LUTTE CONTRE LE CORONAVIRUS : ET SI LE SENEGAL S’INSPIRAIT DE L’EXPERIENCE RWANDAISE ?
Pourquoi le Sénégal ne peut-il pas s'inspirer de l'expérience rwandaise dans la lutte contre le coronavirus? La question fait sens au vu des performances réalisées par le pays de Paul Kagamé. En effet, le Rwanda a réussi à contenir la propagation du coronavirus par l’adoption d’une politique rigoureuse qui oblige les populations à respecter scrupuleusement les mesures barrières. Au moment où le Sénégal compte 10 386 cas, le Rwanda en est à environ « 2 000 cas confirmés et seulement cinq morts depuis le début de l’épidémie pour une population de 12,5 millions d’habitants, (...) l’un des pays les plus densément peuplés d’Afrique », renseigne Le Monde.
C’est cette performance qui explique pourquoi le Rwanda est le seul Etat subsaharien à être inscrit, depuis le 30 juin, sur la liste des pays considérés comme « sûrs » par l’Union européenne (UE), et dont les ressortissants peuvent, sous réserve d’acceptation des Etats membres, pénétrer dans l’espace Schengen.
« Le Rwanda a en effet été l’un des premiers pays africains à imposer en mars un confinement total à sa population, une semaine seulement après la confirmation du premier cas sur son territoire. Depuis sa levée progressive début mai, le port du masque est obligatoire dans tous les lieux publics, le gouvernement a ordonné un couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin, tandis que les bars et les écoles restent fermés », explique Le Monde ajoutant que les personnes prises en flagrant délit de violation des directives du gouvernement sont amenés dans des stades, parfois en pleine nuit, « où ils sont sensibilisés aux dangers de la propagation du virus, avant d’être relâchés à la fin du couvre-feu le matin », explique le porte-parole de la police, cité par mon confrère . « Une méthode radicale dénoncée par certains défenseurs des droits humains comme l’organisation Human Rights Watch, qui pointe des arrestations arbitraires sans procédure régulière », renseigne le journal.
Qui ajoute que dans les rues de Kigali, certains automobilistes et conducteurs de taxis-motos se sont vu également proposer des tests de manière aléatoire lors d’une campagne visant à évaluer l’état de l’épidémie dans la capitale. Un exercice caractéristique de la politique volontariste du pays en matière de dépistage et de traçage des cas contacts.
« On ne peut pas agir efficacement sans savoir qui a la maladie. Les patients positifs sont directement amenés dans des centres de traitement dédiés, car nous avons séparé la prise en charge des malades du Covid-19 du système sanitaire existant pour éviter toute transmission », explique le docteur Sabin Nsanzimana, directeur du Centre biomédical national, cité par Le Monde. En quatre mois, cette institution a ainsi décuplé sa capacité de dépistage, passant de 300 à environ 5 000 tests quotidiens, et elle prévoit de faire monter ce chiffre à 10 000 par jour dans les prochains mois. Les résultats sont généralement envoyés par texto dans un délai de quarante-huit heures.
Lansana SYLLA