Le secteur privé dans la réduction des risques de catastrophes en Afrique de l’Ouest: historique, état actuel et perspectives.

21 - Octobre - 2019

La promotion de la résilience se pose avec acuité à tous les continents et particulièrement en Afrique de l’Ouest. Il est admis que malgré une bonne volonté, la puissance publique ne peut à elle seule faire face au financement pour la réduction des risques de catastrophes. D’où la nécessité de faire appel au secteur privé.
Pour une meilleure compréhension du sujet, il conviendrait de clarifier un certain nombre de concepts.

Le secteur privé est décrit par divers termes au niveau international, national et local. Les caractéristiques importantes de définition sont notamment la propriété privée, la production orientée par les marchés et la concurrence, l’activité orientée par les initiatives privées et la prise de risques.
Les types d’entrée du secteur privé sont notamment, l’entreprise, la société, la coopérative, le cabinet, la franchise, la société en nom collectif, la multinationale, l’entreprise individuelle et le commerçant indépendant.
Dans le cadre de cet article, le terme « secteur privé » désigne la partie de l’économie qui appartient et est contrôlée par des personnes physiques et morales dans le cadre de la propriété privée.
Acteurs humanitaires : ce terme désigne les organisations dont le mandat leur confère le rôle et la responsabilité d’apporter une assistance humanitaire, y compris la prévention, la préparation, l’intervention et le redressement. En règle générale, ce sont des organisations internationales, non gouvernementales, des membres du mouvement de la Croix Rouge, y compris la Fédération internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge et le Comité international de la Croix Rouge, les agences et programmes des Nations Unies…
La collaboration est définie comme un comportement coopératif entre deux entités ou plusieurs, ciblant un objectif particulier, un ensemble d’objectifs ou veillant à une relation mutuellement bénéfique. La collaboration est généralement assortie d’échéance, pour des périodes à court ou long terme. Les motifs de collaboration sont multiples quand il s’agit d’activités humanitaires. On compte entre autres, le renforcement des capacités opérationnelles, l’amélioration de l’information et de la communication, l’amélioration des capacités d’innovation, la planification politique, la formulation des stratégies, l’amélioration de la sensibilisation et une plus grande responsabilisation. Ce concept a un rapport direct avec le terme partenariat » défini comme « des relations volontaires de collaboration entre des parties diverses, aussi bien étatique que non étatiques, dans lesquelles tous les participants conviennent de travailler ensemble à un objectif commun ou d’entreprendre une tâche spécifique et de partager les risques, les responsabilités, les ressources et les gains ».
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est une forme d’auto régulation des entreprises, où l’organisation corporative ou commerciale utiliserait des mécanismes pour s’assurer que ses activités respectent les lois, les normes nationales et internationales et les normes éthiques.
La réduction des risques de catastrophes désigne le concept et la pratique de réduction des risques de catastrophes grâce à des efforts systématiques d’analyse et de gestion des facteurs de causalité des catastrophes. Il s’agit de l’exposition connexe aux dangers, de l’atténuation de la vulnérabilité des peuples et des biens, de la gestion prudente des terres et de l’environnement, ainsi que l’amélioration de la préparation aux événements indésirables.
1 rappel historique

En Février 2013, sous l’égide du bureau des nations unies pour la réduction des risques de catastrophes(UNISDR), lors de la 4éme plateforme Africaine, il a été organisé à Arusha (Tanzanie) une rencontre sur le rôle du secteur privé dans la réduction des risques de catastrophe.
Au terme de cette rencontre, les recommandations suivantes ont été formulées en vue d’un engagement du secteur privé :
- Promouvoir un partenariat public-privé pour la réduction des risques de catastrophes, cela pour analyser les causes profondes de la poursuite d’activités qui se sont déjà révélées non résilientes et élaborer des cadres d’action qui permettent d’agir sur ses causes.
- -Mettre à profit l’expertise sectorielle et les points forts du secteur privé pour faire avancer la prévention des risques de catastrophes y compris une résistance accrue et une réponse efficace aux catastrophes.
- Favoriser une diffusion et un échange coopératifs des données entre les secteurs public et privés : partager les informations sur les évaluations et les activités de surveillance menées sur les prévisions et les pronostics effectués, ainsi que sur l’alerte rapide et l’action rapide.
- Appuyer les évaluations de risques et le renforcement des capacités tant au niveau national que local, et mettre en relief les cas où le développement de la résilience s’est révélé être une bonne stratégie économique pour assurer la viabilité à long terme des entreprises.
- Elaborer et appliquer des codes de conduite et procédures internes et, lorsque cela est nécessaire et faisable, appuyer l’élaboration de lois, de réglementations, de politiques nationales et locales.
2 Où en sommes-nous sur les modèles actuels de l’engagement du secteur privé dans la réduction des risques de catastrophes en Afrique de l’Ouest ?

Il a été répertorié un certain nombre de constats :
-le secteur privé est engagé dans la réduction des risques de catastrophes, mais souvent, uniquement après une catastrophe.
-la majorité de l’engagement du secteur privé en Afrique de l’Ouest se concentre sur les activités de riposte et de redressement.
-le mécénat est la principale forme d’engagement et la responsabilité sociale des entreprises(RSE) est le principal moteur.
-le secteur privé en Afrique de l’ouest est diversifié et propose un éventail large mais relativement peu exploré de valeurs ajoutées par rapport à la réduction des risques de catastrophes.
-Les plateformes commencent à favoriser l’engagement du secteur privé dans le cadre des activités courantes.
-On constate des défis fondamentaux qui ralentissent l’engagement systématique dans la réduction des risques de catastrophes dans le cadre des activités courantes.
-Tous les acteurs reconnaissent la nécessité d’améliorer l’engagement du secteur privé dans la réduction des risques de catastrophes.
3 Perspectives

La perception générale du rôle du secteur privé dans la réduction des risques de catastrophes en Afrique de l’Ouest est trop limitée. La diversité, la capacité et la valeur ajoutée potentielle du grand éventail d’acteurs du secteur privé engagés dans la région plus généralement ne sont ni entièrement reconnues ni comprises. Il faut que l’engagement dans la réduction des risques de catastrophes, pour qu’il fasse partie de leurs activités courantes, soit orienté par les préoccupations liées à leur propre durabilité ou à la viabilité du marché, ou pour qu’il fasse partie de la création d’un nouveau marché, d’une expansion d’activités ou de la mise à l’épreuve de pratiques innovantes, devienne une manière de vivre pour toutes les sociétés.
Au total le secteur privé est attendu dans sa contribution à la réduction des risques de catastrophes. La mise en œuvre de la convention sur la biodiversité biologique, de celle des changements climatiques et de la désertification ne peuvent être à la charge de la seule puissance publique. De la volonté de mobilisation de tous, dépendront les formes et contenus en faveur d’une résilience à même de promouvoir un développement durable.
Honorable Abdou Sané ancien député
Géographe –Environnementaliste
Président de l’Association Africaine pour la Promotion de la Réduction des Risques de catastrophes.

Conseiller Départemental de Ziguinchor et président de la commission de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de l'Urbanisme, des Domaines, et de l'Habitat
Membre de l'Observatoire National de la Parité Hommes/ Femmes
UNISDR CHAMPION FOR DISASTER RISK REDUCTION

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