LES ERREMENTS DU NOUVEAU PRESIDENT DE L’UNION DES MAGISTRATS SENEGALAIS (PAR SEYBANI SOUGOU)

16 - Mars - 2022

« La justice se fourvoie quand elle perd de vue ce pourquoi elle a été organisée, faire du droit, pas de la morale »
7 mois après l’installation du nouveau bureau exécutif de l’UMS, présidé par le juge Chimère DIOUF, ce dernier s’est (une nouvelle fois) embourbé dans une communication brouillonne, et erratique. Son intervention contreproductive a semé la confusion, contribuant à accroitre la défiance des citoyens vis-à-vis de l’institution judiciaire. En réalité, la conférence de presse de l’UMS du 14 mars 2022 était inutile, inopportune, inappropriée et a été un véritable fiasco aussi bien sur le fond que la forme. Les déclarations loufoques et les justifications alambiquées du président de l’UMS sur « l’indépendance du juge du siège » démontrent que Chimère DIOUF est hors-sol et totalement déconnecté des réalités.

Car, le constat est accablant : la justice sénégalaise est décrédibilisée à l’échelle nationale, régionale et internationale. De hauts magistrats violent leur serment, s’affranchissent de la loi et des normes juridiques internationales, et rendent des décisions en violation totale du code de procédure pénale et des dispositions pertinentes de Constitution. L’ex 1er Président de la cour suprême, Badio CAMARA, actuel membre du Conseil Constitutionnel, et le juge Demba KANDJI se sont comportés comme des magistrats-serviteurs pour satisfaire les caprices du Prince SALL. L’avis du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire de Karim Wade et l’arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO du 29 juin 2018 concluant que le droit à l’assistance d’un conseil, à la présomption d’innocence et à un procès équitable ont été violés pour Khalifa Sall sont la preuve que l’indépendance de la justice sénégalaise brandie comme un étendard par Chimère DIOUF est une pure fiction. C’est une certitude : Chimère DIOUF n’a ni l’étoffe, ni le charisme, ni le profil pour poursuivre le chantier engagé par l’ancien bureau de l’UMS pour la réforme de la justice et l’indépendance de la magistrature telle que définie par l’article 4 des statuts de l’UMS. La justice n’est pas uniquement l’affaire des magistrats ; c’est l’affaire de tous les citoyens (car la justice est avant tout rendue au nom du peuple).

L'autorité judiciaire n’est pas une forteresse et ne saurait en aucun cas être hors contrôle. Son fonctionnement ne peut être laissé exclusivement entre les mains de magistrats, dont certains sont cupides, carriéristes et prêts à tous les accommodements et à toutes les compromissions pour assouvir leurs ambitions personnelles. Cantonner l’acte juridictionnel à une démarche technique pour tenter de le préserver des critiques de l’opinion publique relève d’une illusion. La procédure pénale touche à l'intérêt général, aux libertés des individus, et à leur honneur. Les citoyens et les justiciables ont parfaitement le droit de questionner la justice sénégalaise sur ses manquements extrêmement graves, ses erreurs, ses lenteurs, ses renoncements et sa partialité manifeste. La justice sénégalaise doit interroger ses pratiques, son fonctionnement et mettre un terme à ses accointances avec le pouvoir exécutif. Une bonne administration de la justice nécessite une compétence, une rigueur, une impartialité, une indépendance d’esprit qu’on ne retrouve pas chez certains hauts magistrats sénégalais dont les esprits sont faibles et aptes à la soumission. Ceux-là jettent l’opprobre, le déshonneur et le discrédit sur une corporation qui regorge de nombreux magistrats dignes et intègres. Le nouveau président de l’UMS méconnait les devoirs liés à sa charge, rame à contre-courant et n’est pas à la hauteur de la fonction. L’office du Juge, disait Robert Badinter, c’est le « devoir d’ingratitude ».

Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

28 - Juin - 2024

Bras de fer autour des collectivités territoriales : Cette patate chaude refilée au nouveau régime

Le bras de fer entre le régime sortant et les travailleurs des Collectivités territoriales qui réclament une revalorisation de leurs salaires, le relèvement du point...

28 - Juin - 2024

Injures racistes dans "Envoyé spécial" : Divine Kinkela a porté plainte contre ses voisins

L'affaire était remontée jusqu'au ministre de la Justice. Divine Kinkela, une aide-soignante noire victime de racisme à Montargis (Loiret), a déposé deux...

27 - Juin - 2024

Dakar : Une quantité de drogues d’une valeur estimée entre 400 et 700 milliards F CFA incinérée

Au Sénégal, les forces de défense et de sécurité ont procédé, ce mercredi 26 juin, à l’incinération de drogues issues de...

26 - Juin - 2024

Malick Ndiaye appelle au respect des normes de sécurité sur les chantiers

Le ministres des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, a appelé mardi au “respect” des normes de sécurité sur les...

25 - Juin - 2024

Affrontements de Médina Gounass: Près de 200 personnes déférées au parquet de Kolda

A Kolda, à l'issue de l'enquête de la gendarmerie, 180 individus dont 40 mineurs, arrêtés lors des événements de Médina Gounass, ont finalement...