil départemental de Ranérou, ancien maire de Vélingara Ferlo, également, sa compter qu’il est aussi un des leaders des éleveurs du Sénégal, Aliou Dembourou Sow a brillé par son absence. Il faut dire que l’homme est le bras droit du président du Conseil économique, social et environne- mental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo, ennemi juré du candidat de l’APR, et fait par- tie de ceux qui le poussaient à se présenter à l’élection présidentielle au nom des « APR authentiques ». Lesquels considèrent Amadou Ba comme un rallié de la 25ème heure.
Le fait qu’Aliou Dembourou Sow n’ait pas assisté au meeting et donc pas mobilisé ses militants — a influé négativement sur l’affluence. Le député absent, ses adversaires Amadou Dawa Ba, qui lui a succédé comme président du conseil départemental de Ranérou, et Harouna Ba, maire de la localité et tous deux membres du Parti de la Réforme (PR) d’Abdourahim Agne, une formation qui fait partie de Benno Bokk Yaakar, ont pu s’en donner à cœur joie et lui déco- cher des flèches allusives.
Ils ont répété plu- sieurs fois au Premier ministre que « tous ceux qui ne sont pas présents ici sont contre le président Macky Sall ». Très politique, Amadou Ba a senti le piège et a rectifié le tir lors de son allocution : « Je salue Aliou Dembourou Sow qui est un ami et qui soutient le président Macky Sall » a déclaré de manière fort habile le Premier ministre et, par ail- leurs, candidat de la majorité présidentielle.
Farba absent pour des raisons
« stratégiques », les autres responsables ne mobilisent pas

Autre absence remarquée : celle de Farba Ngom, le tout-puissant griot du Président, maître et maire des Agnam en même temps qu’homme fort du parti présidentiel dans la région de Matam. Lui aussi n’a pas mobilisé et n’était pas pré- sent mais il a expliqué à des proches que c’est pour des raisons stratégiques. « Tout le monde sait qu’Amadou Ba, avant même d’être le Premier ministre et le candidat du parti et de Benno, est mon ami personnel. J’ai pesé de tout mon poids pour qu’il soit désigné.

Je ne me suis pas rendu à Ranérou parce que je prépare un méga- meeting, une démonstration de force pour l’accueillir au Fouta » a-t-il expliqué. Quant aux autres responsables du parti présidentiel dans le département de Matam, s’ils ont assisté à la rencontre, ils se sont bien gardés d’y convoyer leurs militants. Alors que le Premier ministre venait dans leur région pour la première fois, en tant que candidat de la majorité présidentielle qui plus est !

Enfin, un des participants à cette cérémonie officielle aux allures de meeting politique n’a pas manqué de pointer la méconnaissance psychologique des réalités du Fouta par le Premier ministre candidat : « Imaginez donc, avec tout ce que le Fouta compte de griots et communicateurs traditionnels Hal Pulaar, il est venu accompagné d’Abdoulaye Mbaye Pekh !

Mieux, il avait revêtu une tenue de combat là où la tradition voudrait plutôt qu’il se mette en grand boubou majestueux, d’une blancheur immaculée de préférence… »

Bref, pour une première dans le Fouta, le Premier ministre et candidat Amadou Ba semble avoir raté sa sortie. Mais comptons sur le président de la République et son griot Farba Ngom pour l’ai- der à rectifier le tir lors de prochaines visites dans le Fouta !

Le Témoin

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

07 - Octobre - 2024

ELECTIONS LEGISLATIVES ENCO : ABDOU SONKO, TETE DE LISTE DE PASTEF

Il n’a jamais abdiqué, son engagement a fini par être récompensé. Abdou Sonko, comme c’est de lui qu’on parle, conduira la liste de Pastef aux...

05 - Octobre - 2024

LEGISLATIVES : POURQUOI SANOU DIONE SOUTIENT LA LISTE DE PASTEF

Il n’a pas encore annoncé son divorce d’avec Taxawu Sénégal, mais c’est comme si au vu de l’acte qu’il vient de poser. Sanou Dione,...

04 - Octobre - 2024

La Coalition Sam Sa Kaddu vole en éclats : La LD-Debout claque la porte

Clash dans la coalition Sam Sa Kaddu de Khalifa Sall, Dethié Fall… La Ld-Debout a décidé de se retirer. Cette décision est causée par l’idée...

04 - Octobre - 2024

LÉGISLATIVES ANTICIPÉES ET SÉJOURS DU PRÉSIDENT EN FRANCE : ÉVITER LES CHAUSSE-TRAPES POLITIQUES POUR RÉUSSIR LE « PROJET ». ( Par Mohamed GASSAMA )

C’est une lapalissade que de dire que le chemin qui conduit aux Législatives anticipées, du 17 novembre 2024, reste parsemé d’embûches, de traquenards et de...

04 - Octobre - 2024

POURQUOI IL FAUT REECRIRE CERTAINES DISPOSITIONS DE LA CONSTITUTION (PAR BIRAHIM CAMARA)

La baisse des tensions sociales et politiques au Sénégal exige la modification et la réécriture de certaines dispositions constitutionnelles. Parmi celles-ci : A) la...