« LE PROPRE DES FONDS POLITIQUES EST DE NE PAS AVOIR DES TRACES » (Mamadou Diop, ancien maire de Dakar)
C’est un homme tenaillé par le poids de l’âge (82ans) qui a comparu à la barre hier, vendredi 9 février, pour apporter son témoignage sur l’existence de fonds politiques à la mairie de Dakar. C’est une pratique qui a toujours existé et qui a été toujours gérée de manière discrète, a-t-il indiqué.
« C’est en 1972 que le défunt président de la République du Sénégal a décidé d’inscrire ce fonds dans le programme de la ville de Dakar après avoir présidé une réunion des conseils municipaux. Et c’est le président de la République qui proposait des dépenses et demandait à ce que des comptes lui sont rendus. Les fonds politiques ont subi plusieurs réformes », a-t-il indiqué.
Et de poursuivre : « c’est en 1983 que le président Abdou Diouf a redonné le pouvoir au maire de Dakar qui a désormais le pouvoir de gérer les fonds et de rendre compte rien qu’au ministre des collectivités locales ». Pour l’ancien maire de Dakar, toutes les actions politiques de l’époque devaient être financées par ce fonds. Cet argent était aussi destiné à aider les chefs religieux et les personnes dans le besoin. « Les fonds politiques sont nécessaires pour n’importe quelle action politique » a dit Mamadou Diop qui a estimé par ailleurs que les fonds politiques sont différents des deniers publics.
« Le propre des fonds politiques est de ne pas avoir des traces. Si on se met à dévoiler des choses, c’est fini pour la République du Sénégal », a-t-il jugé. Par ailleurs, Mamadou Diop a tenu à apporter son témoignage sur le directeur administratif et financier de la ville de Dakar, Mbaye Touré qu’il dit avoir recruté et formé tout en précisant qu’il ne prenait pas les médiocres. L’ancien maire s’est toutefois emporté sur une question du procureur de la République demandant s’il peut utiliser de fausses factures comme preuve. « Vous n’avez pas le droit de me parler comme ça. Je suis âgé de 82 ans », a-t-il rétorqué.
Sudquotidien
