MOUSTAPHA DIOUF, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION DES RAPATRIÉS DE THIAROYE-SUR-MER : « Si rien n’est fait, il y aura une troisième vague de migrants avec des enfants de 10 ans à bord des pirogues»

19 - Décembre - 2020

Rapatrié des îles Canaries en compagnie de 343 migrants en 2006, Moustapha Diouf est devenu le président de l’Association des jeunes rapatriés de Thiaroye-sur-mer. Invité hier lors de la célébration de la journée internationale de la migration, l’ancien candidat à l’émigration a jeté du sable dans le couscous des Ong et des autres associations luttant contre le phénomène. « Depuis mon rapatriement d’Espagne en 2006, je participe à la journée internationale de la migration. Et je constate malheureusement que depuis cette date les choses n’ont point bougé dans le bon et le meilleur sens, les lignes non plus et le phénomène reste intact. Rien n’a changé. Mais cela ne me surprend pas. La preuve, fils de pêcheur et proche des jeunes, je flaire leur souffle de désolation et d’indignation contre les politiques publiques sur la question de la migration. Depuis plusieurs années, je ne cesse d’alerter mais mes propos ne sont jamais mis en valeur par les autorités concernées. J’avais affirmé que le phénomène allait reprendre si rien n’est fait. Des années plus tard, la vérité des faits me donne raison. Aujourd’hui, comme au début des années 2000, ce sont des centaines et des centaines de jeunes gens qui empruntent des embarcations de fortune à la quête du bien-être perdu chez eux. Je n’ai jamais été compris mais ce qui intéresse les organisations de la société civile et les Ong, ce sont les milliards de l’Ue et les financements de l’Etat. Ce sont elles, dans leurs bureaux huppés, qui déterminent la politique de migration du pays au détriment des acteurs qui sont sur le terrain. Elles déterminent les programmes et fixent leurs coûts », se désole-t-il. « Je n’encourage pas le phénomène mais il ne s’arrêtera pas tant que les conditions et les approches n’auront pas évolué dans le bon sens des choses. J’alerte à nouveau. La situation sera pire dans les mois à venir avec l’arrivée de la troisième vague. Comme vers les années 2006 et 2007, cette vague est inéluctable. Si rien n’est fait, on risque de voir des enfants âgés de 10 ans dans les embarcations. Les jeunes sont désemparés et déboussolés. Ils n’ont plus de perspectives. Leur seul espoir, c’est de voyager et de partir loin en espérant trouver mieux ailleurs que chez eux. C’est indéniable. Ils ne changeront pas de position tant que la donne ne changera pas », insiste Moustapha Diouf.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

03 - Décembre - 2021

Thierno Alassane Sall et la République des Valeurs traînent Yankhoba Diattara devant l’Ofnac, la Crei et la Centif

La République des Valeurs va déposer des plaintes contre le ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, Yankhoba Diattara. « Nous...

02 - Décembre - 2021

Affaire des passeports diplomatiques : Les députés Biaye et Sall, fatigués d’attendre, demandent à être convoqués par le procureur

Les députés, qui ne sont pas encore auditionnés trois semaines après la levée de leur immunité parlementaire, s’impatientent, selon nos...

02 - Décembre - 2021

Le TER ne roulera pas le 24 décembre prochain, sur décision du chef de l’Etat

C’est l’Obs qui donne l’information dans sa livraison de ce jeudi. Le chef de l’Etat, mis au parfum des risques de troubles suite aux menaces des riverains de saboter le...

02 - Décembre - 2021

Le cadre unitaire de l’islam et Jammi Rewmi reçus par la coalition Wallu Sénégal

Le Cadre unitaire de l’islam du Sénégal et Jammi Rewmi poursuivent leurs séries de rencontre dans le cadre de la signature de la charte de non-violence en marge des...

02 - Décembre - 2021

REVUE DE PRESSE : LES QUOTIDIENS RACONTENT LA GALÈRE DES USAGERS DES TRANSPORTS

Les quotidiens ont largement évoqué, pour leur édition de jeudi, le calvaire vécu mercredi par des usagers des transports confrontés à la grève de...