LE SENEGAL EN CRISE POLITIQUE SUSPENDU A LA PRISE DE PAROLE DE MACKY SALL

22 - Février - 2024

Le président du Sénégal doit prendre la parole ce jeudi dans la soirée. Il pourrait préciser ses plans pour organiser la présidentielle, qui a été reportée.

Le Sénégal a tous les regards tournés vers le chef de l'État sortant Macky Sall, qui doit prendre la parole jeudi 22 février dans la soirée et pourrait préciser ses plans pour organiser la présidentielle et sortir de la crise profonde provoquée par son report. Le président Sall doit répondre à 19h (locales et GMT) à quelques médias publics et privés, a indiqué la présidence.

Les Sénégalais, initialement appelés aux urnes ce dimanche, sont suspendus à sa parole pour savoir quand ils voteront, après le choc du report de l'élection. Le président fait face à des pressions multiples, domestiques et internationales, pour que le scrutin se tienne le plus vite possible. Ses intentions précises restent secrètes.

Le Sénégal, volontiers vanté pour sa stabilité et ses pratiques démocratiques bien qu'ayant connu de graves troubles politiques par le passé, est plongé dans l'inconnu comme rarement depuis l'indépendance après la décision début février du président Sall et de l'Assemblée nationale de reporter au 15 décembre la présidentielle prévue le 25 février.

Ce report, dénoncé comme un «coup d'État constitutionnel» par l'opposition, a provoqué une commotion dans l'opinion et des manifestations qui ont fait quatre morts. Le Conseil constitutionnel a opposé la semaine dernière son veto à cet ajournement et au maintien du président Sall à son poste jusqu'à l'installation de son successeur. Le Conseil a constaté l'impossibilité de maintenir la présidentielle le 25 février et demandé aux autorités de l'organiser «dans les meilleurs délais».

Malgré les spéculations sur la tentation d'un passage en force, le président Sall a dit le lendemain son intention de respecter la décision du Conseil et de mener «sans tarder les consultations nécessaires» à l'organisation du scrutin. Depuis lors, rien n'a filtré officiellement des discussions qu'il aurait menées, en dépit de déclarations à la presse de personnalités disant avoir joué les bons offices, y compris auprès d'Ousmane Sonko, personnage principal d'un bras de fer avec l'État qui a donné lieu à plusieurs épisodes de contestation meurtrière depuis 2021.

Ousmane Sonko est emprisonné depuis juillet 2023 et a été disqualifié de la présidentielle. Mais la candidature de son second, Bassirou Diomaye Faye, détenu lui aussi, a été validée par le Conseil constitutionnel. Le président Sall a demandé mercredi en Conseil des ministres que «toutes les dispositions» soient prises «pour une bonne organisation de l'élection présidentielle à une date qui sera fixée très prochainement, après les consultations avec les acteurs politiques, les responsables de la société civile et les représentants des forces vives», ont rapporté ses services.

Appels à la mobilisation
Il a exprimé sa volonté de «dialogue pour l'apaisement et la pacification de l'espace public», et demandé au ministère de la Justice de finaliser des textes «pour matérialiser la volonté de réconciliation et de pardon». Une loi d'amnistie des prisonniers avait été évoquée il y a une semaine. Plusieurs centaines de détenus ont été relâchés depuis la semaine dernière, contribuant à une fragile détente.

Mais la société civile, qui a mobilisé plusieurs milliers de personnes le week-end passé, a prévu un nouveau rassemblement samedi à Dakar pour maintenir la pression sur le pouvoir, tout comme le camp présidentiel pour soutenir Macky Sall. Le camp de Bassirou Diomaye Faye a accusé mercredi soir le président de traîner les pieds, comme l'a fait la très grande majorité des 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel.

Il n'acceptera de discuter que pour fixer «sans délai» la date de la présidentielle, et celle-ci devra avoir lieu avant le 2 avril et la fin du mandat de Macky Sall, a-t-il prévenu dans un communiqué. Le président Sall a justifié le report de l'élection par les vives querelles survenues au cours du processus préélectoral. Il a dit vouloir une élection incontestable, s'inquiétant du risque de nouveaux accès de violence après ceux de 2021 et 2023.

Après l'intervention du Conseil constitutionnel, une nouvelle controverse est apparue sur la tenue de la présidentielle avant ou après le 2 avril, et sur une reprise à zéro, ou non, du processus d'homologation des candidatures. L'opposition soupçonne le camp présidentiel de vouloir s'arranger avec le calendrier par crainte de la défaite de son candidat, le premier ministre Amadou Ba, désigné par le président Sall pour lui succéder.

Elle suspecte une manœuvre pour que Macky Sall reste au pouvoir. Celui-ci a dit à plusieurs reprises qu'il ne se présenterait pas pour un troisième mandat. La coalition soutenant le candidat du pouvoir a appelé mercredi soir ses cadres à la «mobilisation des bassins d'électeurs pour une victoire nette dès le premier tour (...) quelle que soit la date qui aura été retenue».

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

10 - Novembre - 2023

JAMMU SENEGAL INTERNATIONAL, LA JEUNESSE CONSCIENTE DES NOUVEAUX ENJEUX FAIT SES EMULES

Cette dynamique révolutionne le monde de la politique à travers le réseau social TIK TOK. Jammu Sénégal International forme des jeunes actifs (cadres...

10 - Novembre - 2023

APR FRANCE : LES FEUILLES FANEES QUI NE TOMBENT PAS (PAR KAREN)

Militer au sein de l’APR en France nécessite plus d’efforts qu’un aventurier perdu en chemin à la recherche du sommet du Tibet. Qui fait quoi ? Où ? Avec qui...

10 - Novembre - 2023

Des sommités de la démocratie africaine dénoncent les dérives du Président Macky Sall et exigent la candidature de Sonko

Aujourd’hui, la plateforme panafricaine des partis d’opposition a conclu une mission de deux jours au Sénégal. Le but de cette mission était d’évaluer...

10 - Novembre - 2023

Des sous-préfets et préfets limogés, Aly Ngouille Ndiaye la cause

Pour avoir partagé la même aire géographique avec Aly Ngouille Ndiaye, des préfets et sous-préfets chassés du commandement territorial. C’est...

10 - Novembre - 2023

Le Lacos annonce des manifestations, le 17 novembre sur l’ensemble du territoire pour apporter un soutien à Ousmane Sonko

Les leaders alliés de Ousmane Sonko envisagent d’investir les rues de Dakar le 17 novembre prochain, jour de l’audience devant la Cour suprême suite au recours...