Macky Sall sur l’emploi au Sénégal: « on ne peut continuer à entretenir des seniors alors que des milliers de jeunes frappent à la porte »

03 - Mai - 2021

La parole du chef de l’Etat était très attendue par les secrétaires généraux des centrales syndicales qui ont posé sur sa table de très nombreuses doléances. Evidemment, le contexte s’y prête avec la survenue de la pandémie du Covid-19 qui a déstructuré le tissu socio-économique. Macky Sall n’a pas voulu verser dans des promesses démagogiques, surtout sur le rallongement de l’âge de la retraite. «Il faut que les patrons respectent l’âge de départ à la retraite qui est de 60 ans, pas 65 ans, pas 55 ans, mais 60 ans. On ne peut toujours bénéficier des avantages de la Fonction publique et vouloir les garder à vie. On ne peut pas continuer à gérer des séniors alors qu’il y a des jeunes qui frappent à la porte. Je ne suis pas favorable. Pour une simple et bonne raison, 77% de la population ont moins de 35 ans. Je compte sur vous pour que cette question ne revienne plus l’année prochaine», tranche Macky Sall, engagé dans le gros chantier de l’emploi des jeunes avec un fonds de 450 milliards F Cfa.
Face aux responsables des centrales syndicales lors de la remise des cahiers de doléances à l’occasion du 1er mai, le Président Sall a surligné l’importance du dialogue entre les travailleurs, l’Etat et le patronat. Il a encouragé le patronat à poursuivre ce dialogue, mais aussi à faire de sorte que le travail décent soit garanti et qu’on respecte l’âge de la retraite. Il a aussi insisté pour que le cadre de concertation soit dynamique et permanent. Il a également soutenu avoir donné des instructions pour que des secteurs comme l’enseignement supérieur, l’éducation, la santé puissent développer des cadres internes de dialogue permanent.
Par ailleurs, l’éternel appel au respect des accords a fait l’objet de discussions entre le Président Macky Sall et les syndicalistes qui courent après l’application stricte de certains protocoles signés avec le gouvernement, comme les enseignants. Il dit : «Quand on signe un accord, il faut le respecter. Quand on ne peut pas respecter, il ne faut pas signer. Je l’ai dit à mon gouvernement et s’il y a grève et après. Ce n’est pas la fin du monde. Je préfère faire face à une grève que signer un accord que je ne vais pas respecter. Donc il faut discuter. Tout ce qu’on peut faire, il faut le faire, mais ce qu’on ne peut pas, on n’est pas obligé de le faire même s’il y a de la résistance et de la tension.» Il ajoute : «Les ministres ne peuvent pas signer des choses qu’ils ne peuvent pas respecter. Maintenant ce qui est signé, il faut essayer de tout mettre en œuvre parce que c’est ça aussi la crédibilité de l’Etat.»
Par ailleurs, l’accès aux prêts au logement accordés par la Direction de la monnaie et du crédit (Dmc) reste toujours un sérieux problème. Selon le président de la République, l’augmentation de l’enveloppe individuelle de deux à cinq millions de francs Cfa a occasionné un «afflux important» de demandeurs que l’Etat n’est pas en mesure de satisfaire. «Nous avons aujourd’hui 37 mille 881 dossiers, estimés à plus de 151 milliards de francs Cfa. Ça, ce n’est pas possible pour la trésorerie de l’Etat», explique le Président Sall qui annonce que l’Etat est en train de travailler sur un projet d’externalisation au niveau des banques. «Nous travaillons pour qu’il n’y ait pas d’apports pour ceux qui ont un emploi salarié. Un mécanisme est mis en œuvre avec la garantie pour l’emploi», souligne Macky Sall. Quid de la cherté du péage ? «Si vous ne voulez pas ou ne vous pouvez payer, il y a une route alternative. Mais il y a un prix à payer. On veille sur la régulation sur le secteur des autoroutes et il n’y aura pas de hausse d’ici 2025. Il faut noter aussi qu’il y a des améliorations sur la qualité de l’ouvrage et on a renégocié le contrat de concession», rappelle Macky Sall, qui annonce en même temps l’exploitation commerciale du Ter avant la fin de l’année.

«Nous apprenons à vivre et travailler avec le virus»
Cette rencontre du 1er mai a été un «moment de retrouvailles qui doit aussi être pour nous un temps de réflexion prospective» pour Macky Sall. Il dit : «A l’ère des échanges effrénés et des interdépendances de plus en plus marqués, nous devons certainement réfléchir sur les voies et moyens de moderniser notre législation du travail pour l’adapter aux mutations et aux périls transfrontaliers qui pourraient surgir dans le futur.» Il explique : «La pandémie de Covid-19 nous a surpris par sa brutalité et son ampleur. A l’épreuve du temps, nous apprenons à vivre et travailler en présence du virus. Ainsi, là où c’est possible, le télétravail s’offre comme solution. Le futur du travail dans sa diversité se dessine sous nos yeux. Voilà pourquoi nous devons anticiper, faire preuve d’ingéniosité, repenser notre formation professionnelle et technique et notre rapport au travail pour nous préparer aux aléas du futur.»

Le Quotidiens

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