LE PS TARDE À "MOURIR" MAIS Y VA TOUT DROIT (PAR OSWALD SARR MAMADOU BOBO BA)

En 2016, le Président de la République a institué le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) afin, dit-il, d'apporter une touche nouvelle à l’acte III de la décentralisation.
Sa mission ? renforcer la participation active des acteurs territoriaux à la définition, l’instauration et l’évaluation des politiques publiques territoriales. Dès son institution, ce Haut Conseil a été confié à feu Ousmane Tanor Dieng, SG du Parti Socialiste de l’époque. OTD restera Président de l’institution jusqu’à son décès en juillet 2019 et sera remplacé par une autre personnalité du PS, Aminata Mbengue Ndiaye, celle qui le remplaça également à la tête du PS.
Hormis le fait qu’aucun Sénégalais lambda n’est en mesure de dire le travail qu’effectue le conseil et qu’il est un gouffre financier qui engloutit chaque année des milliards de francs cfa sans avoir un impact réel sur la vie démocratique du pays, le HCCT semble être taillé sur mesure et spécifiquement pour maintenir le PS dans la coalition Benno Bokk Yakaar et conduire le parti vers une mort lente mais bien certaine. La reconduction d’Aminata Mbengue Ndiaye à sa tête est est la preuve de plus qui nous réconforte dans notre conviction que le HCCT est un piège pour le PS.

Un compagnonnage préjudicieux depuis 2012

10 sièges en 2001, boycott en 2007, 15 députés en 2017, 6 députés en 2022, le parti socialiste qui, selon le journal Sud Quotidien, a sacrifié son unité au profit de son compagnonnage avec le BBY, voit sa représentation au sein de l’assemblée nationale et dans les collectivités territoriales dégringoler d’élection en élection. En cause, le nombre restreint de candidats issus des rangs du Parti Socialiste.
Aussi, lors des deux dernières élections et malgré qu’il ait payé sa caution afin que les camarades socialistes puissent participer aux élections, le parti a privé ses propres membres de moyens électoraux afin qu’ils ne rivalisent pas avec ceux issus des rangs du BBY.
Aujourd’hui, la division au sein du parti est exacerbée par le positionnement des responsables, non de moindres du PS qui soutiennent ostensiblement l’idée d’une troisième candidature. Ils n'hésitent pas, disent-ils, à marcher sur des cadavres des forces de l’opposition pour maintenir le Président Macky Sall au pouvoir en 2024.

Par ailleurs, depuis le départ d’OTD, nous constatons malheureusement que l’animation du parti tourne autour de commémorations (que nous saluons) et de remerciements à n’en plus finir à l’endroit du Président Macky Sall. Or, vu son comportement vis-à-vis du parti, depuis un certain temps, tout porte à croire que tout ce qui l’intéresse c’est de phagocyter le plus grand parti du Sénégal.
Pourtant, tous les actes posés par OTD portaient à être convaincus qu’il avait programmé la sortie de BBY. Avant son décès, il avait démarré les renouvellements des instances locales pour la tenue d’un congrès avant fin 2019 et orienter inexorablement le parti à prendre son destin hors du Benno. Pour lui, il était clair que le Parti Socialiste participerait aux élections locales et législatives de 2022 et qu’il aurait un candidat en 2024 ; la fin du compagnonnage dans le Benno Bok Yakaar était déjà programmée et il ne restait qu'à la mettre en œuvre. OTD était un responsable, un visionnaire qui n'aurait jamais supporté voir le parti dans son état actuel. Nous avons honte quand nous voyons des responsables du parti se comporter tels des sous-fifres devant un Président qui ne veut pas respecter sa propre parole.

Une mort lente mais certaine
A la lumière de ces faits, il ne s’agit plus d'une mort programmée du PS mais d’une disparition en cours. Le PS peine à attirer, peine à rassembler pour une organisation qui fut jadis une locomotive.
Si on n’y prend garde, il est certain que le PS, s’il ne fait pas sa propre mue en opérant les ruptures adéquates à sa renaissance et à sa refondation, on file droit vers son extinction. Qu’on ne se voile pas la face, l’APR et Benno n’existent que grâce au maintien des partis coalisés dans son attelage. Et c’est depuis le Magistère du Président que pour la première fois dans l’histoire le PS n’a pas eu un candidat à la Présidence issu de ses rangs. En 2019 le parti a investi Macky. Aujourd’hui, le PS est miné par la prédominance des intérêts de ceux qui veulent le compagnonnage. Le président l’a parfaitement compris en nommant quelques dirigeants à des postes de responsabilité. Ne dit-on pas souvent que les décrets de l’âme ne sont rien d’autre que les appétits eux-mêmes et varient en conséquence selon les dispositions de l’être et du temps ? Tout le temps passé dernièrement dans la coalition est la marque d’un PS à l’agonie. Vouloir la poursuite d’un privilège dans l’intérêt que nous y trouvons, coire maintenir une loyauté avec ce qui nous tue serait blasphémer toute histoire portée par nos figures tutélaires qui se retourneraient dans leur tombe en voyant ce que leur bijou est devenu.
Etant donné que certains parmi les leaders ne veulent que rien ne bouge tant qu’ils bénéficient des largesses du Président, nous jeunes du parti, allons-nous accepter d’être les agneaux du sacrifice face à ce comportement crépusculaire ? Ils ne sont pas disposés à renouveler le PS. Par conséquent, toute une génération de jeunes et valeureux militants est vouée aux gémonies en nous donnant le constat que les ambitions personnelles dans BBY priment sur l’avenir, et des jeunes, et du parti.

La renaissance du PS se fera hors de BBY et autour de sa famille originelle

La vassalisation du PS dans la coalition BBY par le maintien de AMN est une preuve de plus pour ligoter le parti socialiste. La preuve, aucun membre du directoire national n’a le courage de siffler la fin du compagnonnage qui a fini de s'effriter et de mettre en lambeaux le PS.
Le salut du PS réside dans sa capacité à assumer son destin avec vertu et vérité de la part de ses dirigeants.
Une renaissance dans la vertu en remettant en selle un parti qui leur a été confié avec une très bonne base. Tout le monde sait que le maintien du PS dans BBY est un dessein inavoué de le tuer. La preuve par la dégringolade dans sa représentativité qui n’a jamais été aussi terne. Nous nous attendons qu’à un seul acte vertueux en ce moment : avoir la franchise de reconnaître l’échec d’une vision qui entame le rayonnement du parti. La solution, rendre le tablier en le rajeunissant.
La renaissance du PS dans un cadre véridique c’est la tenue d’un congrès extraordinaire où une vision à long terme doit être déclinée. Un Jeune dynamique à la tête du PS est la meilleure reconnaissance qui puisse être apportée à la mémoire de OTD qui avait cette culture de la jeunesse. Nous voulons un PS de planification et de combat et non un PS de soumission et de démission. Un plan quinquennal ou décennal de renaissance socialiste fondé sur les enjeux et défis auxquels font face le Sénégal et les Sénégalais.
En attendant, si nous ne sommes pas capables de porter un socialiste dans nos rangs, que cela se fasse avec les personnalités qui ont la même accointance idéologique en acceptant la réintégration de nos camarades exclus qui ne cessent d’avoir une envergure nationale et par conséquent présidentiable dans le court et moyen terme.

Que vous en soyez conscients ou non, soutenir une troisième candidature de Macky Sall et priver le PS d’un candidat en 2024 vont à l'encontre de l’idéal pour lequel Ousmane Tanor et tous les socialistes se sont battus en 2011. Honte à ceux qui foulent au pied tout ce que la lutte nous a permis d’acquérir depuis tant d’années. Le Parti Socialiste est un parti de lutte pour la démocratie, la justice, l’égalité, la justice sociale, tout ce que Macky Sall et son parti ne représentent plus.

Si l’éléphant ne prend garde à manger dans la petite gamelle du chien, il finira par être dévoré par des hyènes qui l’auront regardé mourir de faim.

Oswald SARR
Membre de la Coordination PS de France
Membre de Vision Socialiste France
Ancien SG du MJESE (Jeunesses socialistes France)

Mamadou Bobo BA
Responsable de la cellule communication de PS France
Membre de Vision Socialiste France