Ngor DIOP : un combat pour l’honneur de la magistrature

10 - Octobre - 2020

« Perdre son honneur est le plus grand des malheurs »
Il est des moments dans la vie d’un homme où les ambitions personnelles, les avantages matériels, les récompenses pécuniaires et les logiques de carrière s’effacent devant un principe essentiel qui donne sens à notre existence : l’honneur. Président du Tribunal d’Instance de Podor, le magistrat Ngor DIOP a été affecté en qualité de conseiller à la Cour d’appel de Thiès (une sanction illégale) pour avoir appliqué la loi et placé sous mandat de dépôt un dignitaire religieux poursuivi pour des faits répétés et reconnus de dévastation de récolte, menaces et voies de fait. En dépit de nombreuses injonctions et de multiples pressions du Ministre de la justice, garde des sceaux Malick Sall, le magistrat est resté droit dans ses bottes, refusant, à juste titre de libérer le prévenu, en vertu des dispositions de l’article 90 de la Constitution qui sont claires, nettes et précises « Les juges ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi dans l’exercice de leurs fonctions ». En conséquence, la décision d’affectation du juge Ngor Diop, dans le cadre d’une consultation à domicile est frappée d’illégalité manifeste, car, aux termes de l’article 6 de la loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats « en dehors des sanctions disciplinaires du premier degré, les magistrats du siège ne peuvent recevoir une affectation nouvelle, même par voie d’avancement, sans leur consentement préalable. Lorsque les nécessités du service l’exigent, les magistrats du siège peuvent être provisoirement déplacés par l’autorité de nomination, après avis conforme et motivé du Conseil supérieur de la Magistrature spécifiant lesdites nécessités de service ainsi que la durée du déplacement ».
La légalité de la procédure d’affectation d’un magistrat du siège requiert le strict respect de certaines conditions :
1) Primo, le principe de l'inamovibilité des magistrats du siège consacré à l’article 6 de la loi portant statut des magistrats interdit que le magistrat Ngor DIOP puisse recevoir une nouvelle affectation sans son consentement (ce consentement préalable est nécessaire jusqu'à la date du décret le nommant dans sa nouvelle affectation).
2) Secundo, lorsque les nécessités de service sont invoquées par l’autorité, 3 conditions doivent être réunies :
• Un avis conforme et motivé du CSM (Conseil supérieur de la magistrature) doit être rendu,
• Les nécessités de service doivent être dûment spécifiées,
• L’avis du CSM doit préciser, expressément la durée de déplacement.
Ces formalités substantielles n’ayant pas été respectées pour la magistrat Ngor DIOP, la décision d’affectation le concernant est illégale, nulle et non avenue. La démarche noble et courageuse du magistrat Ngor Diop de saisir, via ses avocats, la chambre administrative de la cour suprême, aux fins d’une annulation du décret illégal honore le magistrat, et rétablit la dignité du juge sénégalais. Depuis 2012, les magistrats sénégalais sont humiliés, rabaissés et instrumentalisés (pour certains) par Macky Sall, dont l’unique préoccupation est d’asservir la justice, à des fins de conservation du pouvoir. De nouvelles figures émergent : Ngor DIOP, Souleymane TELIKO, etc..Des centaines de magistrats sénégalais anonymes intègres ont décidé de relever la tête, d’œuvrer pour une bonne administration de la justice et de rendre avec impartialité, et neutralité la justice au nom du peuple. Une colère sourde envahit les rangs de la magistrature. Préserver l’indépendance des magistrats et les conditions d'impartialité, de dignité et de sérénité dans lesquelles la justice doit être rendue nécessite aujourd’hui le départ de l’incompétent ministre de la justice, Malick Sall, un homme de conflits, qui a perdu toute crédibilité, la réhabilitation du Juge Ngor DIOP et l’abandon total de la procédure loufoque à l’encontre du juge TELIKO. Parce que l’honneur de la magistrature est en jeu, le combat de Ngor DIOP et du juge TELIKO pour l’indépendance de la justice sera mené à son terme.
Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

27 - Septembre - 2023

AN 21 NAUFRAGE DU « JOOLA » : LE MINISTRE DES FORCES ARMÉES ÉVOQUE LE DEVOIR DE MÉMOIRE

Le ministre des Forces armées, comme à chaque commémoration du chavirement du bateau « Le Joola » ayant enregistré plus de 1 800 morts, l’une des plus...

27 - Septembre - 2023

COMMÉMORATION DU NAUFRAGE DU BATEAU LE JOOLA : 21 ANS APRÈS, LES MÊMES DOLÉANCES REVIENNENT

Ce sont toujours les mêmes doléances 21 ans après le naufrage du bateau Le Joola. En conférence de presse hier, mercredi 20 septembre, le comité...

27 - Septembre - 2023

IL N'Y A AUCUN LIEN ENTRE LE MEURTRE DES DEUX POLICIERS GAMBIENS ET LE MFDC (CERCLE DES INTELLECTUELS ET UNIVERSITAIRES DU MFDC)

Le 12 septembre 2023, deux policiers gambiens ont été tués par un certain Ousainou Bojang, originaire de Brufut Bojang Kunda, présenté par les autorités...

26 - Septembre - 2023

21e édition commémoration du Joola: le Comité d’initiative pour l’érection du musée-mémorial persiste pour la réalisation de ses doléances

Ce 26 septembre 2023 marque la 21e édition de la commémoration du naufrage du bateau le Joola. Cette catastrophe avait fait près de 2000 morts. Les revendications ont...

26 - Septembre - 2023

Migration clandestine: Plus de 4000 Sénégalais ont débarqué aux îles Canaries en 2023

Le nombre de Sénégalais arrivant aux îles Canaries sur des embarcations de fortune continue d’augmenter. Cette année, selon les données du ministère...