LES PREMIERS MOTS DE DIARY SOW : « JE SUIS CONSCIENTE DE L’AUDACE, DE LA CRUAUTE MEME DE MA DEMARCHE »

22 - Janvier - 2021

Diary Sow a enfin donné signe de vie, cette fois avec des preuves à l’appui. Même si on ignore où elle se trouve. L’étudiante portée disparue depuis le 4 janvier dernier, a échangé, via Twitter, avec son parrain, le ministre Serigne Mbaye Thiam. C’est d’ailleurs ce dernier qui a publié des extraits de leur discussion. Si le contenu manifeste de la relation des faits inspire confiance, le contenu latent lui, ouvre la porte à plusieurs interprétations. Nous y reviendrons.


Bonjour tonton. Je tiens à préciser que je t’écris aussi librement que je suis partie. J’ai laissé assez d’indices derrière moi pour qu’on sache que je partais de mon plein gré. Je ne me cache pas. Je ne fuis pas. Considère cela comme une sorte de répit salutaire dans ma vie.
Si je ne m’étais pas manifestée jusqu’à présent, c’est pour la simple raison que j’étais dans l’impossibilité de le faire. Tonton, je comprends que vous soyez tous surpris. Je comprendrais aussi que vous soyez déçus.
La jeune fille que tu connais n’aurait pour rien au monde raté un jour d’école. La pression ? Non. La pression n’a jamais été un frein pour moi. Au contraire. Je ne suis victime d’aucune sorte de pression de la part de qui que ce soit, dans mon entourage.
Je n’ai pas disjoncté à cause du confinement ou de la prépa. Ma vie était telle que je l’avais voulue, telle qu’il fallait qu’elle soit. Les doutes ? Je n’ai jamais douté de mes capacités ni de ma force. Mon départ n’est pas un aveu de faiblesse.
Tonton, sache néanmoins que s’il m’avait été possible de faire autrement, je n’aurais pas agi ainsi. Je n’aurais jamais cru que mon nom allait alimenter autant de débats, qu’autant de gens allaient s’inquiéter.
Et jusqu’au dernier moment, je ne réalisais toujours pas que j’étais effectivement en train de passer à l’acte. Je n’en ai parlé à personne. Par pudeur ? De peur d’être incomprise, mal comprise ? Il ne s’agit ni de surmenage, ni de folie, ni de désir de liberté.
Je t’en prie, lis-moi avec le cœur, il y a certaines choses que la raison ne peut entendre. Qui aurait d’ailleurs accordé le moindre crédit à ce désir irrépressible, irraisonné et si profondément irrationnel qui m’animait ? Ma mère ? J’avais trop peur de ce qu’elle allait penser.
Toi Tonton ? Tu aurais certainement cherché à me dissuader. S’il m’était possible de te demander cette faveur et que j’étais assurée qu’elle serait accueillie favorablement, m’aurais-tu permis cette petite pause, pour retrouver mes esprits ? Maintes fois, j’ai failli changer d’avis.
La veille de mon départ encore, j’hésitais. En discutant avec toi de l’avenir que je m’attendais, que je voulais, je réalisais à quel point mon projet était insensé. Fugue ? Un mot bien péjoratif pour une quête si profonde.
Je suis consciente de l’audace, de la cruauté même de ma démarche. Je sais à quels tourments me livre ma décision, pressens les conséquences qu’elle va engendrer, qu’elle engendre déjà.
Tonton,
Je te prierais de rassurer les gens qui me cherchent. Je vais bien, je suis en sécurité. Sache que je suis terriblement, profondément désolée.
Merci, tonton, de faire preuve d’autant d’indulgence à mon égard. Je comprends maintenant que mes peurs étaient infondées et que j’aurais dû t’en parler immédiatement.
Ma famille mérite de savoir, en attendant que je trouve en moi, le courage et la force de reprendre contact avec elle. Ceux qui cherchent une explication rationnelle à mon acte seront déçus, puisqu’il n’en a aucune.
Contrairement à ce que les gens semblent penser, aux paroles qu’on me prête, je ne renonce pas à ma vie d’avant. Je ne suis pas désolée d’être partie, je suis désolée des gênes occasionnées par mon départ et des gens que j’ai fait souffrir.

 

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