NAUFRAGE DE L’ÉMIGRATION PIROGUIÈRE: L’URGENCE D’UN MORATOIRE SUR LES ACCORDS DE PÊCHE(PAR DIAGNE FODE ROLAND)

18 - Septembre - 2024

Les naufrages se multiplient, le traumatisme et le sentiment d’impuissance est grand.

Certains de nos enfants, de nos jeunes continuent de subir l’émigration forcée conséquence de la misère et du chômage du non-développement consécutif à à l’aggravation de l’oppression néocoloniale qui perdure depuis les indépendances formelles de 1960. C’est là l’expression du désespoir d’une fraction de notre jeunesse qui demeure prisonnière des illusions de « l’eldorado » en euros, en livre sterling ou en dollars et de la mentalité qu’il « vaut mieux survivre en sans papiers » dans les pays oppresseurs impérialistes que de survivre dans son propre pays dont les richesses prennent sous leurs yeux le chemin de l’Europe et des USA.

D’autres de nos enfants, de nos jeunes ont montré à l’Afrique et au monde qu’il était possible de lutter pour chasser les régimes néocoloniaux qui avaient bénéficié des deux alternances libérales de 2000 puis de 2012. Ceux-là et celles-là espèrent maintenant que la victoire du camp souverainiste de notre parti Pastef se traduira par des emplois décents et la mise en œuvre pratique de la disposition constitutionnelle qui dit que « les richesses du sol et du sous sol appartiennent au peuple ».

Le récent naufrage avec pertes en vies humaines resitue l’immense tâche de déconstruction de l’État néocolonial, de reddition des comptes par voie de justice des voleurs néocoloniaux des deniers publics et des crimes de sang, tortures et autres emprisonnements arbitraires subis par la jeunesse résistante qui a finalement réussi la prouesse d’expulser par le vote l’autocratie libérale néocoloniale.

Dans cette phase de transition vers la rupture et la transformation systémique :

- les rapports de corps de contrôle de l‘Etat (IGE, IGF, OFNAC, Cour des Comptes) et les audits centraux et sectoriels suivis des saisines des tribunaux permettront faire rendre gorge aux voleurs et de rendre justice aux victimes des répressions liberticides de la dictature libérale de Macky/APR/BBY.

- la position se démarquant des va-t-en guerre de la CEDEAO contre l’AES contribue à neutraliser les velléités agressives néocoloniales et met en perspective le panafricanisme souverainiste.

- la préparation en cours des dossiers pour renégocier les conventions avec les accapareurs impérialistes de nos richesses nationales en tenant compte de l’état désastreux réel des finances publiques héritées de la gestion calamiteuse et prédatrice de Macky/APR/BBY et avant du PDS et du PS s’inscrit dans la perspective de la rupture promise.

- d’autres questions majeures comme la sortie du franc colonial CFA, le départ des bases militaires françaises, la souveraineté alimentaire, l’industrialisation, la nationalisation des secteurs stratégiques indispensable à l’État stratège, l’inscription souveraine du Sénégal dans l’option du multilatéralisme versus unilatéralisme hégémonique occidental, etc relèvent de la phase d’après de la rupture et de la transformation systémique.

En attendant, tout en poursuivant le travail en cours contre la mal-gouvernance et en étant exemplaire dans la gestion et le dire vrai sur la réalité de l’insupportable héritage libéral néocolonial, il faut trouver les moyens en plus de la répression des trafiquants piroguiers de faire en sorte que les pêcheurs du pays vivent correctement de leur pêche.

La transformation progressive de nos pêcheurs en trafiquants transporteurs piroguiers d’émigré(e)s vers l’Europe forteresse barricadée, de plus en plus raciste et fascisante est une réalité amère et intolérable. Cette tragédie est une manifestation cruelle de l’oppression nationale que notre peuple subit, notamment ses classes laborieuses.

Le paysan ne vit plus ou survit difficilement de la terre qu’il met en valeur concurrencé par les producteurs des impérialistes en vertu des accords de partenariat économique (APE) imposés par l’Union Européenne(UE). Il en est de même de l’éleveur et du pêcheur. Même la bourgeoisie nationale, les « opérateurs économiques » nationaux sont condamnés à être au mieux des sous-traitants des entreprises impérialistes françafricaine, eurafricaine et usafricaine.

La masse des emplois sont précaires parce que confinés dans le goorgoorlu du secteur informel. Le Sénégal néocolonial est un vaste marché Sandaga, c’est-à-dire un marché de pauvres où l’on vend et achète des produits, des marchandises fabriqués ailleurs parce que les plans libéraux d’ajustement structurel du FMI, de la Banque Mondiale et les accords de soumission à la françafrique, l’eurafrique et l’usafrique empêchent toute sortie du sous-développement.

Pour commencer à juguler ce drame des naufrages successifs, il est urgent d’obtenir un moratoire sur les accords de pêche avec les différents pays dont les bateaux saturent nos richesses halieutiques. Cette période de suspension des pêches par les bateaux étrangers est à mettre à profit pour faire en sorte que nos pêcheurs vivent de la pêche et non du trafic de l’émigration piroguière. La répression seule ne suffira pas à endiguer ce trafic d’humains ni le désespoir social qui fait partir certains de nos jeunes au risque de leurs vies.

Ce moratoire est une mesure urgente de l’actuelle phase de transition en attendant que la nouvelle gouvernance souverainiste mette le pays sur les rails de la sortie du sous-développement.

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