MBEUBEUS DEVIENT INCONTRÔLABLE

25 - Novembre - 2019

La ville poubelle à l'expansion galopante arrive à saturation et se transforme en une bombe écologique et sanitaire. Tout autour de la décharge, des habitants n’en peuvent plus et des voix s’élèvent pour dénoncer le désastre en cours

Au Sénégal, non loin de Dakar, les ordures des quelques 3 millions d’habitants de la région de la capitale sont déversées directement dans une décharge à ciel ouvert. Son nom : Mbeubeuss. Aujourd’hui, cette ville poubelle à l'expansion galopante et incontrôlable arrive à saturation et se transforme en une bombe écologique et sanitaire. Des voix, comme celle de l'artiste électro française Suzane, s’élèvent pour dénoncer le désastre en cours.

Vu du ciel, c’est une ville tentaculaire, à l’urbanisation galopante, qui s’étend sur 114 hectares, l’équivalent de près de 200 terrains de football. À deux mille pieds d’altitude, on distingue des bâtiments, des rues, des véhicules qui circulent. Mais une fois au sol, Mbeubeuss se dévoile.

Bienvenue dans la décharge à ciel ouvert de Dakar, une des plus grandes du monde. En fait de bâtiments, des montagnes de déchets plutôt. Dans ses allées, les camions venus de la capitale sénégalaise et de sa banlieue déversent de quoi bâtir des quartiers entiers de détritus, par blocs d’ordures sédimentées sur les lieux.

Pour certains, une aubaine

Dans cette ville monstre d’insalubrité, où l’odeur irrespirable et les fumées dues à la décomposition imprègnent tout corps étranger, des gens vivent. On les appelle les "récupérateurs”. Pour ces quelques 2000 travailleurs informels, ce qui ne sert plus ou doit être jeté devient une ressource. Moda Ndiaye est l’un d’entre eux. Sur le site, le sexagénaire fait partie des anciens. L’homme, très attaché à son métier, nous décrit son activité comme une industrie. Lui, s’est spécialisé dans la récupération des toiles imperméables. À la revente, il en tire 25 000 francs CFA par semaine, près de 40 euros. "La majeure partie ce sont des soutiens de famille" explique-t-il. Pour lui, l’endroit est "une montagne d’or. Rien n’est perdu, même le sable on le récupère, on le vend. Tout est à gagner". Ou tout à perdre.

À quelques centaines de mètres de là, la petite unité agricole de Serigne Sène subit les fumées et les émanations de gaz toxique de la décharge. Installé ici depuis les années 1990, il aimerait pouvoir partir : "Macky Sall doit nous aider face à la situation de la décharge. Moi, il faut qu’on me trouve un autre endroit pour poursuivre mon activité. C’est intenable. Et si possible, enlever la décharge, car on a de plus en plus de mal à respirer", explique-t-il.

Tout autour de la décharge, des habitants qui n’en peuvent plus. Mécanicien, Ibou Faye, doit souvent passer à proximité de la décharge. L’homme se dit victime des boues jugées toxiques qui sont relâchées par les ordures : "À chaque fois que je [vais] travailler je passe par Mbeubeuss. À chaque fois que je passe dans la boue, ça me fait des blessures au pied et ça fait mal. Ça ne brûle pas mais après le soir ça gratte, ça fait mal, en grattant ça fait des boutons", se plaint-il.

Mbeubeuss, bombe écologique et sanitaire ?

L’État veut bien le reconnaître. La situation actuelle n’est pas tenable. Ouverte en 1968, la décharge devait être provisoire, mais les autorités ne s’y sont intéressées qu’en 2015, lors de la création de l’Unité de coordination pour la gestion des déchets du pays (UCG). Sa fermeture et son transfert avaient été décidée en 2012. Mais aujourd’hui, le discours a changé. Il s’agit maintenant de “résorber” Mbeubeuss. Selon El Hadj Mamadou Dieng, adjoint au coordonnateur de la décharge (UCG), il faut changer l’image de la décharge : "On ne verra plus de feux. On va installer des structures aux normes, et même un centre de tri et de compostage".

Mais en attendant, aucun calendrier en vue de l’installation de ces structures. Face au manque d’investissement de l’État, les habitants et les riverains vont organiser une manifestation pour demander que des mesures soient prises. Rassemblement prévu dans quelques semaines, le 14 décembre prochain.

Un clip pour dénoncer cette situation

Le déclic, pour la chanteuse Suzane, s’est pourtant produit loin de Dakar. C’est lors d’une tournée en Chine que l’artiste électro française de 28 ans prend conscience : "La couleur du ciel, à Shanghai, les Chinois ne la voient pas tous les jours. Je me suis rendue compte que je ne voyais pas le visage des gens avec cet épais nuage noir constant", raconte-t-elle. "C'est un futur apocalyptique, c'est très triste d'en arriver à ça, et en Chine ils en sont déjà là".

Germe alors l’idée de tourner un clip pour "montrer la réalité des déchets". C’est à ce moment que la tristement célèbre décharge à ciel ouvert de Mbeubeuss dans la banlieue de la capitale sénégalaise s’impose comme le décor pour son morceau "On a cassé la planète, il est où le SAV ?".

Commentaires
1 commentaires
Auteur : Posté le : 12/06/2022 à 15h53
(2/5)

compra viagra sin receta Sxvrrb [url=https://newfasttadalafil.com/]Cialis[/url] Qgvmyh Levitra Potenz Yzxnbw tadalafil cialis https://newfasttadalafil.com/ - cialis coupon Rutrgn Canadian Pharmacy 24 Hour

Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

28 - Juin - 2022

Ziguinchor : Guy-Marius Sagna et Cie jugés ce mardi

L’activiste Guy-Marius Sagna, arrêté à Ziguinchor (sud) le 18 juin dernier, lendemain de la manifestation interdite de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) sera devant la...

28 - Juin - 2022

«CE QUI S’EST PASSÉ À CEUTA ET MELILLA EST UN MASSACRE DE LA JEUNESSE AFRICAINE»

Après la bousculade qui a fait plus de 23 morts parmi les migrants à Nador, ville marocaine frontière avec l’enclave espagnole de Melilla, le président de...

28 - Juin - 2022

Lac Rose : 4 candidats au Bfem meurent noyés, juste après leurs épreuves physiques

Une séance de baignade a viré, hier, au drame au lac Rose. En effet, tout juste après avoir subi les épreuves physiques, des candidats au Bfem avaient pris l'initiative...

28 - Juin - 2022

Situation du pays : And Samm Jikko Yi demande à YAW de surseoir à la manif du mercredi 29 juin

And Samm Jikko Yi demande à la coalition Yewwi Askanwi de surseoir à la manifestation projetée du mercredi 29 juin 2022. En effet, le collectif pense qu’il faut de toute...

28 - Juin - 2022

ZIGUINCHOR : Le parquet requiert 2 ans dont 6 mois de prison ferme contre Guy Marius Sagna

Le procureur de Ziguinchor vient de livrer son réquisitoire au procès toujours en cours de Guy Marius Sagna et Cie. Selon le correspondant sur place de Libération online, il a...