MOUVEMENTS FINANCIERS TRACES PAR LA JUSTICE FRANÇAISE : « PAMODZI SPORTS CONSULTING N’A PERÇU QUE DES COMMISSIONS », SE DEFEND MASSATA DIACK

29 - Septembre - 2020

Il ressort des différents mouvements financiers tracés par Tracfin, une structure du ministère français des finances, que d’importantes sommes d’argent ont transité dans les comptes de la société suisse Athletics Management et Services AG (AMS), citée dans le scandale de corruption de l’IAAF impliquant Papa Massata Diack. Itou sur les comptes de Dentsu la japonaise, et The Sporting Age, la singapourienne.
L’étude du fonctionnement de ce compte met en évidence la réception de montants importants par AMS en provenance de diverses sociétés, enregistrées en Europe et en Chine, mais aucune en France. Important de le souligner. Et surtout une infime partie de ces fonds, sous forme de commissions, a été redistribuée à une société liée à Papa Massata Diack. Dentsu Inc. et Sporting Age n’ayant pas Diack-fils comme ayant droit. Au total, il s’agit de 18 opérations bancaires avoisinant 2 825 000 dollars américains entre mars 2013 et septembre 2015.
Les amalgames de Tracfin
Le premier des amalgames en- tretenus (à dessein !), par ce rapport de Tracfin, se trouve dans ces allégations qui ten- dent à créditer la thèse que la majorité de ces fonds a été redistribuée aux sociétés de Papa Massata Diack, Pamodzi Sports Consulting en l’occurrence. Pierre angulaire du délit d’abus de confiance à lui reproché.
Alors que les mêmes docu- ments disent le contraire. A savoir qu’«une partie du mon- tant de la transaction finan- cière a été justifiée comme une commission résultant d’un contrat passé entre Pamodzi Sports Consulting et AMS entre autres, et entre Pamodzi Sports Consulting et Dentsu. En effet, Pamodzi Sports Con- sulting agirait en tant que courtier d’affaires entre AMS et la société concernée par la transaction. En ce sens, Pamodzi Sports Consulting recevrait d’AMS une commission de 21,8% sur tous les revenus reçus par AMS en vertu du contrat passé».
C’est le cas avec Abou Dhabi Media Company en 2014 qui a viré 2,354 millions d’euros sur le compte de la société suisse. Donc rien de répréhensible, encore moins d’illicite dans ces transferts de fonds qui ont échu dans le compte de la compagnie P. S. Consulting. Mais en approchant Papa Massata Diack, il nous a édifiés que cette spécificité ne s'applique qu'à 2 contrats (Abu Dhabi et CCTV car incluant des apporteurs d’affaires l’eau).
Et comme tout est limpide dans ces transactions, le tribunal n’a jamais voulu les considérer comme tel. Le tribunal de Paris a préféré (à dessein !), les confiner dans le registre abus de confiance et détournement de recettes de sponsoring. A part VTB Bank, Pamodzi Sports Consulting n’a jamais signé d’autres contrats de parte- nariat IAAF World Athletics Series 2007 & 2019. Nirmal Lifestyle (India) est un contrat de licensing qui lui a été cédé par Dentsu et AMS à 50 000 dollars US.
Dès lors se poser la question à savoir en quoi signer un contrat, l’exécuter et se faire payer est délictuel. C’est en partie ce à quoi le tribunal s’est attelé à montrer.
Tracfin ou 87 opérations financières transparentes
C’est ainsi que le compte Suisse d’AMS – la Suisse, qui au passage, a demandé à la justice française de s’occuper de ses pénates au lieu de fouiller des contrats commerciaux n’ayant aucun rapport avec la France - a été bénéficiaire, entre 2013 et 2015, de nombreux virements créditeurs en provenance de multiples sociétés enregistrées en Asie ou en Europe, telles que : Gmina Miatsa Sopotu (Pologne), China Petroleum And Chemicals ou encore Dentsu Sports Europe Limited (Royaume-Uni).
De manière systématique, les fonds ainsi crédités sont re- distribués à la suite en direc- tion des comptes de The Sporting Age, Pamodzi Sports Consulting ou Dentsu. La quasi-totalité de ses sociétés sponsors officiels de l'IAAF (Sinopec, Easyjet, CCTV, Abu Dhabi Media) ont été démarchées par Pamodzi Sports Consulting. Ce qui explique naturellement les virements crédités au profit de cette société.
Sur les 87 opérations répertoriées par Tracfin, entre AMS, Dentsu, Sporting Age et Pamozdi Sports Consulting, rien d’illégal ni de délictuel n’a été établi. Les opérations ban- caires sont effectuées à travers les comptes officiels de ces so- ciétés respectives. Pour dire que personne n’avait et n’a rien à cacher encore moins à se reprocher (40% du profit réalisé par Dentsu).
Et à aucun moment, AMS ou Dentsu ne s’est plaint de sa collaboration avec la société sénégalaise. Au contraire, elle lui a permis de faire de gros béné- fices, et par ricochet, à l’IAAF d’en profiter.
Bénéficiaire des droits des championnats du monde d’athlétisme, après avoir payé le minimum garanti de 18 millions à l’IAAF, la société japonaise Dentsu, a rétribué à hauteur de 40% tout surplus dans les ventes des droits à des sociétés étrangères. Elle contracte avec qui elle veut, fait des bénéfices et permet à la Fédération internationale de se faire un bon profit, lors de la redistribution des marges. A ce titre, l’IAAF peut ne pas savoir avec qui contracte la société japonaise. Même Lamine Diack a reconnu qu’il n’était pas au courant et ne savait rien des sociétés avec qui travaillait Dentsu.
Virements de PMD à Lamine Diack
En tout, c’est la somme de 620 000 euros que Papa Massata Diack a viré dans les comptes de son père Lamine Diack. Quand dans le document re- latif aux notes d’audiences, la Cour retient que cette somme a été reçue en un an, c’est faire preuve de malhonnêteté. Car dans un document confidentiel, il est clairement spécifié les dates et les montants envoyés à l’ex-président de la Fédéra- tion internationale des asso- ciations d’athlétisme (IAAF). C’est sur 5 ans que ce mon- tant de 620 000 euros a été reçu, du 11 mars 2010 au 24
janvier 2015.
«En Afrique, les parents s’occupent de leurs enfants jusqu’à ce qu’ils aient 32 dents. Ces derniers s’occupent des parents jusqu’à ce qu’ils perdent leur 32 dents», avait brillamment expliqué Me Simon Ndiaye, avocat de Lamine Diack, sur les réalités propres au continent.
Surtout que toutes ces opérations sont effectuées à partir des comptes officiels de PMD et de Pamodzi Sports Consulting. Ces mouvements de fonds n’ont aucune concordance temporelle avec ce que l’or- donnance de renvoi du tribunal correctionnel a assimilé à un délit.
En substance, voilà ce à quoi s’est attelé le tribunal correc- tionnel de Paris pour asseoir un délibéré contesté par toutes les parties. Aucune ne semble se satisfaire de ce que la décision prise en première instance. Parce que le rapport inquisiteur et raciste de l’AMA a servi de cadre à cette parodie de justice. Espérons que le droit sera lu et dit en seconde instance. Parce que tous les éléments tendant à déconstruire cette infâme thèse est dans les tiroirs des juges maintenant. Qu’ils en fassent usage !
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