OPINION : LA POLICE SENEGALAISE TORTURE ET VIOLE LES DROITS HUMAINS (PAR SEYBANI SOUGOU)

22 - Février - 2021

« Les forces de l’ordre doivent cesser de provoquer les populations » Macky Sall (2011)

Le BRP (bureau des relations publiques) de la police nationale a fait parvenir à la presse un communiqué laconique pour nier les nombreuses accusations de torture contre des personnes arrêtées ; précisant que toutes les interpellations récentes ont été menées en parfaite conformité avec les lois et règlements en vigueur.

Le contenu du communiqué est mensonger et vise uniquement à redorer le blason de la police nationale dont l’image est considérablement ternie auprès des populations. En effet, les faits ainsi que les différents rapports des organisations de la société civile et du comité contre la torture des Nations Unies accablent la police nationale et confirment que la torture est une pratique ancrée en son sein, même s’il convient de ne pas généraliser.

Il faut le reconnaitre : certains policiers agissent avec professionnalisme, et exercent leur mission avec dévouement, responsabilité et dignité comme par exemple ceux qui ont distribué des masques à nos concitoyens, dans le cadre de la lutte contre la covid-19. Ceux-là méritent respect et considération du peuple.

En revanche, d’autres agissent comme de vulgaires délinquants et exécutent des ordres illégaux.

L’article 295-1 du Code Pénal définit la torture comme « les blessures, coups, violences physiques ou mentales ou autres voies de fait volontairement exercées par un agent de la fonction publique ou par toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec consentement exprès ou tacite, soit dans le but d'obtenir des renseignements ou des aveux, de faire subir des représailles, ou de procéder à̀ des actes d'intimidation, soit dans un but de discrimination quelconque ».

Les exemples de coups, blessures, traitements cruels, inhumains et dégradants ayant entrainé la mort de personnes en détention foisonnent. La torture et les mauvais traitements sont employés de façon constante et systématique jusqu'au moment où les personnes interpellées sont déférées (allant des douches froides forcées à des coups de matraque sur les genoux ou les tibias). De nombreux aveux sont obtenus sous la torture.

• Ibrahima M’Bow qui venait juste d’être placé sous mandat de dépôt, a été tué par balle dans l’enceinte de la prison de Rebeuss, le 20 septembre 2016, lors d’une mutinerie. Cette mutinerie a été réprimée dans le sang et a causé de nombreux blessés.

• Elimane Touré, arrêté et détenu le 19 janvier 2017, suite à une plainte est décédé le même jour dans les locaux, au Commissariat du Port,

Deux jeunes étudiants Bassirou FAYE et Fallou SENE ont été assassinés froidement et lâchement par des éléments de la police nationale, agissant sur ORDRE. Dans une vidéo devenue virale et largement diffusée sur les réseaux sociaux en 2018, l’ancien Ministre Mamadou Diop DECROIX a été violemment malmené et brutalisé par la police (des images qui ont choqué des millions de sénégalais).

Récemment des militants du parti PASTEF et des membres de mouvements citoyens ont été cueillis en plein jour par des policiers en civil, au vu et au su de toute monde ; des arrestations préventives tous azimuts opérées dans l’illégalité la plus totale par des policiers anonymes agissant comme de vulgaires voyous (kidnapping) ; ce qui relève d’un banditisme d’état.

Pour une police nationale digne, républicaine et respectueuse des libertés individuelles et collectives, une opération mains propres est incontournable : il faut nettoyer les écuries d’AUGIAS (la police doit faire le ménage et extirper les graines pourries en son sein). Disons-le sans détour, les graines pourries qui portent l’uniforme de police portent atteinte à son image et décrédibilise son action.

Détenir le monopole de la violence légitime va de pair avec l’éthique de responsabilité (usage proportionné de la force). L’uniforme du policier ne doit en aucun cas être un paravent ou un prétexte pour faire tout et n’importe quoi : dans un état de droit les policiers ne sont pas au-dessus des lois et sont soumis à la loi.

Alioune Tine Ancien Président de la RADDHO, Fondateur d'Africa JOM CENTER et Seydi Gassama Directeur d’Amnesty International Sénégal ont parfaitement raison d’insister sur la nécessité d’assurer une bonne formation des policiers. Car un policier bien formé est censé savoir qu’il est totalement illégal d’encercler le domicile d’un opposant (un policier doit refuser d’exécuter un ordre manifestement illégal). Personne n’imagine une seule seconde en France que le ministre de l’intérieur Gérard Darmanin puisse donner l’ordre à la police d’encercler les domiciles de Jean Luc Mélenchon et de Marine Le PEN (opposants).

C’est une triste réalité, mais une réalité implacable : la police sénégalaise torture, viole les droits humains, et dans certains cas, tue.

Le temps des menaces et intimidations est révolu : les citoyens sénégalais qui sont nés libres, dans une République qui s’appelle le Sénégal, entendent le demeurer.

Toutes les bavures policières seront dénoncées sur la place publique et leurs auteurs poursuivis (tôt ou tard).

Nous exigeons la libération sans délai de tous les citoyens et détenus politiques (otages) accusés « d’insurrection et du mot fallacieux d’atteinte à la sureté de l’Etat ».

Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

20 - Mars - 2022

THIABA SALL SANS LANGUE DE BOIS : MONSIEUR LE PRESIDENT, « NOUS VOULONS DU CONCRET »!

On savait qu’elle n’a pas la langue de bois, le défaut le mieux partagé chez les acteurs politiques, mais qu’elle allait être aussi péremptoire a...

19 - Mars - 2022

REVUE DE PRESSE : LE 9ÈME FORUM MONDIAL DE L’EAU ET LES OPÉRATIONS DE SÉCURISATION EN CASAMANCE À LA UNE

De nombreux journaux reçus, samedi, à l’APS, ont mis l’accent sur la polémique entre la Mairie de Dakar et le Secrétariat exécutif du 9ème...

19 - Mars - 2022

Casamance : plus de 300 personnes déplacées et une dizaine d’écoles fermées suite aux combats

Nichée dans le département de Bignona, la commune d'Oulampane sent encore l'odeur de la guerre. Dans ce hameau la désolation se lit sur tous les visages des rares habitants...

19 - Mars - 2022

FRANCE : LA COOP’HABITAT GRAND SUD PORTEE SUR LES FONTS BAPTISMAUX

Une opportunité inespérée pour les Sénégalais du Grand Sud, est-on tenté de dire, tant le désir d’avoir un toit au bercail demeure souvent...

19 - Mars - 2022

AFFAIRE SWEET BEAUTY: OUSMANE SONKO CONVOQUÉ PAR LE DOYEN DES JUGES

Les choses semblent bouger dans l'enquête sur l'affaire dite "Sweet Beauty" opposant le député Ousmane Sonko à Adji Sarr. En effet, après la convocation...