Que faire des 12.5 Mds de la diaspora​?

10 - Avril - 2020

Dans le cadre de FORCE-COVID-19,un Fonds de riposte et de solidarité(FRS) qui sera doté de 1000 Mds de FCA a été créé par le gouvernement du Sénégal pour venir en aide aux entreprises ,aux ménages et à la diaspora. Le projet est louable et ambitieux
Nous saluons hautement le caractère social, économique et symbolique de cette décision
Dans ce cadre donc, le gouvernent a généreusement octroyé une somme de 12.5 Mds de FCA à la diaspora. Cette décision n’est pas un cadeau tombé du Ciel.Au contraire ! L’Etat rend à la communauté immigrée la monnaie de sa piéce.En effet chaque année les émigrés apportent plus 2Md FCA à l’économie du pays. Avec la crise que va provoquer le COVID-19 dans le monde, le manque à gagner sera considérable pour le Sénégal.
Etant de la diaspora, nous nous posons légitimement des question quant à l’utilisation future de cette somme.
Plusieurs pistes se dégagent après réflexion :
-on peut ,pour faire simple, diviser cette somme par le nombre d’immigrés sénégalais qui seront identifiés dans la diaspora. Si on estime que nous sommes officiellement environ 200000,chaque personne recevrait alors un peu prés 63 000 CFA. Ce qui ne représente pas grand-chose quand on connait les besoins qui acculent quotidiennement un immigré.
- cette somme peut être consacrée exclusivement aux immigrés les plus nécessiteux parmi nous Il s’agira en ce moment de confier la gestion des 12.5 à un service des Sénégalais de l’Extérieur au Ministére des Affaires Etrangéres.A chaque fois que des compatriotes se retrouvent en difficultés majeures,une somme sera prélevée sur cette cagnotte pour leur venir en aide. C’est qui semble être le choix du gouverment.Mais il faut prévoir que cette situation a ses limites car la somme s’épuise.
-on peut verser cette somme dans le Fonds d’aide à l’investissement qui existe déjà. Ainsi on viendrait en appui aux projets d’investissement des immigrés.
-les 12.5 Mds peuvent être renvoyés directement au peuple sénégalais en investissant dans le système de santé du pays.
Cette dernière idée nous semble beaucoup plus séduisant que les autres pour diverses raisons.
Le modèle de notre système de santé est basé sur un système horizontal qui donne accès aux soins et aux médicaments à toute la population, de façon équitable.
L’excellence de l’Ecole de Médecine de Dakar est connue et reconnue dans le monde entier. Si nous avons des soignants bien formés et hautement qualifiés il en demeure pas moins que la qualité de nos infrastructures sanitaires laissent à désirer. La médecine est une technique qui utilise la science, donc dépendante pour beaucoup de l’évolution technologique Aujourd’hui les plateaux techniques efficaces pour soigner les patients dépendent des nouvelles technologies. Ces plateaux font énormément défaut dans le pays La crise du COVI-19 révèle qu’il existe un seul centre de tests de dépistage viral ,Institut Pasteur et une seule structure spécialisée dans les traitements viraux, l’hôpital Fann.
L’amélioration de la santé publique est un savant mélange de solutions dont certaines sont proposées dans une étude par Cécile Thiakane , Directrice Marketing Humanbet & Directrice Humanbet for Africa 2021 :
“Premièrement, allouer une part plus conséquente du budget de l’Etat à la santé avec le développement de plus d’infrastructures sanitaires publiques dans la totalité du pays tout en jouant sur leur attractivité. Le personnel de santé, médecins, sages-femmes et infirmiers déplorent l’insuffisance de politique d’accompagnement quand ils sont affectés dans les zones rurales. On sait qu’en brousse, les plateaux techniques sont insuffisants ce qui complique leur travail au quotidien. Deuxièmement, lutter contre les médicaments contrefaits qui inondent encore le marché. Favoriser une médecine alternative pourquoi pas les plantes médicinales et le savoir-faire de certaines méthodes de grand-mère et de tradipratique réglementée pour en tirer le meilleur profit est une voie de progrès.
Troisièmement, faire preuve de plus de justice sociale et d’équité en réglementant mieux les transferts médicalisés en Europe ou dans d’autres pays africains plus avancés que nous sur ces questions. Cela représenterait une réduction des coûts tout en faisant des économies considérables. Ils sont couteux et ne bénéficient pas à l’ensemble des nécessiteux, et ne répondent pas à l’urgence de certaines situations d’extrême urgence. Aujourd’hui force est de constater que seule une classe de privilégiés bénéficie de ce traitement « de faveur ». “
​Dans cette perspective, les 12.5 Mds dédiés aux immigrés peuvent venir en appui au Programme de résilience économique et sociale du gouvernement(PRS).Ainsi cette somme servirait à améliorer les plateaux technique, construire des centre de santé ruraux et y affecter des médecins et des sages-femmes. Dans le monde rural, pour consulter un médecin généraliste, il n’est pas rare de parcourir 60 à 100 Km.Pour un médecin spécialiste il faut compter au moins 150 à 200 Km.
Nous appuyons avec force l’initiative du Programme de résilience économique et sociales prise par le gouvernement. Les immigrés ,à travers leurs structures organisationnelles dans le monde, doivent décider librement de l’utilisation de cette aide du gouvernement. Pour l’intérêt de tous ,immigrés comme sénégalais au pays, c’est injecter les 12.5Mds dans notre système de santé avec une gestion rigoureuse et équitable.12.5 Mds CFA représente peu pour les immigrés mais énormes pour le système de santé quand on sait qu’avec 4 à 5 millions CFA, on peut construire un centre de santé. La générosité et la solidarité sont les valeurs les mieux partagées par les immigrés.
Cheikh Demba Ka
Résident de Paris
Email : kacheikh44@gmail.com

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