RESEAUX SOCIAUX ET LIBERTE DE LA PRESSE : LES DELIRES LIBERTICIDES DE MACKY SALL (PAR SEYBANI SOUGOU)

04 - Mai - 2022

« En dépit des effets de manche, Macky Sall ne dispose d’aucun moyen de censurer internet, et les réseaux sociaux »
Les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) sont devenues la hantise de tous les régimes moribonds, autoritaires et liberticides qui craignent l’émergence de canaux de communication, sans filtre, ni censure. La charge violente de Macky Sall contre les réseaux sociaux est le signe de la fébrilité d’un régime en débandade, saisi par une panique indescriptible, face à une déferlante (INTERNET) dont il n’a aucune prise. Aujourd’hui, les réseaux sociaux (Internet, Facebook, Twitter, Instagram, Youtube, Tik Tok, Whatssap, etc…) offrent des moyens d’expression diversifiés, radicalement différents des canaux traditionnels (télévision, ou presse écrite). La toile est devenue un puissant vecteur d’information et de mobilisation collective. L’un des faits marquants du printemps arabe qui a contribué à la chute de régimes dictatoriaux (Tunisie, ou Egypte…) réside dans l’alchimie, la formidable combinaison des formes de mobilisation (rassemblements et manifestations de masse), et le recours aux technologies modernes de l’information. Lors des soulèvements dans le monde arabe, les réseaux sociaux ont révélé leur extraordinaire capacité à être au service de la liberté individuelle et de l’action collective. Internet a été un véritable catalyseur et a joué un rôle décisif dans le mouvement de contestation populaire qui a conduit à la chute du régime de Ben Ali. En effet, les réseaux sociaux ont permis de coordonner les actions, de recueillir les témoignages, de mobiliser les citoyens, l’opinion publique et la diaspora tunisienne. A l’époque, de nombreux manifestants ont pris des photos via leur téléphone portable, et « twitté » des images en direct, permettant de faire circuler de manière instantanée les informations (par exemple, les lieux à éviter, les zones de rassemblement ou la posture à adopter pour se protéger des gaz lacrymogènes). Malgré la censure des médias, et la surveillance étroite des réseaux sociaux, les forces publiques tunisiennes ont été totalement débordées par les manifestations, d’une ampleur inouïe. Non seulement, Ben Ali n’a pu empêcher l’effondrement de son régime, mais plus encore, il a été contraint de prendre la poudre d’escampette (fuite).

L’article 8 de la Constitution garantit aux citoyens sénégalais, des libertés individuelles fondamentales, des droits économiques et sociaux et des droits collectifs. La liberté d’expression et la liberté de la presse, sont des piliers de la démocratie et ne peuvent faire l’objet d’aucune censure du pouvoir exécutif. Les propos ahurissants de Macky Sall fustigeant le nombre de quotidiens (49) et de sites internet (450) sont injustifiables, inacceptables et extrêmement graves. Ce n’est pas à Macky Sall de déterminer le nombre de journaux ou de sites au Sénégal, encore moins de définir leur contenu ou leur ligne éditoriale. La Constitution ne lui donne aucun pouvoir de censurer ou contrôler le nombre de journaux. La presse sénégalaise est libre et indépendante et s’organise comme elle l’entend, dans le respect de la loi. Qu’il y ait 10 000 journaux ou 60 000 sites internet ; ce n’est pas à Macky d’en juger. C’est aux lecteurs de trancher la question (les journaux ou sites non crédibles mourront d’eux-mêmes).

Dans un atelier d’échange qui s’est tenu du 25 au 27 avril 2022, organisé par l’UNESCO avec les acteurs du système judiciaire, pour renforcer les instruments judiciaires internationaux et régionaux afin de garantir la liberté d’expression et la protection des journalistes le 1er Président de la Cour suprême, Cheikh Tidiane Coulibaly avait employé les mots justes, en ces termes « chaque journaliste tué ou neutralisé par la terreur est un observateur de la condition humaine en moins. Chaque attaque contre un journaliste déforme la réalité en créant un climat de peur et d’autocensure ». En 2011, quand il défiait Wade. Macky Sall magnifiait le rôle des réseaux sociaux : « Il faut une vigie citoyenne qui observe les faits et gestes du pouvoir…. La magie du clic, via les réseaux sociaux, fera face à la toute-puissance du fric et du flic ». 11 ans après, par un retournement spectaculaire, Macky Sall fait le procès des réseaux sociaux, considéré comme la « peste ». C’est le signe que le pouvoir de Macky Sall tire à sa fin. En 2024, pour Macky Sall, l’équation est simple : soit il quitte le pouvoir, soit il est contraint à l’exil et à la déchéance. Ben Ali, CAMPAORE et Hosni Moubarak l’ont appris à leurs dépens.

Seybani SOUGOU – E- mail : sougouparis@yahoo.fr

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