Lycées Keur Massar et Jaxaay: pointés du doigt, les élèves renvoient la balle à leurs profs

28 - Juillet - 2021

​Face aux violences en milieu scolaire, les professeurs des lycées de Keur Massar et de Plan Jaxaay pensent que les autorités ont laissé la situation pourrir. Ces acteurs, tout en condamnant ces violences, rappellent les valeurs cardinales de l’enseignant. En revanche, les élèves fustigent l’étiquette de violence qui leur est collée. Ils se défendent et soutiennent que la proximité entre élèves et enseignants constitue l’une des causes de cette violence dès lors que les élèves n’ont plus aucune considération pour leurs enseignants.

 Il est 10 h du matin. La cour du lycée Plan Jaxaay est presque vide. Toutes les classes sont fermées à l’exception des terminales L 2. Les élèves qui s’y trouvent sont en train de réviser leurs cours d’économie. Interpelée sur le phénomène de la violence qui s’est installée à l’école, une lycéenne livre sa pensée. « Nous, du lycée de Jaxaay, ignorons tout ce qui a trait à la violence. Nous condamnons fermement la violence en milieu scolaire. Toutefois, les causes sont à chercher dans le comportement de certains professeurs qui tissent des liens d’amitié avec leurs élèves sans se fixer de limites », analyse Salimata Diallo, élève en classe de T L2.

A l’en croire, ce type de liens participe à briser le mythe du professeur. En effet, pour la candidate au baccalauréat, ce genre d’amitiés sans limite et le comportement de certains élèves peuvent expliquer ces violences à l’encontre des enseignants. Il y a également, selon elle, des professeurs qui humilient des élèves devant leurs camarades de classe. Ce qui pousse certains apprenants à vouloir se venger de façon violente sans mesurer les conséquences de leurs actes.

Martin Moussa Diouf, professeur d’économie au lycée de Jaxaay, confirme que l’absence d’éducation de base est le mal dont souffre l’école. Ce qui fait que les élèves, qui viennent à l’école, manquent de principes d’éducation de base. Pour l’enseignant, l’éducation de base a toujours été le socle de notre société. Ce, dès lors que le droit d’ainesse est une preuve irréfutable de notre éducation de base. Notre interlocuteur déplore également le manque de civisme. C’est tout cela qui serait responsable des agressions que les enseignants subissent au quotidien.

L’influence de l’extérieur
Au lycée de Keur Massar, l’ambiance est la même qu’au lycée Plan Jaxaay. Les classes sont fermées pour cause de fin d’année scolaire. Les seules qui restent ouvertes sont occupées par les élèves en classe d’examen. « Il y a un fait contraire voire paradoxal. L’école qui est censée influencer le monde extérieur est en train de subir l’influence venue de l’extérieur, surtout des réseaux sociaux », décortique Coumba Ndofène Diouf, professeur d’histoire et géographie.

A l’en croire, le fait que les autorités n’aient pas de mainmise sur les réseaux sociaux constitue le maillon faible du système éducatif. « Rien n’est fait pour protéger les élèves contre l’agresseur qui est l’effet des réseaux sociaux », estime-t-il. Notre interlocuteur pense qu’il est bon souvent de sanctionner pour dissuader les apprenants. Ce même s’il est mieux, selon lui, d’avoir une approche pédagogique afin de montrer qu’il existe chez nous des valeurs humaines qui ont toujours bercé l’humanité.

Pour la pédagogie de l’exemple, le professeur interpelle ses élèves, leur demandant s’ils sont violents. « Nous ne sommes pas violents. Nous sommes très bien éduqués », répond du fond de la classe une voix féminine. Pour montrer la discipline qui prévaut dans cet établissement et l’exemplarité des rapports entre élèves et professeurs, le professeur d’histoire et géographie renseigne que la montre accrochée à son poignet est un cadeau de ses élèves.

Les parents ne comprennent plus leurs enfants
A l’Unité 3 des Parcelles Assainies de Keur Massar, la dame Awa Ka ne cache pas ses inquiétudes. « Nous avons bien éduqué nos enfants car nous sommes avant tout des croyants. Hélas, la manière dont les enfants se conduisent dans les maisons est différente de leur comportement dans la rue ou en milieu scolaire. Les parents font souvent face à un ennemi invisible avec l’emprise des réseaux sociaux sur les enfants », déplore-t-elle.

Une influence que cette parente juge néfaste. « Rien ne peut justifier la violence faite aux enseignants. Nous la condamnons fermement. Les enfants ne sont rien d’autre que le produit de la société alors que notre société n’est plus une référence pour ces enfants » se désole pour sa part le sieur Paul Coly. Qui pense qu’il faudrait d’abord se pencher sur les maux de la société avant de prétendre résoudre la violence en milieu scolaire, rapporte Le Témoin.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

21 - Novembre - 2024

GERER SA CLASSE : MISSION ESSENTIELLE DE L’ENSEIGNANT (PAR MOMAR-SOKHNA DIOP)

La gestion des élèves est devenue une tâche complexe pour les enseignants et un casse-tête, notamment en raison des difficultés que peuvent avoir les...

20 - Novembre - 2024

Cas de fraude au baccalauréat 2024 : Les sanctions sont tombées

Le Conseil de discipline de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) a rendu publiques les sanctions issues des cas de fraude au baccalauréat 2024. Sur les 185 dossiers...

06 - Novembre - 2024

Le G7 invite le gouvernement à convoquer le comité de suivi des accords

Des syndicats parmi les plus représentatifs du secteur de l’enseignement ont réclamé mardi la convocation du comité de suivi des accords signés le 22...

06 - Novembre - 2024

Les syndicats du G7 s’opposent à la gestion des LYNAQE par des militaires à la retraite

Le G7 (Groupe des 7 syndicats les plus représentatifs du secteur de l’Éducation), a exprimé son opposition à la mise en place des Lycées...

04 - Novembre - 2024

Le LYNAQE de Sédhiou « prêt » à accueillir ses 480 élèves, ce lundi

Le Lycée nation-armée pour la qualité et l’équité (LYNAQE) de Sédhiou est ‘’prêt’’ à accueillir ses 480...