Ouverture du procès en appel de l'affaire Boffa Bayotte: L'avocat de la défense, Me. Ciré Clédor Ly démontre les violations de l'enquête de la gendarmerie et du juge d'instruction.

25 - Juillet - 2024

Le procès en appel de l'affaire dite Boffa Bayotte, marquée par la mort de 14 explotants forestiers, froidement exécutés en janvier 2018 par un commando armé non identifié, a démarré ce mercredi à la cour d'appel de grande instance de Ziguinchor. A la barre, il y avait Oumar Ampoï Bodian, chargé de mission du Mfdc et le journaliste René Capain Bassène, laccusé d'être le planificateur de cette tuerie. Ce qui a marqué le plus les esprits, lors de cette première journée de ce procès qui finit vendredi, c'est la plaidoirie de Me. Ciré Clédor Ly, l'avocat de la défense qui a évoqué un chapelet de motifs tendant à démontrer que la procédure a été violée depuis le début de cette affaire jusqu'au jugement. Pour étayer sa thèse, Me. Ly a évoqué les procès verbaux d’audition comme ceux des constats pour indiquer que la gendarmerie s'est assise sur tout ce qu’exige la loi pour faire arrêter et emprisonner René Capain Bassène comme tous ses co-inculpés. Or, souligne t-il, l’article 51 bis du code de procédure pénale sénégalais comme l’article 5 de l’Uemoa exigent des officiers de police judiciaires pour qu’ils lisent leurs droits aux personnes arrêtées et que ces personnes aient droit à un avocat tout comme la visite d’un médecin. Chose qui n'a pas été respectée pour les personnes arrêtées dans la nuit du 13 janvier 2018. Plus grave encore, l'avocat a fait savoir qu'après plus de 48 heures de garde à vue, c’est le 17 janvier 2018 que le procureur de la République, Alioune Abdoulaye Sylla, avait signé le procès-verbal de la prolongation de la garde à vue de René Capain Bassène suite à une lettre du commandant de brigade de la gendarmerie qui s’est rendu compte de sa bourde. Ce dernier a demandé et obtenu une prolongation de la garde à vue, déplore l'avocat de la défense qui a demandé à ce que toute cette procédure soit annulée pour cause de nullité. À ce sujet, il soutient mordicus que les hommes en bleu tout comme le juge d’instruction ont violé la loi sur tout son parcours.
''M. le président j’ai défendu des anciens présidents, j’ai défendu des premiers ministre. Depuis que j’ai commencé ma carrière d’avocat, la seule personne dont les droits ont été aussi violés n’a été que Karim Wade. En dehors de ces cas évoqués, ce sont ces gens-là qui ont été maltraités comme jamais. Et j’espère que vous mettrez un terme à cette injustice et remettrez ces personnes en liberté'', a -t-il lancé.
À signaler qu'à la veille de ce projet, le président du mouvement ''Vision Citoyenne'', Madia Diop Sané qui suite de près cette affaire de Boffa Bayotte, depuis son éclatement en 2018, est monté au créneau pour émettre des craintes par rapport à ce nouveau jugement. Il craint notamment que Ibrahima Diédhiou et Aliou Badara Sané soit, à nouveau, condamné. Évoquant ce sujet, il a récusé l'attitude du procureur qui a interjeté appel par rapport au verdict rendu les concernant en première instance. Il a, lui aussi, martelé que l'enquête de la gendarmerie concernant cette affaire de Boffa Bayotte n'a pas été faite dans les règles de l'art. Le président du mouvement Vision Citoyenne se dit étonné de la condamnation de René Capain Bassène et Oumar Ampoï Bodian, soulignant qu'aucune preuve n'avait été présentée contre eux lors du procès en première instance qui a eu lieu en 2022.
Sur un autre plan, il a demandé à ce que le groupe des accusés qui avaient été acquittés, après avoir passé 4 ans en prison, soit dédommagé sinon, dit-il, les erreurs de justice vont s'accumuler au Sénégal.

 

Mamadou Alpha Diallo (infos15.com)

 

 

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