Pandémie COVID19 au Sénégal : ces failles qui hypothèquent la mission du comité national de gestion des épidémies !

29 - Mai - 2020

Depuis un peu plus de 20 ans les gouvernements sous les auspices des Nations Unies tentent de mettre en place des cadres appropriés de prévention et de gestion des risques de catastrophe. Cela s’est traduit au niveau des nations Unies par la mise en place d’une agence dénommée Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe. Ainsi le cadre mondial dédié à cette mission est appelée plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe. Au niveau continental sous régional et national des plateformes régionales, sous régionales et nationales ont ainsi vu le jour .Leurs missions consistent selon une approche globale, intégrée, participative et inclusive à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies (à partir des plans) de prévention et de gestion des risques de catastrophe.
Ces plateformes nationales de façon générale, sont coordonnées par les ministères de l’intérieur. D’une prévention et d’une gestion sectorielle, les nations unies encouragent une prévention et une gestion multisectorielle des risques de catastrophe en vue d’une mutualisation des efforts, d’une meilleure rationalisation des ressources et donc d’une plus grande efficacité.
C’est pour répondre à cette mission que les plus hautes autorités de notre pays ont mis en place LA PLATEFORME NATIONALE DE PREVENTION ET DE GESTION DES RISQUES MAJEURS au terme du décret 2008-211. La coordination étant assurée par le ministère de l’Intérieur à travers la direction de la protection civile. Cette coordination a pour mission de fédérer les plans sectoriels afin d’harmoniser les actions au niveau national.
Toutefois comme toute innovation, il y a toujours des écueils à surmonter pour pouvoir faire adhérer tout ; car selon les sensibilités, les compréhensions et interprétations, certains sectoriels ne se sentent pas liés à cette plateforme et élaborent leurs propres stratégies : c’est le cas du cadre institutionnel de gestion des épidémies au Sénégal dénommé COMITE NATIONAL DE GESTION DES EPIDEMIES.
Ce comité présidé par le directeur de la santé a une approche strictement médicale de la gestion des épidémies. Dans sa composition seuls le personnel médical relevant du public et l’OMS sont membres. Les autres acteurs sont relégués au rang de membres consultatifs (voir document instituant ce comité). ). Or, la question de la gestion des risques biologiques, est prise en compte dans l’accord de Sendai (2015-2030).
Même le ministère de l’Intérieur qui est le point focal national de la réduction des risques de catastrophes ne figure pas parmi les membres de ce comité.
Les élus locaux, les organisations non gouvernementales, la société civile, le secteur privé, les journalistes, les communautés… ne sont pas pris en compte dans la note instituant ce comité.
Au demeurant on parle de Santé Unique (ONE HEALTH).De ce point de vue on ne peut pas comprendre que le ministère de l’élevage et celui de l’environnement qui gèrent chacun à sa manière la santé animale et qui partagent la politique sanitaire du pays avec le ministère en charge de la santé humaine soient au rang de membres consultatifs. Très aberrant ! D’ailleurs il s’agit ici et avant tout, d’un virus qui demeure plus connu par les vétérinaires.
La conséquence : le comité a du mal à affirmer son leadership et à asseoir la stratégie qu’il a élaborée : défiances et résistances sont notées au niveau communautaire. Le recours à la force publique et le pilotage à vue illustrent suffisamment les limites objectives des stratégies jusque-là conçues et mises en œuvre. C’est pourquoi nous nous invitons le gouvernement et l’Etat du Sénégal à trouver une solution pertinente quant à la gouvernance des risques.
La guerre contre une crise (peu importe sa nature, son origine) ne peut être gagnée durablement que lorsque les uns et les autres auront compris que l’unilatéralisme est révolu. Nous sommes à l’ère de la gestion concertée et partagée ! Le repli sectoriel a longtemps prouvé son inefficacité.

Monsieur Abdou Sané ancien député
Président de l’Association Africaine pour la Promotion de la Réduction des Risques de Catastrophe.

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