Leylatoul Qadr 2021 : Résumé du discours de Serigne Moustapha Sy

10 - Mai - 2021

Chronique de la nuit du Destin

« Le mensonge commence lorsqu’on dit à un enfant tais toi et je t’apporterai la lune », déclare Serigne Alioune Gueye de Tivaouane, l’une de ses âmes bien trempées par la pensée du grand Mawdo (psl). Ababakar Sy (rta), digne héritier de ce dernier, procède à une prise de position à la fois raisonnable et raisonnée : « Pourvu qu’il se taise. Car la lune est là, à la portée de tous. » Cependant l’un comme l’autre ont su mettre en exergue la clairvoyance devant donner son sens à toute parole emise. L’argument majeur, pour reprendre la confidence de l’archange Gabriel à l’apôtre de Dieu (psl), appartient au ciel, ce Dieu dont le message délivré à la race humaine est mentionné dans le livre saint. Et la Leylatoul Qadr de servir de nuit pour magnifier à jamais le Coran.

La profondeur est sans nul doute le mot maître pour qualifier la démarche du guide des Moustarchidines. En s’inspirant des propos d’Al Maktoum, si la révélation est à la fois l’art de savoir raconter le déroulement d’une aventure, une manière providentielle de communiquer et une haute science, qui saura conter sans anicroche les récits du processus de la création tel Serigne Moustapha Sy ?
C’est le récit des grands destins de la race humaine (Al Maqaadiir), ceux là qui donnent au Seigneur l’occasion de justifier sa gloire. Avec l’humain pour centre d’intérêt et l’étoile de Medine (psl) pour prototype, l’action du ciel peint parfaitement ce que l’homme du 10 juin désigne sous le concept de « trajectoire du Qadr », parce que qui dit destin fait référence à une voie qui mène vers le salut. Incarnation des dimensions telles que le physique et le mental, Adam a su appliquer ses principes, sauf que l’envie a su prendre le dessus sur le besoin. L’ arbre, selon Lucifer, symboliserait plus qu’on ne croit. Et le père de l’humanité et non moins compagnon d’Eve de se voir reléguer au rang de créature devant désormais donner lui-même un sens à son existence. Identité absolue et identité initiale devront désormais lutter pour ne point se laisser emporter par la veulerie des « sermons luciferiens ». Là , l’idéal serait de revenir sur l’équivoque soulevé par le fondateur de l’Université du Ramadan sur l’usage de l’expression « Fil Ard » (sur terre) dans le verset « innii djaa iloune Fil Ard Khalifatane ». Ecoutons le petit fils d’Ababakar Sy : « Dieu a su préciser qu’il allait faire descendre, sur terre et non au paradis, un représentant. Il était donc évident qu’Adam soit, un jour ou l’autre, contraint de venir vivre dans ce bas monde. » Une interprétation de haute portée à laquelle l’initiateur du Colisée de l’éveil, Mame Cheikh Tidiane Sy, rajoute : « Le vocable Khalif coincide, chez les wolofs, avec une logique allant dans le sens d’exercer un pouvoir. Sauf qu’ici l’homme (doomou Adama) n’a de pouvoir à exercer que sur lui-même, notamment en cherchant l’équilibre au niveau des éléments qui le composent, afin de devenir humain (nitt). »

Le titre de prophète attribué à Mahomet (psl) précède la création d’Adam. Selon le chef spirituel des Moustarchidines, la noblesse qui l’illustre a été incarnée aussi bien par le sceau de la prophétie (psl), pour ce qui concerne l’esprit, que par Adam, pour ce qui est du physique et du mental, Noé, par rapport aux missions prophètiques, et enfin Abraham, avec tout ce qui tourne autour des gestes de piété. Mais la présence de l’homme sur terre, élément de synthèse, n’a de sens que si ce dernier assure l’équilibre entre esprit, intuition, âme, sentiments et logique. « L’esprit devrait être en mesure de coopérer avec l’intuition, afin qu’eux d’eux puissent veiller sur la relation entre l’âme et les sentiments. Quant à la logique, elle devrait servir d’interprète », nous sert Al Maktoum. A cela Mame Cheikh Tidiane Sy, le digne élève de son maître, rajoute : « En tant qu’homme, nous devons aspirer à devenir humain. A ce stade, les cinq piliers peuvent être considérés comme des centres de formation facilitant l’atteinte d’un tel idéal. » Il poursuit : « Le jeûne en est une parfaite illustration. Jeûner, afin de purifier son esprit, mais rompre avec, au bout d’un mois, pour deux raisons : ne point tomber sous le joug de la prétention et donner aussi au nafs l’occasion de profiter de besoins plus que nécessaires. »
La tendance à voir l’ego du disciple être intimidé par la grandeur du Maitre est aussi vieille que le monde. Sauf que le commun des saints à trouvé plus noble et plus puissant, mystiquement parlant, que lui : Ahmada Tijany Chérif (rta). Element clé de la « trajectoire du Qadr », la noblesse de l’homme a été magnifiée par un poète de la trempe de Qadi Madjakhate Kala dans son illustre Ta Maada. Noble de par sa dévotion à la religion, sa lignée et sa dimension intellectuelle,.Seydina Cheikh (rta) est l’incarnation par excellence du sceau de la sainteté. Un Homme de Dieu dont la capacité à user du « Qour Aanoul Haqim » est juste extraordinaire. L’islam avait besoin d’un ressourcement purificateur, et ceci au moment où la Tijanya devenait ce club mystique où puissent s’épanouir les âmes animées d’un réel désir d’evoluer sous le truchement de la Haqiqa (réalités essentielles). Promu au rang de saint avant même la création d’Adam, Cheikh Ahmad Tijany Chérif (rta) a su faire de la tarbiya un tremplin qui puisse mener l’homme aspirant à devenir un humain vers le salut. Et Serigne Moustapha Sy de citer les trois urgences à même d’aider tout disciple de la Tijanya, et partant Moustarchide, à marcher sans trébucher sur le chemin tracé par le divin : « un désir ardent d’entrevoir le cachet du Seigneur en toute chose (tawhid), une capacité à être incorruptible physiquement et moralement et une garantie digne de ce nom avec Aboul Abass Ahmada Tijany (rta) comme guide confrérique.

La nuit du destin (leylatoul qadr) a servit de prétexte à Serigne Moustapha Sy pour renouer avec ce qu’il sait faire mieux que le commun des muftis réunis : aider son auditoire à s’abreuver de la source intarissable qu’est la Haqiqa, en trouvant des réponses à des questions que l’humanité devrait se poser depuis des lustres, afin de cerner au mieux le sens de la présence sur terre. « Une humanité qui cherche des réponses qu’elle ne mérite pas, parce qu’elle ne se pose pas les bonnes questions », précisait la voix du Colisee et non moins voie menant l’homme vers la citadelle du salut, là où il méritera parfaitement le titre d’humain.

Maam Cheikh
Chroniqueur, Auteur

cheikhahmad2@gmail.com

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