POURQUOI LES ENSEIGNANTS ?
Quel titre est plus honorifique que celui de Monsieur ou Madame, celui ou celle qui fournit des connaissances à l’homme, matière première rentable et élu de Dieu sur terre. Héros hier, caricature aujourd’hui et demain ne serait-il pas réduit à un simple zombie. C’est le triste sort de ces vaillants soldats du savoir, transbahutés dans des conditions qui n’honorent pas sa personnalité vers leurs lieux de service respectifs. Plus aberrant lorsque l’on constate dans ce nouvel état du Sénégal que les biens matériels circulent de manière autrement plus protégée et plus sécurisée que les personnes elles-mêmes. Il leur faut partir à tout prix sans mesurer les conséquences subséquentes. Ce qu’on peut constater sur ce convoiement mal pensé, c’est fondamentalement la réduction du sujet à l’objet, celui ou celle que l’on manipule jusqu’à la déshumanisation. Et c’est justement ce qui s’est finalement produit avec la stigmatisation dont il est victime, et à plusieurs niveaux, il reste confronté à de graves manquements qui affectent négativement son vécu et peut impacter sa carrière. Imaginons-le dans son lieu de service qu’il vive pour la première fois détaché de sa communauté, privé de liens sociaux, affectifs et symboliques qui le situent dans un tissu social solitaire précis. Il se trouve finalement cloîtré dans cet isolement affectif qui lui fait perdre tout lien avec la collectivité à laquelle il appartient. L’addition de tous ces facteurs a comme point d’achèvement la déconstruction de sa personnalité, le discrédit achevé lui dérobant tout épanouissement socio affectif qui constitue un traumatisme qui ne peut aller sans engendrer des difficultés dans l’adaptation psychologique, relationnelle et sociale. Et pour paraphraser KANT, l’enseignant en tant qu’être humain, n’a pas de prix et donc pas d’équivalent et donc possède une dignité. Rien qu’avec cela, il mérite plus de respect.
Amar NIANG