LIBÉRATION D'HISSÈNE HABRÉ : L’association des victimes présumées met en garde le Sénégal

08 - Avril - 2021

L’association des victimes des crimes du régime d’Hissène Habré (Avcrhh) est contre toute libération, même pour des raisons médicales, de ce dernier. Pour son président, Clément Abaifouta, Habré ne peut pas être libéré « sans violer les obligations du Sénégal et les principes fondamentaux de la justice internationale ».
« Depuis la condamnation d’Hissène Habré en 2016 par les Chambres africaines extraordinaires pour torture et crimes contre l’humanité, incluant notamment l'esclavage sexuel, ses soutiens n’ont eu de cesse de tenter de faire libérer l’ancien dictateur du Tchad de manière anticipée pour des motifs fallacieux, comme de fausses rumeurs de maladie. Nous venons d’apprendre que les avocats de Habré ont déposé une demande de permission de six mois auprès du juge d’application des peines, motivée une fois de plus par son état de santé », informe l’Avcrhh qui se veut catégorique : «Notre association, qui représente des milliers de ses victimes, rejette cette demande et exigeons que, conformément au verdict historique prononcé par les Chambres africaines extraordinaires (Cae) et aux obligations internationales du Sénégal, M. Hissène Habré purge la peine de la réclusion à vie à laquelle il a été condamné ».
D’après Clément Abaifouta et Cie, «ce jugement exemplaire, qui fait l’honneur du Sénégal et de l’Afrique, a établi la participation d’Hissène Habré dans la commission de crimes horribles et dont les survivants portent encore les stigmates. Il faut aussi rappeler que le Comité contre la torture des Nations Unies a déjà écrit au Sénégal en décembre 2019 pour réaffirmer que « la libération prématurée des auteurs des crimes internationaux les plus graves n'est pas conforme aux obligations » de la Convention de l’Onu contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont l’obligation de réprimer les actes de torture par des peines prenant en compte la gravité de leur nature. Selon le rapporteur du Comité, il ne faut pas qu’il y ait « de recours à une mesure déguisée d’amnistie, et que si d’aventure l’état de santé de Hissène Habré ne permettait pas le maintien en détention de celui-ci, il fallait que ce soit avéré ».
L’association attire «aussi l’attention sur le fait que les Chambres ont ordonné à Habré de payer 82 milliards de francs Cfa aux 7 396 victimes désignées. A ce jour, il n’a toujours pas versé un seul centime aux victimes. Hissène Habré a caché, et cache toujours, l’argent qu’il a volé au peuple tchadien. Le Comité contre la torture, dans sa lettre du 23 décembre 2019, s’est également « déclaré à nouveau préoccupée par le fait que, jusqu'à présent, les victimes des crimes d'Hissène Habré n'ont pas été indemnisées ».
Pour les victimes présumées, «si M. Habré est malade, il doit bien évidemment recevoir un traitement médical. Ce traitement pourrait lui être prodigué en prison. Il ne peut cependant pas être libéré sans violer les obligations du Sénégal et les principes fondamentaux de la justice internationale ».

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

25 - Décembre - 2024

ÎLE-DE-FRANCE : A PARTIR DU 1ER JANVIER, UN TICKET UNIQUE A 2,50 EUROS POUR LE METRO, LE RER ET LE TRAIN

Adieu la tarification complexe. Les multiples tickets en fonction de vos destinations seront de l'histoire ancienne dès le 1ᵉʳ janvier 2025 grâce à une simplification de taille...

25 - Décembre - 2024

"Vous allez moins contrôler un couple de septuagénaires" : comment des seniors sont devenus dealers en France

Il est 13h30, dimanche 22 décembre. Les forces de l'ordre surveillent une voiture à Toulon (Var). Selon un renseignement, elle serait liée à un trafic de drogue. Deux...

24 - Décembre - 2024

Lettre confidentielle : Le ministre de la Justice demande aux procureurs de rationaliser les délivrance de mandats de dépôt pour juguler le surpeuplement carcéral

Dans une circulaire datée du 8 novembre dernier, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, invite les procureurs à rationaliser la délivrance des mandats de...

24 - Décembre - 2024

Torture et traitement inhumain : Une 3e plainte enfonce le général Moussa Fall

Dans sa parution de ce lundi, « L’Observateur » a annoncé en exclusivité que l’ancien commandant du 2e escadron de la garde présidentielle, Ibrahima...

24 - Décembre - 2024

Manifestation « tatounéne (Nu) des féministes : Mame Mactar Gueye Jamra et Cie déposent une plainte

Suite à l’annonce de la tenue d’une manifestation Tatounéne (nu) le 31 décembre 2024, des féministes du Sénégal, Mame Makhtar Guèye de...