PISTES DE REFLEXION POUR UNE LUTTE EFFICACE CONTRE LE COVID – 19 AU SENEGAL (SALIF GAYE)

26 - Mai - 2020

L’analyse des mesures prises par l’état sénégalais et l’appréciations de certains spécialistes, nous a permis de dégager des recommandations qui pourraient permettre de mieux lutter contre l’expansion de la pandémie COVID-19 au Sénégal. En effet, dès le début de la pandémie, l’état a pris plusieurs mesures dont l’instauration de l’état d’urgence avec un couvre-feu, la fermeture des établissements d’enseignement et des lieux de cultes ainsi que le respect des mesures barrières. Ces mesures étaient appréciées par la majorité de la population, mais avec l’augmentation du nombre de cas (79 à 3000 entre le 23 mars et le 24 mai 2020 soit une hausse de 37%) et le plombage de l’économie, certains spécialistes de la santé ont préconisé des mesures alternatives. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer le Docteur Pape Moussa Thior, expert en santé publique, ancien coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme. Il reconnait la complexité de la lutte contre le covid-19 et salue la gestion de la crise par l’État du Sénégal. Cependant il ne trouve plus pertinent de continuer à faire l’état d’urgence car il estime qu’on ne doit pas empêcher les gens de circuler entre les régions, Dakar ayant la particularité de concentrer l’essentiel des structures de santé du pays. Et il se trouve que la majorité des malades qui sont pris en charge dans les centres anticancéreux et les centres chirurgicaux viennent de l’intérieur du pays (Matam, Podor, Ziguinchor, etc.). Ces malades rencontrent des difficultés énormes pour venir à leur rendez-vous médical parce que les transports publics interurbains ne marchent pas. Par ailleurs, Monsieur Moustapha Diakhaté, ex ministre-conseiller du Président de la République plaide pour une levée de l'état d'urgence assorti d'un couvre-feu qui n’a pas permis d’endiguer la chaine de transmission de la Covid-19 au vu de l’augmentation exponentielle du nombre de cas. Il a aussi signalé sur le plan économique la mise en veilleuse de plusieurs activités génératrices de revenus et des entreprises du secteur informel, piliers de l’économie sénégalaise. Le Professeur Moussa Seydi, Chef du Service des Maladies infectieuses de l’hôpital Fann, quant à lui fait partie de spécialistes qui ne partagent pas l’avis du Docteur Thior, qui pourrait selon lui mener à la catastrophe si on laisse le virus circuler. Il précise qu’il est préférable de prévenir l’effusion de la maladie dans le pays que d’essayer de guérir après. Face à cette évolution de la situation, le Président de la République, a décidé d’adapter la stratégie afin de permettre le déroulement des activités essentielles et de faire vivre l’économie du Pays en veillant à la préservation de la santé de la population. Il a ainsi décidé de l’assouplissement des conditions de l’état d’urgence comme suit : - Réaménagement des horaires de bureau ; - Ouverture des marchés et autres commerces pendant 6 jours le 7éme jour étant dédié au nettoiement ; - Ouverture des marchés hebdomadaires, communément appelés « loumas » dans les limites de chaque Département ; - Réouverture des lieux de culte ; - Reprise des cours le 2 juin pour les classes d’examen ; - Etc.
Pour éviter la propagation du virus, il a instruit aux membres du Gouvernement de veiller particulièrement à ce que la fréquentation des lieux de culte, des établissements scolaires et espaces publics (marchés et autres commerces, y compris les restaurants), obéisse strictement aux mesures de distanciation sociale et aux gestes barrières, notamment le port obligatoire du masque et le lavage des mains. Ces mesures ont été diversement appréciée par la population particulièrement celle relative à la reprise des cours. En effet, on constate malheureusement que la majorité de la population ne respecte pas les mesures barrières, ce qui contribue à inquiéter d’avantage certains parents d’élèves. Par ailleurs, suite à certaines études dont celle de « The Lancet » jugeant inefficace voire néfaste le recours à la chloroquine ou à ses dérivés comme l'hydroxychloroquine contre le Covid-19, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise la suspension temporaire des essais cliniques avec l’hydroxychloroquine qu'elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays. Cependant les résultats de ces études contrastent avec les chiffres très encourageants qui établissent l'efficacité de la molécule dans certains pays comme le Sénégal, le Maroc et plusieurs autres pays africains et européens. Il y a aussi l’utilisation de la Covid Organics qui n’est pas recommandée par l’OMS pour le traitement de pandémie. L’analyse de la situation actuelle fait ressortir qu’au Sénégal : - La seule mesure préventive relative aux gestes barrières n’est pas respectée ; - Le seul traitement utilisé au Sénégal pour le traitement de la maladie est remis en cause par l’OMS (1515 malades guéris, 36 décédés sur 3134 à la date du 25 mai 2020). Par conséquent on doit veiller davantage à l’obligatoires du port de masques et des gestes barrières. Ce qui ne peut se faire qu’avec un déploiement important des forces de sécurité difficile à réaliser si on continue à les mobiliser durant la nuit (couvre-feu). Pour rendre effective les gestes barrières, il serait donc souhaitable de mettre fin au couvre-feu en interdisant les rassemblements dans les espaces publics, les bars, les restaurants, etc. Pour cela on doit déployer la majorité des policiers, gendarmes, militaires et ASP pour faire respecter les gestes barrières, ainsi : - Toute personne qui sortira de sa maison devra porter un masque ; - Toutes personne qui ne respecte pas les gestes barrière devra subir une sanction exemplaire. Le déploiement massif de ces forces de l’ordre avant le démarrage des cours contribuera à réconforter d’avantage les élèves, leurs parents et les enseignants. Nous ne saurions terminer sans nous poser quelques questions : - Concernant l’hydroxychloroquine, peut-on se permettre de le laisser tomber si on n’a pas un remède alternatif et accessible ? - Par ailleurs, les essais cliniques sur le Covid Organics ne doivent-ils pas être accélérés en vue de son utilisation comme préventif ?
SALIF GAYE, PROFESSEUR TITULAIRE DE CLASSE EXCEPTIONNELLE, LME, IUT, UNIVERSITE DE THIES

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

12 - Décembre - 2023

Présidentielle : Un agent de l'administration aurait vendu le fichier électoral à des candidats

C’est une nouvelle affaire qui s’ajoute aux nombreuses affaires qui rythment la période préélectorale. Un agent de l’administration aurait vendu le fichier...

12 - Décembre - 2023

Me Moussa Diop placé en garde à vue pour « acte de nature à jeter le discrédit sur les Institutions de la République » et « diffusion de fausses nouvelles »

Ce que Me Diop a dit aux enquêteurs de la SU : « Armes livrées à la Présidence » : Moussa Diop confirme ses propos et dépose un connaissement....

11 - Décembre - 2023

Journée Internationale des Droits de l’Homme : Le Forum du Justiciable adresse des recommandations à l’État du Sénégal

A l’occasion de la Journée Internationale des Droits de l’Homme, marquant également le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme...

07 - Décembre - 2023

Oumane Sonko Mame Mbaye Niang : la mise en état est terminée

Il y a eu une fausse alerte il y a quelques semaines dans l'affaire de diffamation opposant Ousmane Sonko au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang concernant la programmation de l'audience....

06 - Décembre - 2023

Marché de 71 milliards F CFA au ministère de la Santé : Cheikh Seck, Secrétaire général de la F2S, invite l’État à éclairer la lanterne des Sénégalais

L’affaire relative à un marché de 71 milliards de francs CFA défraye la chronique. En effet, au ministère de la Santé et de l’Action sociale, cette...